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3 principes d’une entreprise libérée (Partie 4)

Les 15 principes issues de la recherche collaborative sur les entreprises libérées réalisée par Conseil & Recherche ne sont pas des règles à appliquer à la lettre et sont là pour vous aider à comprendre le process de libération et inspirer votre modèle de management.

Pour illustrer les principes d'inspiration, de liberté d'expression et de maturation, j'ai demandé à Christine JutardInternational Leader KIABI de les commenter avec moi.

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Prenez connaissance de ces 3 nouveaux principes dans notre vidéo:

Le principe d'intelligence collective

On fait ensemble, on oublie les statuts, les fiches de postes et les attributions, on fait avec les énergies et les idées, dans la bienveillance, chacun étant là pour aider à une réalisation collective.

«Faire ensemble» paraît simple, pourtant, il est difficile de mettre en place cet écosystème favorable tant nos systèmes sont imprégnés des organisations hiérachico-fonctionnelles. Bien souvent, un comité de direction regroupant moins de 10 personnes va trancher et décider sur un nombre incroyable de points. Il s’agit alors de passer de 10 décideurs à autant de décideurs que vous avez de collaborateurs. Mince affaire!

Ce principe d’intelligence collective est un enjeu primordial de toute démarche de libération. Il est particulièrement important alors que les organisations montrent année après année des signes de faiblesse sur l'engagement des collaborateurs. Les sociologues parlent de personnes en retrait, qui ont appris à s'exécuter pour répondre aux injonctions omniprésentes de l’organisation. 

Le principe d'intelligence collective s’applique alors comme une «mise en conversation de l'entreprise». Il se traduit par un ensemble d'actions permettant de gommer les statuts, les marqueurs de pouvoir, les différences, les autorisations et interdictions, comme d’actions permettant à chacun de prendre la parole sur ce qu’il faut faire, de contribuer, à sa manière, au projet d'entreprise comme à l'organisation du travail qui lui permette de le réaliser.

christine-jutardChristine Jutard, que vous inspire ce principe d'intelligence collective? 

C’est un pilier fondateur des entreprises libérées selon moi. Chez Kiabi, nous avons mené sur les 8 dernières années 2 démarches de Vision. La Vision correspond – chez nous – à un «REVE CO-CONSTRUIT», que nous faisons pour Kiabi pour les 10 prochaines années. 

Rêve: parce que plutôt que d’imaginer ce que les clients et le marché deviendront, nous rêvons de ce à quoi nous voulons servir;

Co-construit: parce que 100% des collaborateurs sont invités à faire ce rêve !

Dans cette co-construction nous faisons le pari de l’intelligence collective parce que chacun est amené à imaginer, rêver à ce qu’il aimerait pour lui, pour ses collègues, pour ses clients. Et chaque idée compte, il n’y a pas de sélection ou validation par la hiérarchie. Il y a juste une émergence des idées ou concepts qui reviennent le plus souvent parce qu'imaginés par le plus grand nombre. 

De ces brainstormings et/ou workshop, individuels puis collectifs, émergent des idées ou concepts forts rêvés par un grand nombre. Ces idées et concepts forment au final les axes clés de la Vision de Kiabi. 

Ce processus d’intelligence collective est très fort parce que d’une part de très nombreuses idées émergent, d’autre part parce que ces idées donnent une confiance plus forte au collectif et enfin il est très engageant et motivant puisque chacun a très envie de mettre en œuvre ses idées ou rêves.

Le principe d'apprentissage

Voilà un chouette principe, «learning by doing», on apprend en pratiquant, on réfléchit en faisant.

Comment apprendre en dépassant les logiques formatives? Apprendre, c'est aussi ce processus qui commence par «je me suis trompé», qui passe par «j'ai compris» et qui arrive à «j'ai fièrement réussi»! Il faut se tromper le plus souvent et le plus tôt possible! Vous l'aurez compris, les entreprises libérées mettent à l'épreuve la logique itérative: on essaye, on se trompe, on apprend, on ré-essaye quelque chose, cela dans un process permanent: c'est en mettant en pratique que l'on va apprendre et comprendre ce qu'il faut faire à tous les niveaux de l'entreprise. C'est en essayant des choses encore et toujours. 

Il y a donc derrière ce principe d'apprentissage une valeur tout à fait intéressante: l'humilité! Les entreprises que nous avons rencontrées qui «se libèrent sans le dire» ont adopté le profil bas. C'est aussi parce que cette logique d'essais/erreurs est fragile qu’elles s’écartent parfois de la dénomination d'entreprise libérée: lorsque l'on teste un mode de fonctionnement innovant, qui plus est lorsque l’on est une grande entreprise, on attire très vite le regard extérieur. Et si journalistes et consultants aiment rependre une bonne pratique constatée ici, ces entreprises savent que le retour en arrière est possible et fait aussi partie de la donne sans qu’il ne soit un échec. Principe de prudence: pour vivre heureux, vivons cachés! Ne communiquons pas trop sur les innovations en terme de fonctionnement, apprenons de nos erreurs sans en faire un sujet. Et en interne, personne n'est pris au dépourvu, le droit à l'erreur est fondamental, tout comme le devoir d'essayer des choses est encouragé! Parfois on réussi, parfois en apprend… 

Christine Jutard, comment ce principe d'apprentissage s'illustre chez Kiabi? 

Il y a 3 ans, nous avons lancé des organisations/communautés par enjeu que nous avons appelés ZCV pour Zone de Création de Valeur. Nous avons par exemple créé une ZCV marque, une ZCV Innovation/transformation ou encore une ZCV International. Le principe était de créer une communauté autour de chaque enjeu afin d’en faire des priorités de réflexions et d’actions pour toute l’entreprise. Sur ce principe d’apprentissage, chaque leader de ZCV a choisi de créer, lancer et faire vivre sa ZCV à sa manière et se faisant, de tester, d’apprendre quelle était la meilleure méthode, posture, organisation pour son enjeu et sa communauté.

On peut dire aujourd’hui que ce fonctionnement par enjeu transverse et résilient est une vraie réussite. Et pourtant chaque groupe l’a conduit à sa manière, avec ses propres apprentissages. Je dirais que ce principe d’apprentissage repose sur celui de:

  • l'innovation: oser imaginer nouveau et disruptif
  • l'expérimentation, avec une logique de maçon-architecte: je commence par faire (et peu penser), j’en tire des enseignements, des méthodes, des outils et au fur et à mesure, je cale, recale, améliore, change. «Learning by Doing»!

 

Ces formes d’apprentissage permettent d’aller vite «dans le faire», de ne pas se tromper longtemps et d’ancrer la confiance puisque chaque collaborateur / chaque communauté se sent davantage en mode agile qu’en situation d’échec lorsqu'il/elle doit recaler son projet.

Le principe de capitalisation

Une clé pour les grandes entreprises en chemin?

Dès lors que l'on donne aux managers l'activité première d'être au service des équipes et des individus, on donne ses lettres de noblesse aux pratiques de capitalisation des initiatives et des connaissances. Les leaders des entreprises libérées en ont fait une activité quotidienne. 

Là ou l'on a décentralisé les décisions et responsabilisé tous les niveaux de l'organisation en leur offrant plus de marges de manœuvre, on a réinventé la posture managériale autour de la fertilisation des initiatives. Et c'est bien une particularité de la logique de dé-standardisation des entreprises libérées. Fini les «pilotes» et autres «tests» déchargeant leur lot de standards et bonnes pratiques à appliquer uniformément sur toute l'entreprise. Place aux logiques de capitalisation qui nourrissent l'inspiration en laissant la place essentielle aux adaptations locales voir même au non déploiement d'une logique qui serait moins pertinente dans un autre contexte que celui de l'expérimentation. Laisser place à la diversité des situations et donc des fonctionnements vous effraie? Lâchez-prise sur le standard et maîtrisez ce risque en développant vos pratiques de capitalisation! 

Christine, chez Kiabi, le principe de capitalisation existe-t-il?

Nous avons décidé il y a 2 ans d’accélérer en ouvrant plus de magasins dans nos pays existants et plus de pays. Nous voulions aller vite et en même temps les démarches d’étude de pays nous étaient inconnues puisque nous n’avions plus ouverts de pays depuis 5 ans.

Nous avons choisi de lancer 5 études pays en parallèle et afin d’aller vite, efficacement et de s’adapter à chaque pays, nous avons monté une équipe «étude» par pays en s’appuyant sur le volontariat de participation. Plutôt que de définir une méthodologie commune pour les études, chaque équipe a avancé avec sa méthode et nous nous invitions, en croisé, à chaque réunion de pilotage afin de pouvoir prendre les uns chez les autres ce qui nous semblaient pertinents dans les méthodologies/postures/réflexions, «ça marche» / «ça ne marche pas» des autres groupes.

Cette capitalisation «itérative» est extrêmement créatrice de valeur parce que qu’elle repose sur l’intelligence collective de chaque groupe mais également l’appropriation individuelle. Nous avons pu ainsi mener, sans équipe supplémentaire, sans faire appel à des cabinets et avec des petits budgets les 5 études de front, ouvrir 2 pays en 18 mois et lancer les 3 autres en préparation d’ouverture. 

Chez Kiabi, la capitalisation se situe quelque part entre aucune industrialisation et pourquoi réinventer ou passer à côté des bonnes idées des autres. 

bertrand-dalle

 

Bertrand Dalle est le fondateur de Conseil & recherche et larecherchecollaborative.com.

 

 

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