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5 questions à Ludovic Meynadier, responsable internet des Editions Lavoisier

FW: Bonjour Ludovic Meynadier, vous êtes le responsable internet des Editions Lavoisier, comment un éditeur B2B intègre t il internet dans sa stratégie de développement?

Ludovic Meynadier: Tout d’abord, une petite précision : notre département éditions n’est que l’un des quatre départements opérationnels de Lavoisier.

Ce département est constitué de deux pôles : un pour les ouvrages, l’autre pour les revues, chacun sous la responsabilité d’un directeur éditorial. Cette activité est la seule à conserver de manière marquée la spécialisation originelle de Lavoisier, à savoir les sciences et techniques.

L’activité historique de Lavoisier est la librairie. À ce titre, son tout premier site Internet à avoir vu le jour en mai 1995 est une librairie en ligne. C’est d’ailleurs toujours ce site qui dans sa version actuelle capte plus de 90% de nos visiteurs en volume.

Les deux derniers départements sont notre agence d’abonnements et notre distributeur d’informations électroniques Datec.

Le tout forme un ensemble cohérent pour la vente de toute information dont peut avoir besoin un client dans son activité professionnelle, quelque soit son domaine d’activité.

Comme chaque département à ses spécificités aussi bien en terme de produits que de cibles, la stratégie de développement en ligne est bien évidemment différente pour chaque entité. Bien entendu, nous sommes très attentif à conserver notre image de marque dans notre approche e-marketing, image indissociable notre clientèle b2b.

C’est d’ailleurs cette variété de situations qui fait tout le sel de mon poste.

– La stratégie de la Librairie Lavoisier est une stratégie de croissance.

Petit inventaire à la Prévert : fidéliser ses clients, conquérir de nouveaux clients, enrichir son catalogue d’ouvrages, augmenter sa visibilité sur Internet, proposer de nouveaux services, nouer des partenariats, etc… À l’image de celle de tout e-commerçant qui se respecte.

– La stratégie de Lavoisier Abonnements est une stratégie de service.

Elle est intimement liée à son extranet gael (pour Gestion des Abonnements En Ligne). Gael est en fait de la version « webisé » de notre progiciel de gestion des abonnements. Sa maintenance au quotidien est d’ailleurs assurée par notre informatique de gestion.

Comme il s’agit d’une activité de service, notre letmotiv est toujours plus de services pour fidéliser nos clients et en gagner de nouveaux dans un secteur concurrentiel féroce et à faibles marges.
Bien sûr, nous avons vécu ces dernières années la mutation des abonnements du papier vers l’électronique. Cependant l’impact de ce changement est faible comparativement à l’édition.

– La stratégie des Éditions Lavoisier est une stratégie d’accompagnement.

Elle est intimement liée au passage du papier au numérique. Nous avons décidé de mettre en place cette stratégie d’accompagnement des mutations en cours, dès les balbutiements du numérique. Nous avons ainsi accumulé une expérience irremplaçable de ce segment de marché. L’idée sous-jacente est de pouvoir mettre en ligne de nouveaux produits, ou d’adapter notre offre au fur et à mesure de l’évolution et de la croissance du marché, et cela dans des délais très courts.
Ainsi, j’ai supervisé la mise en ligne de nos premiers e-books (en partenariat avec Numilog) dès 2001, ou conçu notre portail de revues numérique, dont la première tranche a été livrée en 2002.

– La stratégie de Datec est une stratégie de conquête et de connaissance.

Autrement dit, il s’agit d’augmenter la visibilité de la marque pour mieux la faire connaître, et de vulgariser son offre de produit auprès des professionnels, toujours dans le but de capter de nouveaux prospects. Leur conversion en clients se joue « off line » : la majorité de l’équipe est composée de commerciaux. De fait, l’articulation entre les campagnes marketing « on » et « off line » est très importante, et nous demande des trésors d’imagination en terme de « tracking ».

FW: Quels sont les principaux chiffres clefs des Editions Lavoisier?

Ludovic Meynadier: Lavoisier est une société de 120 personnes qui réalise un chiffre d’affaire d’environ 30 ME. 50% du CA est réalisé par l’agence abonnements, la librairie et l’édition font 20% chacune et Datec réalise les 10% restants.

Un tiers du chiffre d’affaire de la librairie est réalisé directement en ligne, mais la majorité des commandes s’appuient sur le contenu de notre catalogue en ligne et des services associés (newsletter…).
Notre catalogue en ligne comprend près de 1,5 millions de références. À ce jour, moins de 1% sont des e-books mais leur proportion augmente chaque jour.

700 000 pages sont vues chaque mois sur notre site Internet. C’est 40% de mieux qu’il y a un an, mais c’est moitié moins qu’avant la crise de 2008. Ce n’est guère étonnant car notre activité est directement liée à la santé économique de nos clients. Comme ces derniers ont des secteurs d’activité très variés, nous avons certes accusé le coup mais pas de manière aussi brutale que dans certains secteurs.

40% du chiffre d’affaire de l’agence d’abonnements passe par gael. La progression entre 2008 et 2009 de la part du CA en ligne est de 30%. Cette progression est à peu près constante depuis plusieurs années. Elle démontre le bien-fondé de notre stratégie orientée services en ligne, puisque de plus en plus de nos clients adoptent l’outil, au fur et à mesure de son évolution.

FW: Comment est organisée la gestion du site?

Ludovic Meynadier: Le service Web de Lavoisier comprend 5 personnes. La polyvalence est de mise, même si chaque personne a ses spécialités (documentaliste, développeur, etc.). L’activité se répartie entre l’animation, l’enrichissement et la maintenance de nos sites Internet, la définition et la mise en oeuvre de nouveaux projets, certains développements informatiques, et le support technique à nos clients.

La veille au sein du service est aussi très importante . Chacun apporte au pot commun ses trouvailles ou ses réflexions. Bien que nous sommes peu nombreux, il y a des personnes d’âge et de sensibilité très différentes. Cela se fait de façon très informelle pour éviter justement de perdre cette diversité. Je me sers de ces pistes pour rester « pro-actif » vis-à-vis des directions opérationnelles, ou essayer de faire émerger des tendances à moyen terme aussi bien coté produits que solutions techniques.

L’interaction au quotidien est particulièrement forte avec le service communication/promotion et notre informatique de gestion. Les échanges avec les différents départements opérationnels sont également très nombreux. Ils sont plus cycliques car liés à leur rythme d’activité ou l’avancement de certains projets.

Nous faisons appel à des prestataires extérieurs soit pour le développement de bout en bout d’un site Internet, soit pour une expertise ponctuelle sur un sujet pointu et/ou urgent. Nous travaillons en particulier avec des sociétés de service tels que WaW, Smile, ou Adone conseil.
J’ai toujours privilégié la méthode Agile (qui ne s’appelait pas encore comme ça à mes débuts ). D’expérience, le sur-coût coté prestataire par rapport au chiffrage initial est infime. Bien sûr, cela implique que le prestataire est fait une estimation correcte par rapport à notre cahier des charges.

En contre-partie, il faut être particulièrement disponible pour suivre les développements au jour le jour, et répondre rapidement aux questions liées aux problématiques métiers. Le sur-coût est donc interne, mais c’est du temps qui serait de toute façon pris lors de la recette par une approche « classique ». La mise en production se fait donc dans les jours qui suivent la livraison initiale.

Un gros projet chez nous dure en terme de développement de 3 à 6 mois. Par exemple, 75 jours.homme pour la 4e version du site lavoisier.fr lancé en septembre 2000, ou 200 jours.homme pour le développement initial de la 2e version du site gael lancé en octobre 2006, plus 10 jours de formation pour une reprise des développements en interne.

Comme le budget du service Web n’est pas extensible, nous découpons certains projets en lot livrés d’une année sur l’autre. Par exemple, le site revuesonline.com a été livré en 3 lots de 2002 à 2004. Le premier comprend toute la partie CMS et le système de pay-per-view. Le second, la gestion des abonnements. Le dernier, les abonnements multi-utilisateurs et l’interface avec le logiciel de DRM.

Nous cantonnons l’offshore à d’autres prestations que les développements informatiques. Les
diverses expériences passées se sont révélées décevantes en terme de coût global ou de qualité, voire les deux.

Coté machinerie, la majorité de nos serveurs tournent sous Debian et Ubuntu Linux, avec Apache et Postgresql. Les langages de programmations dominants sur nos sites Internet sont le Perl et le Java. Nous avons aussi un peu de C et de PHP, et depuis peu du Ruby.

Le référencement est géré en interne car nous avons une expertise suffisante pour nos besoins. Quand nous avons travaillé en 2001 sur la longue traîne (terme inventé en 2004 ) avec notre prestataire, à l’époque presque tous les référenceurs ne juraient que par les mots-clefs. Aucun ne songeait à utiliser le potentiel énorme que représente un catalogue de produits quotidiennement mis à jour. Quand j’en ai parlé au commercial (devenu depuis le gérant de 123 position), il était arrivé à la même conclusion. Ce que faisait d’ailleurs déjà un certain Amazon…

Pour la gestion de la publicité en ligne, nous faisons également appel aux compétences disponibles dans l’une de nos filiales. Il s’agit d’une start-up spécialisée dans l’actualité médicale que nous avons racheté en 2007 : son ancien modèle économique était lié… à la publicité en ligne.

Coté hébergeur, nos serveurs sont depuis un peu plus de 3 ans chez Altitude Télécom. Je suis très exigeant sur le SLA comme sur les performances des machines et des réseaux. Compte tenu de leur excellent rapport qualité/prix, ils ont remporté mon dernier appel d’offres, et je viens de signer de nouveau avec eux pour 3 ans.

FW: Quelle est l’approche des Editions Lavoisier en matière de réseaux et media sociaux?

Ludovic Meynadier: Elle est à l’image de l’usage qu’en font nos clients dans leur vie professionnelle, c’est-à-dire encore balbutiante. Mais c’est en train de changer.

Seul Datec en tant que marque, est présent depuis l’année dernière sur les principaux réseaux sociaux. C’est d’ailleurs le reflet de la stratégie de développement précédemment évoquée et impulsée par son nouveau directeur.

Toujours dans l’esprit communautaire du Web 2.0, Lavoisier Éditions pourrait mettre en place prochainement une plate-forme communautaire pour nos cibles principales : les libraires, les auteurs, et les journalistes. L’analyse des besoins a fait ressortir l’intérêt de proposer un espace de type dans le cadre d’un projet de refonte des sites de nos différentes marques éditoriales.

Nous faisons partie des défricheurs des technologies émergentes : par exemple, Internet en 1995 comme nouveau canal de vente ou les livres numériques en 2001 comme nouveau produit que j’ai déjà cité. D’un point de vue B2B, on peut également évoquer les places de marché et l’e-procurement.

Pourtant, nous sommes un peu plus circonspect dans l’adoption de nouvelles technologies sur nos sites Internet ou pour la promotion de nos produits.Par exemple, Second Life ne m’a jamais convaincu (peut être pour avoir goûté aux MMPORG au préalable), et d’ailleurs on n’en parle plus guère.

Bien sûr, il y a toujours la question du retour sur investissement qui rentre en ligne de compte. Mais il s’agit surtout de répondre aux attentes de nos clients, et de ne pas les laisser de coté parce qu’ils ne sont pas équipés du dernier cri ou formés à la dernière technologie montante.

FW: Enfin, quels sont les principaux projets des Editions Lavoisier sur Internet en 2010?

Ludovic Meynadier: Pleins

Tout d’abord, il y a le lancement de notre nouvel ERP qui va remplacer notre bon vieux progiciel en Cobol.
Dans une premier temps, nous allons bien évidemment devoir reprendre nos interfaces (ou serveurs d’applications). Dans un second temps, nous allons pouvoir ajouter de nombreuses fonctionnalités à nos sites en s’appuyant sur le nouvel ERP. Je pense en particulier au développement d’une stratégie multi-canal ambitieuse dont je suis un fervent zélateur.

Ensuite, comme je l’ai évoqué tout à l’heure, il y a la refonte de nos sites d’édition pour le pôle ouvrages.
Celle-ci s’inscrit de la rationalisation de nos sites Internet sur une plate-forme logicielle commune développée au sein du service Web. Le premier site à s’appuyer sur cette plate-forme est celui de notre filiale médicale EMinter, mis en production en juin 2008. En effet, nous avons des sites d’éditions aux technologies très hétérogènes, liés à la croissance externe de notre activité : le dernier rachat en date est celui de Flammarion Médecine Sciences en juin 2009.

Toujours pour Lavoisier Éditions, nous avons un projet de portails thématiques pour un accès numérique sous forme d’abonnement à notre fonds éditorial par grands domaines d’activité. Le pilote est en cours de recette.

Notre directeur éditorial souhaite tester une nouvelle offre à destination de notre public étudiant. Il s’agit d’un ouvrage accompagné d’un accès en ligne à un support de cours interactif. J’ai justement été contacté récemment par une société qui propose un produit qui cadre parfaitement avec cette offre. Nous sommes actuellement à la phase d’étude préliminaire, il ne serait donc pas raisonnable d’en dire plus ici.

Nous comptons également lancé un nouveau support numérique pour diversifier notre offre d’e-books. L’un de nos clients à accepter de tester ce nouveau service. Ce test va démarrer dans les jours qui viennent. Comme il s’agit d’une nouvelle approche, nous attendons beaucoup de ce premier retour d’expérience.

Cela fait déjà pas mal de chose à nous mettre sous la dent pour les mois qui viennent. Coté externalisation, nous allons certainement sous-traiter une partie de l’intégration de notre logiciel de DRM (qui se présente sous forme de « Web services »), ou l’interface de la Librairie Lavoisier avec le système de gestion des achats de certains de nos clients grand compte. Cela ne saute pas forcément aux yeux au premier abord, mais Lavoisier est déjà dans le « Cloud » !

Dans un autre ordre d’idée, je compte pousser à l’adoption du langage Ruby au sein de mon service, lorsque cela s’avère opportun. Je me suis mis dessus il y a un an pour voir de quoi il retournait vraiment. J’avoue être conquis. L’intérêt pour moi est double. Je vois un gain de productivité important pour de nombreux développements à venir. De plus, je trouve que c’est un excellent langage passerelle avec notre système d’information (qui a dit JRuby ? ).

Je pourrais continuer longtemps mais j’ai évoqué les lignes les plus saillantes de l’avenir à court terme de nos offres en ligne. J’espère ne pas avoir été trop long. Cela me paraît essentiel pour expliquer et faire ressortir au mieux l’activité foisonnante de Lavoisier. Le but est bien entendu de conserver notre place d’acteur incontournable de l’information pour les professionnels, et même de leader dans plusieurs domaines.

Merci Ludovic, vous pouvez retrouver les Editions Lavoisier: http://www.lavoisier.fr

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