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Comment a-t-on pu en arriver là, Monsieur le Président ?

Quelques jours après leur condamnation, les co fondateurs de Heetch interpellent avec justesse et hauteur le Président de la République. Un texte publié sur Medium à lire.:

"Monsieur le Président de la République,

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Ce quinquennat aura été particulièrement difficile. Les multiples attaques terroristes sur notre sol national, la crise grecque et votre engagement sur plusieurs fronts internationaux, le Brexit, la montée douce mais sûre des extrêmes…

Aussi, à côté de toutes ces urgences menaçant notre démocratie, il est évident que l’utilité et la survie de Heetch, start-up enfantée pendant votre quinquennat, fait figure de boutade ne méritant pas qu’on s’y arrête.

Et pourtant…

A l’époque, permettre aux jeunes de partager la nuit des trajets en voiture, ça nous semblait une bonne idée. Surtout que le service, utilisé majoritairement le week-end par les jeunes de banlieue pour se rendre dans les lieux de fête, permettait d’améliorer leur sécurité, ceux-ci n’ayant pas accès aux offres professionnelles.

Et puis l’économie du partage, à l’époque, c’était dans l’air du temps. La France s’enorgueillissait d’avoir vu naître le « gentil » Blablacar, un des leaders mondiaux de cette nouvelle économie, contribuant au sauvetage de la planète en limitant le nombre de voitures sur nos routes. Partager sa voiture et ses frais, c’était bien vu et ça permettait de « mettre un peu de beurre dans l’assiette de Popeye », comme on dit chez nous.

Malheureusement, face à la fronde des taxis revendiquant une clientèle jeune qu’ils refusent bien souvent de transporter la nuit, la justice a tranché : Heetch est un « méchant » et les jeunes qui l’ont créé font honte à la France.

Pourtant, conduire sur Heetch n’est pas un emploi. Nos conducteurs peuvent uniquement amortir une partie des frais annuels de leur voiture. En moyenne, ils perçoivent 1 750 € par an, soit moins de 35 € par semaine. Du beurre on vous dit. Quoi que celui-ci semble rance aux yeux de la justice…

L’ironie dans tout ça, c’est que votre administration, afin d’expliquer l’exonération fiscale et sociale dont bénéficie le covoiturage, a récemment pris l’exemple d’un parisien qui s’y adonnerait en se rendant le week-end dans sa résidence secondaire à Rennes. A raison de 136 € par trajet qu’il est en droit de demander à ses passagers, soit 272 € par semaine, on comprend qu’il est totalement légal de toucher plus de 14 000 € par an sans aucune déclaration fiscale et sans que cela fasse sourciller les taxis ou la sncf ! Ça fait tout de même un sacré stock d’épinards sous couvert de partage de frais ! #YOLO

Alors comment a-t-on pu en arriver là, Monsieur le Président ? C’est malheureusement simple : votre gouvernement a eu peur ! Peur d’Uber, Monsieur le Président, voire du Beur, mais celui de banlieue, pas vraiment celui des épinards…

Le conflit taxi — VTC a été violent, c’est sûr. L’arrivée de ruptures technologiques sur un marché qui a très peu évolué ces 50 dernières années engendre des réactions épidermiques, voire révolutionnaires façon barricades et pneus brûlés. Du haut de notre petite start-up, nous avons été embarqués, bien malgré nous, dans ce tourbillon, et même si nous avons toujours essayé de construire un dialogue et de proposer des solutions, nous n’avons pas réussi à aider qui que ce soit et à régler quoi que ce soit. A regret.

Cependant, même si le Président Queuille estimait « qu’il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout », nous attendions un peu plus de courage de la part de votre gouvernement pour comprendre les besoins insatisfaits des jeunes d’aujourd’hui, les aider à faire leurs propres expériences en sortant et en rencontrant des jeunes d’autres horizons, leur permettre de sortir de leur banlieue et d’y revenir en toute sécurité.

Heetch, startup française de l’économie du partage, ouvert dans 5 pays, avec plus d’un demi-million de trajets par mois et 60 employés, n’a jamais été reçu par votre cabinet ou celui de votre Premier Ministre. Les deux courriers que nous vous avons adressés personnellement, Monsieur le Président, sont restés lettres mortes.

Quand on vous dit que la peur ça tétanise.

Pourtant, les solutions existent. En juin dernier, la Commission Européenne a encouragé le développement de l’économie du partage en recommandant à ses Etats membres de distinguer clairement et simplement professionnels et amateurs au moyen de seuils annuels, notamment pour le secteur bien spécifique de la mobilité partagée.

Entre nous, Monsieur le Président, ils n’ont pas eu peur les types de la Commission ! Peut-être ont-ils compris que l’avenir de la mobilité en dépendait. Ou bien peut-être ont-ils compris que, par les temps qui courent, le partage social doit être encouragé, et permettre à des jeunes de banlieues différentes de partager un moment convivial est finalement une chance à préserver.

La condamnation de Heetch ne change rien : il est urgent de reconnaître l’intérêt de l’économie du partage !

Certains pays, comme la Belgique, l’ont déjà fait et nous suggérons d’y regarder de plus près :

  • En permettant à chaque particulier de percevoir jusqu’à 5 000 € par an, toutes plateformes d’économie du partage confondues, sans être considéré comme un professionnel, y compris sur le secteur de la mobilité.
  • En créant un cadre fiscal et social adapté à cette économie entre particuliers, géré par les plateformes afin de conserver les principes de simplicité pour les utilisateurs qui ont fait le succès de l’économie du partage.

Monsieur le Président de la République, nous espérons que vous nous pardonnerez cette lettre un peu osée, d’autant qu’en toute franchise, ce sont désormais plus les postulants au futur mandat présidentiel que nous souhaitons interpeller.

Ecouter la jeunesse est une urgence, désenclaver nos banlieues est une nécessité impérieuse, réfléchir à l’aune des nouveaux usages sans corporatisme béat est la clé de la compétitivité de notre pays, pour peu que nous souhaitions encore compter demain.

Nous n’avons ni peur ni rancune. Heetch est une magnifique expérience, et nous sommes très heureux de contribuer, un peu malgré nous, aux réflexions concernant l’évolution de l’économie du partage, du numérique et de notre société.

Nous espérons avoir été à la hauteur et continuer à l’être dans ce projet ou les prochains.

La vie est une fête. Des bisous.

Aylic, Mathieu et Teddy, cofondateurs Heetch"

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