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[Internet des objets] Répandre ses données personnelles, la nouvelle tendance?

Ultra-polémique en France, la gestion des données personnelles sur internet s’inscrit au coeur d’un véritable paradoxe. Très vigilants quant à la confidentialité de leur vie privée sur les réseaux sociaux, quelques utilisateurs se montrent pourtant totalement accros aux propres datas qu’ils génèrent, n’hésitant pas à les partager volontairement, cette fois-ci, sur le web. Baptisée quantified self, cette nouvelle tendance bat son plein aux Etats-Unis, portée par le boom de l’Internet des objets. Le virus commence seulement à se propager en France. Décryptage.

D’après une étude menée par l’agence ETO, près de 90% des internautes français sont contre le fait que Facebook utilise des informations personnelles pour cibler des publicités… Un chiffre qui rejoint de nombreuses études, pointant du doigt la grande frilosité des Français vis-à-vis du sort réservé à leurs données sur Internet. La Cnil indiquait par exemple que 65% des possesseurs de smartphones estimaient que leurs données personnelles n’étaient pas bien protégées.

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Paradoxalement et parallèlement à ces chiffres, le boom du quantified self, que l’on peut traduire par la métrique de soi, prend de plus en plus d’ampleur. Le mouvement n’est pourtant pas nouveau. Lancée en 2007 par deux éditeurs du magazine Wired, Gary Wolf et Kevin Kelly, cette tendance consiste à mesurer ses données personnelles, à les analyser et à les partager. « De nouvelles pratiques rendues possibles grâce la démocratisation des smartphones mais également par la miniaturisation des capteurs mobiles », explique Emmanuel Gadenne, auteur du « Guide pratique du Quantified Self ».

L’obsession du chiffre au quotidien

En France, la start-up Withings se présente comme un pionnier en la matière. Imaginée par Cédric Hutchings, la jeune pousse a commercialisé dès 2009 une balance connectée en Wifi. Directement reliée à une application dédiée, cette balance nouvelle génération fournit aux utilisateurs des informations sur leur poids mais également la composition de leur masse corporelle. Les adeptes peuvent donc suivre des objectifs, et gérer leurs évolutions à l’aide de graphiques et recevoir différents services de coaching.

Aux Etats-Unis, le podomètre FitBit et son application dédiée font un véritable carton et permettent aux internautes de créer une infographie de leur propre vie. Au total, près de 500 000 exemplaires se seraient déjà écoulés à travers le monde, dont la France. Fort de ce succès, l’enseigne Décathlon vient tout juste de lancer un gadget similaire à l’approche des fêtes de Noël. Baptisé Ondaily, le nouveau produit s’inscrit dans la gamme Géonaute du magasin. Commercialisé près de 45 €, le capteur vise également à valoriser les efforts au quotidien.

Dans le même esprit, on retrouve aussi l’application Lift, imaginée par les fondateurs de Twitter, Tony Stubblebine et Jon Crosby. Ayant pour objectif de « repousser les limites du potentiel humain », l’application vise à permettre à ses utilisateurs d’atteindre beaucoup plus facilement divers objectifs, étape par étape, via notamment le soutien de la communauté. Ces progressions s’effectueraient également grâce à « la puissance des habitudes », en les contrôlant et les mesurant.

Directement concerné, le secteur de running a vu se développer une multitude d’applications. Parmi elles, on retrouve notamment l’application Nike + reliée au bracelet FuelBand, qui fédère actuellement des millions d’utilisateurs autour du footing. Au menu également, l’application Runkeeper ou encore une déclinaison de services dédiés à la fitness, développés par la start-up Runtastic.

Toujours en matière de sport, les activités sexuelles n’ont pas été épargnées par cette obsession du chiffre. L’application SexTrack permettrait en effet d’analyser les performances sexuelles des utilisateurs. Testée par la start-up Merci Alfred, l’iPhone « mouchard » placé sous le matelas enregistrerait les vibrations grâce à son accéléromètre. Durée, fréquence… L’application offre la possibilité de visualiser toutes ses prouesses depuis différents graphiques. Comme la plupart des applications de quantified self, SexTrack, commercialisée 1,79 €, permet également de comparer ses résultats avec les autres utilisateurs du monde entier…

Côté food, on retrouve par exemple l’application The Eatery ou encore Foodzy qui prône le slogan « You are what your eat ».

Autre pan du quotidien concerné par le quantified self : le sommeil. Encore une fois, l’utilisateur dispose d’un choix parmi différentes offres, dont l’application SleepBot Tracker qui analyse la qualité des nuits. Une fois lancée, l’application bascule votre smartphone automatiquement en mode avion. Sleep Bot Tracker calcule ensuite votre déficit de sommeil, et le nombre d’heures idéal pour votre repos. Toutes ces données sont ensuite visualisables depuis un graphique. Les applications isommeil ou Sleep as Android proposent des services similaires.

Dernier exemple en date avec la brosse à dent Beam Brush. Equipée d’une connectivité Bluetooth et d’une application mobile dédiée, elle possède également des capteurs qui récoltent des informations sur votre hygiène bucco-dentaire. La Bean Brush récompense votre assiduité de brossage en vous attribuant des « bons points » convertibles en promotions.

De la gamification à l’automotivation

Malgré le nombre d’offres grandissant, il est encore difficile de savoir combien de Français exactement s’adonnent à ce genre d’activité. « La frontière de la pratique du quantified self est très difficile à délimiter », explique Olivier Desbiey de la Cnil.

Les observations montrent néanmoins que les adeptes du quantified self tendent particulièrement à partager leurs données. Celles-ci sont effectivement, pour la plupart, positives… D’où une très forte dimension de fierté.

En partageant leurs informations, les utilisateurs cherchent également, et peut être inconsciemment, à augmenter la pression sur eux pour respecter davantage leurs objectifs. « C’est un peu la même démarche que lorsqu’un fumeur arrête de fumer. Il tend à partager l’information autour de lui », explique Olivier Desbiey.

Le côté ludique des applications, toutes dotées d’une forte dimension de gamification, est également très important. « Les utilisateurs se prennent très vite au jeu », raconte Emmanuel Gardenne. Au risque parfois de « soûler leurs amis » à force de publier… Un cas qui pourrait notamment concerner les datasexuels : extension numérique des métrosexuels, qui accordent énormément d’importance, non pas à leur apparence, mais à leurs données.

L’idée serait donc de partager seulement les enseignements issus de ces performances et non chaque information. En effet, d’après Olivier Desbiey, « les adeptes peuvent tirer une valeur immédiate de cet usage en recoupant leurs propres données » Ces pratiques reposeraient ainsi sur une philosophie, qui consiste à mieux se connaître pour mener une vie plus saine.

Les limites du quantified self

Autant de facteurs qui poussent donc les mobinautes à partager très facilement des informations clefs de leur quotidien. Une habitude qui présente toutefois certaines limites.

Les données partagées peuvent effectivement paraître particulièrement sensibles dans le sens où la frontière entre le domaine du bien-être et de la santé reste très floue. Par ailleurs, il existe une asymétrie entre ce que les personnes pensent avoir partagé et la lecture de ces données. Autre problématique : qui va lire ces informations ? « On peut imaginer par exemple que ces données soient lues par des employeurs ou des assureurs » ajoute Olivier Desbiey.

Compte tenu de ces risques, la Cnil préconise différentes recommandations : utiliser un pseudonyme, ne pas automatiser le partage des informations, privilégier un cercle de confiance et, enfin, penser à récupérer ses données après s’être désinscrit du service.

Une batterie de conseils à prendre d’autant plus au sérieux face à l’avènement de l’internet des objets, qui pourrait venir démultiplier la collecte et le partage de ces données…

En résumé, la question est donc de déterminer jusqu’où peut-on compter sur soi…

A lire également notre dossier sur l’Internet des objets

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3 commentaires

  1. Bonjour Juliette ! Merci pour la mention ! Les personnes qui partagent leur poids ou leur tension sur les réseaux sociaux le font pour diverses raisons. Au delà des « datasexuels », il y a aussi ceux qui se sont engagés dans un changement de vie et qui cherchent du soutien auprès leurs amis (perdre du poids, pratiquer une activité physique). En partageant ce genre d’informations, ils s’empêchent de ‘tricher’ en même temps qu’ils permettent à leurs amis de les féliciter pour leurs efforts.

  2. Article intéressant soulevant la montée de cette nouvelle mode qu’est le partage des informations personnelles.

    Oui, l’internet des objets y contribue mais il serait trop simple de mettre la responsabilité sur les objets connectés.

    C’est avant tout un comportement responsable qui doit être adopté par les consommateurs.

    Il n’y a rien de plus dangereux que l’hyperprofilage!

    Suivez les conseils de la CNIL :)

  3. Dans les stats, il faut compter les gens qui font du Quantified Self sans le savoir.
    Ceux qui ont des montres cardio style Polar reliés à leurs PC. Qui mesurent leurs tensions, leurs poids, leurs alimentations, leurs programmes d’entrainement en jogging, leurs parcours GPS, etc…..

    Les données sont enregistrés sur PC , sur tableurs ou sur des applications Internet sans forcément les rendre tout public.
    Ceux là font du Quantified Self sans le savoir.
    des crypto quantified self :)
    Ainsi dans des magasins de sports genre Décathlon, Go Sport, il y a des rayons qui s’ignorent :)

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