Michel de Guilhermier

Entrepreneurs, Plantez-vous, Mais ne Végétez Pas !

Hier, je rencontrais un jeune entrepreneur : il s'est lancé il y a quelques mois, a essayé, et viens de jeter l'éponge. Je lui ai dit qu'il avait raison, les conditions de marché, la concurrence présente et l'impossibilité pour lui à faire une différence (pour plusieurs raisons) et percer sur ce marché rendait la démarche de toute façon vaine.

Toute entreprise demande ces 2 ingrédients pour se développer, du temps et de l'argent, il y a donc 2 metrics à considérer le Retour sur Capital Investi et le Retour sur Temps Investi !

A y penser, il y a pire que perdre son argent, c'est perdre son temps, car ce dernier est finalement bien plus rare que le premier ! On peut lever et relever de l'argent, mais on ne peut pas revenir sur des années perdues et la vie est courte.

Il y a toujours une bonne chose à tout : un bel échec, net et sans bavure, montrant que la piste qu'on a suivi n'était vraiment pas la bonne, est positif car cela permet de passer à autre chose et, si on sait vraiment faire la part des choses, analyser lucidement et pragmatiquement, on en tirera de bons enseignements sur soi-même et les erreurs qu'on a pu commettre.

Mais que dire, que faire, si la piste suivie donne quelques résultats, mais très moyens, qu'on s'accroche encore pendant des années et des années pour au final ne toujours faire toujours que des résultats moyens at best. Je connais un des concurrents de l'époque Photoways, lancé quasiment au même moment soit il y a 10 ans environ, qui devrait juste cette année faire quelques centaines de K€ de CA (pendant que Photoways dépassera les 80M€). Il est endetté, il crève quasiment la faim, mais il s'accroche…désespérément.

Ce cas est extrême, mais combien je vois d'entrepreneurs qui suivent des pistes qui, j'en suis convaincu, ne les mènera pas à grand chose : une petite création de valeur, at very best. Certes, avec le capital injecté par les investisseurs (éventuellement) ils auront eu leurs salaires payés pendant quelques années, mais bon, ce n'est ni glorieux ni satisfaisant, pour l'esprit comme pour le portefeuille.

Et c'est certainement le plus grand danger qui guettent la plupart des entrepreneurs, prétendus ou réels : s'entêter dans des voies qui in fine ne créeront pas de valeur.

Comme toujours, la frontière est tenue entre une saine ténacité et un entêtement stupide, mais pour schématiser s'il faut ou pas continuer, je dirais qu'il faut simplement s'assurer de 2 choses absolument nécessaires :

  1. Un vrai marché, des gens prêt à acheter les produits/services de la catégorie visée
  2. Une capacité à faire la différence et s'assurer un véritable avantage concurrentiel relativement pérenne.

Ces 2 éléments sont nécessaires, mais parfois pas suffisant. Il y a des secteurs où on a beau disposer d'un avantage concurrentiel, les economics restent difficiles et le retour sur investissement sur le long terme est intrinsèquement plus faible que dans d'autres industries. Mais cela est une autre histoire. De manière générale, vous pouvez garder cette règle d'or : un avantage concurrentiel solide amène généralement une rentabilité supérieure.

Bien souvent, l'objectif consiste à se créer un avantage concurrentiel sur un segment donné, car il est rarement possible d'être bon partout : une certaine cible de clients, un certain types de produits, une certaine gamme de prix, une région géographique, etc.

Mais il faut que, quelque part, cet avantage concurrentiel existe bien concrètement, et donc que certains clients aient de très bonnes raisons de venir acheter chez vous et pas chez le concurrent (à supposer toujours qu'il y ait un marché).

Si vous n'avez pas ça, si vous ne voyez pas comment vous créer quelque part un avantage concurrentiel, un conseil, passez à autre chose ! Mettez votre talent, votre énergie, votre ambition et vos capitaux si vous en avez, dans des directions qui vous feront réellement créer une bonne valeur et assureront à un bon retour sur le capital comme sur le temps investi !

Savoir lucidement bifurquer est certainement l'une des plus grandes forces du bon entrepreneur. La vie est pleine d'opportunités, mais toutes ne sont pas bonnes pour tous, car on a pas tous les mêmes capacités à les saisir et les transformer en bon business rentable.

Prouvez donc que vous êtes un bon entrepreneur en sachant vous arrêter et bifurquer, mais surtout ne végétez pas !

Un homme ne se définit pas par ses écrits et ses parôles (et surtout pas par ce qu'il peut mettre sur un blog, facebook ou twitter !), car on peut toujours dire n'importe quoi, mais bel et bien par ses actions et par les choix qu'il a fait dans la vie.

Aussi, quand je rencontre des entrepreneurs, au delà de leurs affirmations – ils sont toujours évidemment énergique, lucide, niakeux, customer-oriented, flexible, éthique, etc – je m'attache surtout à comprendre les choix et les actions qu'ils ont eu à faire dans leur parcours, comment ils ont notamment réglé les difficultés, ont-ils déja eu à s'adapter radicalement, etc. Ca, ça ne trompe jamais.

Et en matière d'investissement business angel, il y a une chose sur laquelle je ne fais aucun compromis avec les entrepreneurs : l'éthique, l'intégrité. Evidemment, un entrepreneur ne vous racontera pas ses actions "borderline" (voire pire), d'où toujours une due diligence poussée qu'il faut mener à ce sujet.

Michel de Guilhermier – Fondateur d’Inspirational Stores

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Photo: merci à Rodrigo Sepulveda

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4 commentaires

  1. Bonjour,

    Je reste pour ma part partagé. Lorsque j'ai créé ma première entreprise, FRA, à la sortie de mes études, j'ai galéré 3 ans avant que la boite décolle et qu'elle passe en 4 années de 4 personnes à 100 personnes en autofinancement complet. J'ai passé au départ 3 ans, sans moyens, sans contacts, avec deux amis étudiants également, à modifier le business model, à m'accrocher, à faire tout avec rien et pendant ces 3 ans j'ai appris plus que dans tout le reste de ma vie. Effectivement je crois qu'il ne faut pas s'entêter sur un business model précis, mais il faut l'adapter en permanence pour trouver l'angle d'attaque qui va faire décoller l'entreprise. Aujourd'hui trop de personnes baissent les bras à la moindre difficulté et pensent qu'à moins de lever des fonds importants on ne peut rien faire, c'est dommage je pense. Même au démarrage de mon entreprise suivante, Brainsonic, il m'a fallut près de 2 ans de tâtonnements avant de trouver un business model opérationnel, business model que nous cessons de reconfigurer pour maintenir des niveaux de croissance élevés. Bref pas d'entêtement ok, mais de la pugnacité et de l'adaptabilité aussi, ça ne fait pas de mal :-)

  2. Il est difficile de faire une généralité surtout sur Internet ou parfois le marché ou les technologies ne sont pas murs et il faut attendre avant de pouvoir monétiser correctement le service. Etre le premier sur un créneau ou une niche impose parfois de prendre le temps d'éduquer les clients, de leur prouver que le service peut les aider ou leur faire économiser ou gagner de l'argent.

  3. On voit aussi des gens qui papillonnent, étudient cinq projets, en trouve toujours un "meilleur" et ne font rien. La frontière est tenue, je suis tout à fait d'accord. Mais personne ne sait jamais de quel côté il est tant que l'histoire n'est pas finie et il n'y a pas tellement d'autorité compétente en la matière. Personnellement, la plupart des réussites que j'ai pu voir (les miennes étant pour bientôt ^^) sont passées par des moments où tout le monde se serait accordé à dire qu'il s'agissait d'un échec.

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