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Google, Facebook, ce qu’il faut retenir, et pourquoi il faut se méfier

Sur Internet, tout le monde sait que la notion d’anonymat est inexistante. Cependant, deux ogres veillent à l’orée de la douce clairière, l’un s’appelle Google, l’autre Facebook. Le premier s’immisce dans votre vie privé virtuelle et bientôt réelle à votre insu. Le second se fait passer pour le bon copain à qui l’on va tout confier. Leur objectif ? Votre vie. Non pas votre mort, simplement votre vie ou celle de vos amis.

Cependant, les dernières affaires, les dernières évolutions, font craindre pour notre vie privé. Si ces deux plate formes passent de monstres uniformes en chimères aux milles visages, l’un créant l’autre contaminant, elles ont en leurs seins nos données, nos habitudes, notre vie. Et le problème, c’est que des Jason, des Ulysse, des héros hackers des temps modernes sont de plus en plus attirés à affronter les puissants pour s’approprier la toison d’or : notre vie numérique. Et comme tout monstre mythologique, ces nouveaux monstres ont des points faible …

Alors faut-il s’inquiéter ? Nos données sont t elles réellement à l’abri ?

Facebook

Je vais parler d’une relation qui va faire dresser les cheveux des lecteurs mais qui est intéressante. Il y a un contexte de guerre, pendant lequel l’individu se transcende pour le bien (résistance) ou pour le pire (collaboration, meurtres). Sur Internet, on pourrait dire qu’il y a un contexte du web, où l’individu est prêt à livre le pire de lui même.

Allez sur les profils Facebook de vos amis, observez et demandez vous si dans la vie réelle cela se passerait ainsi. Auraient ils autant de photos d’eux sur leurs murs? Diraient ils autant de conneries, de choses grasses? Combien sont fières de leurs cuites et de leur face à face avec le caniveau ?

Le web efface les barrières de la pudeur et de la bien séance. Comme je l’expliquais dernièrement, les chiffres sont réellement alarmant. Et pourtant, ils seraient 55% à se méfier de Facebook … Quand on voit les nouvelles fonctionnalités du Géant Bleu, quand on voit l’état de trouble dans lequel les gens se trouvent, on peut avoir peur. Car si Facebook collecte toutes nos données, nous ne voyons et percevons qu’une infime partie. Nous ne savons vraiment ce que la plate forme a collecté, nous ne savons où vont nos données. Et comme pour Google, la simplicité nous embrouille.

Au programme, un simple pouce qui dit j’aime :

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Ce bouton, vous le voyez partout, ou vous le verrez partout d’ici peu. Si vous êtes férus de technique je vous invite à lire cette analyse qui décrypte ce qui se trame dérrière, ou sinon je vous livre un passage du très bon article de synthèse issu du blog de Didier Durand :

Le déploiement de ce bouton “J’aime” et des plugins sociaux (utilisant aussi les mêmes cookies) va donc procurer à Facebook des nouvelles possibilités d’analyse comportementale incroyable par le traitement judicieux des informations récoltées pour chaque page visitée.

Oui, chaque fois que vous cliquez sur le bouton j’aime, ou sur tout autre type de plugin Facebook embarqué sur un site tiers, vous fournissez en plus des informations sur vos choix de lecture. De nombreuses voix et arguments commencent à se faire entendre pour contrer ce bouton, on sait très bien que ce sera peine perdue.

Au final, voilà ce que Facebook peut savoir sur vous ou saura de vous :

– Vos informations personnelles (religion, orientation sexuel, age, sexe, ville, pays … )

– Vos goûts (groupes, fanpage)

– Vos lectures ou vos coups de coeur (bouton j’aime) et par conséquent vos centres d’intérêts

– Vos achats (bientôt une monnaie virtuelle)

– Vos amis et votre famille (principe des listes)

– Vos allées et venues (bientôt Facebook-rejoint-le-train-de-la-pub-locale-et-sociale.php » target= »_blank »>localisation)

– Vos habitudes de surf (bientôt Bing)

Vous ne serez jamais autant espionné, et pourtant, jamais vous ne vous dévoilerez autant. Vos données sont de l’or en barre, ils vont permettre de mieux vous cibler. Pour faire un parallèle, c’est comme si vous rentriez toutes vos données dans votre télécommande et que votre télévision ne vous passait que des publicités ciblées, une aubaine. Vous n’êtes qu’un consommateur, ne l’oubliez pas, et surtout, vous le faites gratuitement.

Dans un très bon billet, l’ami Narvic souligne dans cette intrusion des limites que le géant Google n’avait jamais réussi à dépasser :

Bref, Facebook en saura bientôt plus sur vous que Google n’a jamais pu rêver d’en savoir ! Déjà accusé de tendre à devenir le nouveau Big Brother pour récolter et stocker toutes vos données de navigation à fin de ciblage publicitaire, Google n’avait jamais franchi le pas que vient de franchir Facebook : relier et croiser toutes ces données personnelles de navigation vous concernant… à votre nom réel et à celui des membres de votre réseau de connaissances.

Car si Facebook ne réinvente pas la traque sur Internet, comme le remarque Fred Cavazza, par sa connotation sociale et ses millions de membres, sa force, c’est son nombre, sa communauté. Utilisant des mécanismes déjà tentés par des groupes comme Google, Facebook pourrait réussir là où tout le monde a échoué par un nombre important de personnes reliées à ces technologies. C’est un engrenage particulier, plus il y a de monde sur le Géant Bleu, plus il attire du monde (principe de communauté), plus les sites internet ont comme nécessité d’implémenter des fonctionnalités sociales, pour avoir d’autres retours que les commentaires, ou pour tout simplement être dans l’ère du temps (web social).

Ce qui est inquiétant, c’est la propension qu’a Facebook à changer ses politiques de confidentialité, comme Pierre Tran le stipule.

Le problème de confidentialité des données est toujours d’actualité, d’autant que la politique de Facebook en la matière semble changer au gré des vents.

A ce sujet, je vous invite à lire cet article d’OWNI sur l’évolution de la politique de confidentialité de Facebook. On remarque que d’un web fermé où les internautes avaient un certain contrôle de la vie privé, on est passé à un truc totalement ouvert.

Même si Zuckerberg a raison quand il dit “Les gens sont à l’aise, non seule­ment avec le fait de par­ta­ger de plus en plus d’informations de tout ordre, mais ils sont égale­ment plus ouverts, et à plus de per­sonnes. La norme sociale a évolué ces der­nières années.”, il y a comme un malaise de se dire qu’un web social est un web qui sait tout de vous, et que ce web, c’est Facebook. Cela fait un peu penser à des années sombres, comme la Stasi, ou toute autre police d’une dictature qui sait tout de vous, des opposants aux citoyens lambdas.

Je reprends ci dessous le graphique de OWNI graphique qui montre, par défaut, ce que vous partagez avec le monde (ici la version animée) :

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Vous l’aurez compris, Facebook sait tout de vous mais aussi parce que vous le voulez bien. Le but étant très simple, tout monétiser, car comme je le disais, votre vie vaut de l’or. Ce qui est inquiétant, c’est que Facebook veut devenir le web, et qu’il est en train de gagner son pari, son bras de fer.

De nombreuses analyses montre que si Facebook était un pays, il serait dans les trois premiers. On parle en terme de population. Si l’on se demandait dans quel régime on se trouverait, ce serait une sorte de dictature des données. Vous pouvez vous exprimer, débattre vous organisez, mais vous êtes dépendant d’une seule personne, Mark Zukerberg, et il peut tout vous faire faire, tout savoir de ce que vous faites. C’est un peu comme si un dictateur vous disais c’est bon faites ce que vous voulez pour mieux vous contrôler.

Ce qui fait peur, c’est que tout est prévu, fait probablement parti d’un plan global de conquête du web. Marc Zuckerberg n’avance pas en aveugle, il crée la lumière. Il sait parfaitement où il va, il a plusieurs coups d’avance. Il rachète FriendFeed … il pense au webmail. Il ouvre encore plus les données, il sort l’Open Graph. Comme le rappelais Fabrice Epelboin :

Nous savons désor­mais pourquoi Facebook a opéré un chan­ge­ment à 180° concer­nant la ges­tion de la vie pri­vée en décembre der­nier : ils sou­hai­taient uti­li­ser les don­nées autre­fois pri­vées pour rendre l’ensemble du web social.

Et au milieu de tout ça, comme un parfait stratège, il donne aux utilisateurs un semblant de confidentialité. Au final, cette partie est la plus sombre, la moins facile à prendre en main. Volonté ? Comme le stipule Jean-Marc Manach dans une interview accordée au Post :

“Il y a 55 paramètres de confidentialité dans Facebook. C’est une vraie usine à gaz. Presque personne ne sait les gérer correctement. La seule solution réside dans la façon d’utiliser le site en se rendant bien compte qu’il s’agit d’un espace public et non privé.”

Facebook joue dans la cour des grands, il sait tout de vous, et tout est pensé pour que vous vous sentiez en sécurité et que vous continuez de lui donner vos données. C’est un gentil monstre au regard de velour mais à l’appétit colossal.

Google

A côté de cela, il y a Google qui scrute vos recherches depuis bientôt 10 ans. Vous cherchez des nains de jardin? Google devine que c’est votre passion. Bref, Google, on le savait décortiquait nos habitudes sur Internet pour se créer une base de données conséquente et pour pouvoir vous assomer de publicités ciblées. Pour reprendre l’analogie de la télévision, c’est comme si TF1 scrutait votre zappage pour mieux vous assener de publicités ciblées. Il ne vous connait pas, mais sait ce que vous aimez.

Se croyant au dessus de tout, et sortant de plus en plus de services controversées, rattrapée par les différentes CNIL d’Europe, Google doit s’adapter. Avec le lancement de Buzz, ce fut un semi flop. Alors Google peut il sortir des limites du numérique ?

Depuis peu, la firme de Mountain View s’est lancé dans Google Street View, qui permet de prendre en photo les rues de vos villes, et viens empiété dans notre vie privé réelle. Aujourd’hui, ce n’est plus que vos données numériques qu’il scrute, c’est également vos réseaux Wifi qu’il tente de capter et cartographier. Imaginez ce que chez Hadopi ils doivent en penser…

Plus grave, Google photographie votre maison sans votre consentement, avec quelques problèmes liées à votre vie privée. Ainsi, vous ne pourrez plus vous balader nu dans votre jardin tranquillement comme cet homme qui a porté plainte.

Un fait inquiétant est que les gens semblent complétement à l’ouest, comme toujours pour ce qui est du web. La télévision Allemande avait crée une caméra cachée où des faux employés de Google débarquaient pour photographier l’intérieur même des maisons. Hors, quand on voit la réaction des allemands, on peu avoir peur tant ils restent placides :

La CNIL veille au grain, mais qui peu arrêter Google ? Après la vie numérique, la vie réelle. Les revenus explosent, on parlait même de Google pour racheter la Grèce.

Regardez cette évolution, comment voulez vous que Google ou Facebook puissent faire une croix sur la poule aux oeufs d’or qu’est la publicité en ligne :

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Failles de sécurité ?

Au delà de tout savoir et de tout vendre à des marketeux aux dents longues, nos données sont potentiellement en danger par des risques de faille. En effet, le problème avec le web, c’est que tout est passablement craquable, hackable. En gros, vos données ne sont pas forcément à l’abri. Si Facebook ou Google les vendent au plus offrant avec, espérons le, une once de déontologie, le fait que des hackers puissent accéder à vos données dans un but encore plus sale est assez flippant.

Ainsi Google aussi puissant soit il s’est récemment fait attaquer par des Chinois. Pour l’anecdote, j’ai un ami qui est allé en Chine, à la frontière, on lui a demandé son adresse mail. Une semaine après, son compte Google Mail était hacké par des chinois, tout un symbole.

Un autre problème, c’est la récente découverte d’une faille de sécurité dans vos historiques web qui permet de savoir vos habitudes de surf. Imaginez l’impact dans des pays sous dictature. C’est dangereux, qu’une société inconnue sache autant de chose sur nous et qu’elle les garde dans un pseudo coffre fort qui a tout moment peut sauter, sorte de boite de Pandore des temps modernes.

Sur Facebook, le problème est tout autre. Car si sur Google ce sont plus des habitudes de surf, sur Facebook c’est carrément relié à une identité. Ainsi, encore récemment, une faille de sécurité permettait d’accéder à toutes les données des internautes. PC Impact s’interroge alors à juste titre :

Ce genre de problème semble apparaitre tous les six mois sur le site communautaire, avec une régularité d’horloge. De quoi se reposer la question exposée par Nil en début d’année : faut-il se désinscrire de Facebook ?

Au delà de vos données, ce qui intéresse les pirates, ce sont vos comptes, avec toute sa graphe sociale. Car si vous rapportez de l’argent, imaginez ce que vos amis rapportent. Pour exemple cette affaire où un hacker proposait de vendre plus d’un million de comptes Facebook.

Celui qui se fait appeler “Kirllos”vendrait pour 25 dollars (18,75 euros) les mille profils ayant moins de dix amis, et pour 45 dollars (33,77 euros) ceux qui en comptent plus de dix.

Bref, des failles de sécurité, il y en a toujours et il y en aura toujours. Par ces failles, les personnes malveillantes vont pouvoir accéder à vos données et les vendre à des boites à spam, ou même vendre vos contacts … SOURIEZ VOTRE VIE, VOS AMIS VALENT DE L’OR

Dommage que vous ne puissiez toucher le magot … et que vous l’offriez.

Conclusion

Faut t il s’inquiéter ? Avec d’un côté un web gangréné par le réseau social Facebook qui scrute toutes vos données, et de l’autre un Google qui vous trace sur le web et dans la rue, au centre, vous, naturiste des données qui jetez vos vies en pâtures.

Le véritable problème, ce n’est pas tant les outils qui répondent à une logique de rentabilité. Le problème c’est que l’internaute se transcende en bête de foire et que cela devienne le paradis des données. Jamais la CIA n’avait pu réussir à autant classifier la population. Là c’est la population qui le fait pour elle.

Petite comparaison :

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Le nombre d’utilisateurs sur Facebook est monstrueux. 400 millions d’utilisateurs… imaginez de savoir tout de 400 millions de personnes (oui je sais il y a énormément de faux profils mais quand même).Et l’évolution de Facebook ? C’est l’effet boule de neige, avec de plus en plus de personnes qui s’y connectent, qui s’y livrent et de plus en plus de sites qui intègrent des plugins du Géant Bleu :

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Sur Google, les chiffres sont tout autant alarmant, avec 620 millions de personnes qui se font traquer :

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Le web est un véritable nid d’espion, votre vie est traquée, vos recherches sont épiées et tout peut tomber dans de sales mains. Alors peut on s’inquiéter de ces failles? Peut on s’inquiéter des attitudes des internautes ? Méfiants mais crédules ? La simplicité des actions, comme la recherche ou le bouton “j’aime”, laisse à l’internaute l’impression d’un geste anodin et pourtant.

Lorsque l’on voit les levées de bouclier contre le fichier Edvige, et comment les gens se livrent, on ne peut que se dire : mais pourquoi ?

Demain tous fichés, vive Edvige ?

Edit : Merci à Martin d’avoir relevé quelques fautes :)

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