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Le digital, une affaire de dextérité selon Cap Gemini Consulting?

Décidément les études sur la transformation digitale pleuvent depuis quelques mois. Aujourd’hui, c’est d’une étude signée Cap Gemini Consulting intitulée «Organizing for Digital: Why Digital Dexterity Matters» dont je voudrais vous parler.

Son propos tient en une phrase : les entreprises qui ont à la fois investi significativement dans la technologies et ont redessiné leur organisation sont plus performantes que leurs compétitrices sur les indicateurs de performance clé.

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Investir dans la technologie sans transformer l’organisation n’apporte en général pas grand chose

Rien de nouveau tant on sait depuis des lustres et bien avant la transformation digitale que la rupture technologique seule sans transformation de l’organisation n’a jamais été source de progrès significatifs, mais c’est toujours utile de le rappeler.

S’en suit donc une étude de ce qu’est une entreprise digitale et comment en devenir une.

Selon Cap Gemini, deux choses caractérisent une entrepris digitale : les aptitudes digitales et la dextérité digitale. .

dextérité digitale

Source : Cap Gemini Consulting

Ou, dit autrement, la capacité à utiliser la technologie et la capacité à se l’approprier pour créer de la valeur. Ce qui, en passant, se rapproche de mon discours sur «le grip et la vitesse». A mon avis, la maîtrise de la technologie n’est rien si on n’est pas capables de s’en servir pour les bonnes choses. Je pense d’ailleurs que Cap Gemini va ici un peu vite en besogne en mettant en avant la capacité à s’auto-organiser pour délivrer de la valeur. Pour arriver au niveau requis de maîtrise et d’autonomie pour inventer et mettre en œuvre des mécanismes de création de valeur nouveaux, il y a une longue phase d’acculturation et d’appropriation dont la capacité à s’auto-organiser est le résultat ultime. On peut faire ce qu’on veut en matière d’empowerment et d’autonomisation, les individus ne feront rien sans le bon état d’esprit, la bonne approche, et cela prendra infiniment plus de temps à se produire que la simple décision de le rendre possible d’un point de vue organisationnel.

Le besoin en dextérité n’a rien de digital

J’irais même plus loin : si on définit la dextérité digitale comme la capacité à changer et s’adapter en permanence, c’est une capacité qui n’a pas grand chose de digital et a toujours existé dans certaines entreprises et moins dans d’autres. Si le digital permet d’autres formes d’organisation plus collaboratives, réactives, agiles, plates, il n’est qu’un instrument au service d’une organisation, de process et d’une culture. La dextérité digitale ainsi présentée est bel est bien une histoire de culture et de design organisationnel avant tout et il serait illusoire de croire qu’on l’acquiert par la technologie.

Si vous avez suivi ces dernières années le difficile cheminement de l’entreprise 2.0, du social business et plus largement des nouvelles formes d’organisation plus agiles et collaboratives vous savez bien que la technologie ne joue ici qu’un rôle de facilitateur et d’accélérateur à condition de servir la bonne organisation, la bonne culture, les bons process, le bon management. A ce titre, si je trouve le terme de dextérité plutôt original et bien choisi, je ne suis pas convaincu que j’y aurai accolé l’adjectif «digital» sauf à vouloir insister sur le buzzword du moment. La dextérité se doit d’exister avec ou sans outils car c’est une manière de penser, travailler et s’organiser.

La dextérité digitale : un enjeu de simplification de l’organisation

Je souscris au fait que cette dextérité est source d’avantage compétitif mais cela a toujours été le cas, digital ou pas, ou a des époques où on utilisait d’autres mots pour dire la même chose. D’ailleurs, il est intéressant de voir comment se concrétise cette dextérité au vu du tableau suivant.

dextérité digitale et avantage concurrentiel

Source : Cap Gemini Consulting

La dextérité ainsi vue par Cap Gemini signifie qu’un certain nombre de choses doivent être faciles. Un point de vue auquel je souscris totalement et que je suis content de voir ainsi rappelé par un cabinet majeur. De mon point de vue l’un des plus grands enjeux de la transformation digitale est de rendre les choses simples et faciles à la fois, d’ailleurs, pour le collaborateur et le client. De mon point de vue, si au lieu d'errer dans la compréhension de ce que le digital signifie pour elles, les entreprise commençaient simplement par s’en servir pour simplifier et faciliter l’ensemble de leurs opérations le bénéfice serait rapide et réel. Mais là encore la lutte contre la complication organisationnelle ne se fait pas qu’à coup d’outils et est avant tout une problématique organisationnelle et managériale. Je vous renvoie au discours de Yves Morieux vous voulez prendre la mesure du chantier qui nous attend.

Bref la simplification est, on le voit une fois de plus, un enjeu majeur de la transformation digitale et on aura souvent l’occasion d’en reparler souvent dans les temps qui viennent.

7% des entreprises seulement sont expertes en digital

Maintenant la question qui se pose, et la seule qui vaille, est «comment faire pour y parvenir». L’étude Cap Gemini montre que seulement 7% des entreprises peuvent être considérées comme expertes en digital, un chiffre qui finalement ne me surprend pas et que j’aurais même tendance à trouver optimiste. Par contre, 56% des entreprises ont commencé quelque chose, sont en phase de découverte et, de mon point de vue, ne peuvent se permettre de rester trop longtemps entre deux eaux sous peine de voir motivation et énergie décliner faute de résultats tangibles (l’étude comprend par ailleurs un questionnaire d’auto-évaluation).

L’étude propose aux entreprises de travailler sur 4 axes :

  • un état d’esprit «digital first»
  • l’accès aux données et les outils de collaboration
  • la digitalisation des pratiques (automatisation des décisions et de tout ce qui peut l’être, apprentissage collaboratif…)
  • l’empowerment des talents

 

Pas inintéressant même si je trouve la partie «digitalisation des pratiques» mal bordée, un peu fourre tout. Peut être aurait-elle gagné à être plus structurée avec des sous-divisions plus claires. Par contre, ce socle de l’entreprise digital montre bien à ceux qui auraient tendance à vouloir trop vite se projeter vers le client et construire une organisation digitale «hors sol» que tout commence par l’interne, et qu’avant de transformer l’organisation il faut bien transformer les hommes.

Pour devenir une entreprise digitale il faut régler les problèmes qu’on a pas su régler les 30 dernières années

Bref, une étude de plus qui prouve si besoin en était que la transformation digitale est une transformation avant d’être digitale (transformation par le digital serait peut être même plus approprié) et pas une vague couche de technologie utilisée comme un cache misère. Si on traduit les mots de l’étude en vocabulaire «pré-digital», tout est donc affaire d’agilité, d’empowerment et d’intelligence collective. Exactement ce dont tout le monde convient depuis plus de 30 ans sans pour autant avoir trouvé la formule magique pour avancer.

Le message de l’étude en une phrase : «pour devenir une entreprise digitale il vous faut régler les problèmes que nous n’avez pas su régler les 30 dernières années». Au moins cela ramène le sujet sur des territoires connus…même si cela ne va pas arranger les adeptes du solutionnisme.

Rien de spécialement neuf donc à part des mots nouveaux utilisés pour habiller une réalité qui elle n’a rien de neuf.

bertrand-duperrinBertrand Duperrin est Digital Transformation Practice Leader chez Emakina. Il a été précédemment directeur conseil chez Nextmodernity, un cabinet dans le domaine de la transformation des entreprises et du management au travers du social business et de l’utilisation des technologies sociales.

Il traite régulièrement de l’actualité social media sur son blog.

Crédit photo: Fotolia, banque d'images, vecteurs et videos libres de droits
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Un commentaire

  1. vous pourriez pas traduire digital correctement en numérique ? Digital en français c’est les doigts… forcement une affaire de dextérité mais pas la peine d’en faire un article.

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