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Québec, chronique de Cybérie

Il a toujours régné sur Montréal un air de liberté, de découvertes et d'innovation. Souvenez-vous! Branchez Vous, Archie, un moteur de recherche qui permettait dès 1987 d’accéder à de nombreuses ressources stockées sur des FTP, Les hackers de NPC, CAM.org, ou encore le fournisseur d’accès à Internet, Accès Public LLC (Liberté, Liberté Chérie).

Liberté est sans doute ce qui caractérise le mieux cet écosystème si particulier, qui a été un déclencheur pour l’Internet français!

Que de temps passé depuis les chroniques de Cybérie de Jean-Pierre Cloutier que nous dégustions avec avidité, ou des travaux des étudiants de Mc Gill. Comme partout dans le monde, la professionnalisation nécessaire du réseau a structuré le marché. Les acteurs telecom historiques (Quebecor, Bell (ex Sympatico), Rogers …) ont rapidement repris la main, faisant la fortune de quelques pionniers à l’instar d’Austin Hill, qui n’a pas manqué de se transformer en Business Angel et contribue à la naissance de l’écosystème start-up.

Les francophones ne sont pas en reste, Sylvain Carle en est devenu l’une des figures, instigateur de FACIL, Ile-Sans-Fil, Alliance Numérique ou encore OSMO installée dans la maison Notman, il s’installe à San Francisco pour rejoindre les équipes de Twitter en 2012, dont il devient le senior developer advocate.

Les blogs marquent un tournant au sein de l’écosystème montréalais, avec Philippe Martin, Claude Malaison, Michelle Blanc, qui deviennent les figures de proues en créant Yulbiz, l’un des premiers réseaux de bloggueurs dans le monde. La communauté ne manque pas de décoller réunissant quelques dizaines de passionnés par les changements opérés par la tech, animée par une volonté farouche de promouvoir Montréal et Quebec. Je me souviens comme si c’était hier de ce déjeuner improbable en 2007 avec Michelle Blanc, dans La petite Italie, et son incroyable engagement militant. Benoit Descary et Sebastien Paquet évangélisent sur les nouveaux usages et meilleures pratiques dans le domaine.

En 2006, TechnoMontreal, devient sous la direction de Lyne Bouchard, le 1er cluster Montréalais, la «grappe» des technologies de l’information et des communications (TIC) du Grand Montréal.

Montreal c’est aussi la patrie d’agences comme Nurun, cédée par Quebecor à Publicis pour un montant de 125 millions de dollars en septembre 2014 ou d’un des premiers bureaux internationaux de Sid Lee, des agences orientées expériences, pionnières du design thinking.

La scène tech montréalaise se structure autours d’évènements à l’instar du WebCom, le c2mtl piloté par l’agence Sid Lee et accompagné par le fondateur du Cirque du Soleil, qui réunit chaque année plus de 5000 personnes pour aborder la création sous tous ses angles. Quebec n’est pas en reste avec le WAQ (Web à Quebec) qui depuis 2010 réunit près de 1000 personnes sur des sujets opérationnels dosés d’inspiration. Piloté par Pierre Luc Lachance, l’édition 2016 a accueilli une importante délégation française, principalement composée de l’écosystème tech de l’ouest de la France, avec à sa tête nos fameux nantais. Ecom réunit quant à lui 500 professionnels chaque année.

L’écosystème tech prend place dans le Mile End, avec son lieu incontournable qu’est le Laïka avec ses nombreux fils au sol pour raccorder nos portables à tout moment.

En 2012, la fondation OSMO fait l’acquisition de la Maison William-Norman. En coulisses oeuvrent Alan MacIntosh, un ancien ingénieur pétrolier qui co créa GSM Capital, connu pour ses investissements dans Saraide et Paypal,et John Stokes (bulletin.net), un anglais tombé amoureux d'une Québécoise , pour développer ce projet d’incubateur financé à hauteur de 7 millions de dollars par la Banque de développement du Canada, Hydro-Québec, Vidéotron . La maison Notman accueille une vingtaine de start-up pendant trois à six mois. Le programme est animé par l’iconoclaste Noah Redler. A la tête de Real Ventures, un fond d’investissement en amorçage, Alan MacIntosh et John Stokes créent Founder Fuel un programme d'accélération

Depuis de nombreux espaces entrepreneuriaux ont pris place à l’instar de LaGare soutenue par Telus, Deloitte, Ubisoft, Miller Thomson, et Investissement Québec, ou le Nexus Workspace sur Clark.

En parallèle Montréal est devenue l’une des capitales du jeux video: dès 1997 Ubisoft y installe son principal studio, Ubisoft Montreal compte 2700 collaborateurs Boulevard Saint-Laurent dans le Mile End, un quartier à la frontière des communautés francophones et anglophone, qui sera rapidement le quartier de la Tech. Ubisoft Montreal développe une série de blockbuster du jeux video: Splinter Cell, Rainbow Six, Prince of Persia, Far Cry, Assassin's Creed, … Face à cette opportunité, le gouvernement du Quebec ne veut pas rater l’occasion et investit dans la société plus de 19 millions de dollars canadiens dans la société au cours de plusieurs opérations de financement. L’objectif est de faire venir de nombreux éditeurs de jeux.

Electronics Arts (EA) y installe un studio en 2005 sous la direction d’un ancien d’Ubisoft, Alain Tascan, suivi par Eidos Montréal en 2007 qui développe le troisième opus de la série Deus Ex et le mode multijoueur de Tomb Raider. Plus d’une dizaine de studios cohabitent Gameloft, Activision, Autodesk, Behaviour Interactive, Square Enix, VMC Game Labs, Warner Bros, Frima…

L’industrie du jeux video représente à Québec plus de 10 000 personnes, Montréal concentre à elle seule 60% des emplois.

Autre point très positif, l’éducation. L’une des forces de Québec est le dynamisme de ses universités et écoles, Mc Gill, l’UQAM, Polytechnique Montréal, HEC, accueillent des étudiants du monde entier, installés en plein coeur de Montreal, la coopération avec les entreprises bat son plein.

Coté politique, et après quelques tentatives d’intégration des questions posées par le numérique en haut de l’échelle gouvernementale, notamment avec la nomination d’Henri-François Gautrin en tant que ministre délégué au gouvernement en ligne de 2005 à 2006, ce n’est que très récemment que Quebec se dote d’une forte personnalité au conseil des ministres avec Dominique Anglade, ex-présidente de la CAQ, ex-PDG de Montréal International.

Cette dernière a depuis sa prise de fonction rencontré une partie de l’écosystème et a décidé de lancer une consultation, qui n’aura malheureusement pas eu le succès escompté avec moins de 300 réponses. Son projet qui devrait être dévoilé dans les prochains jours, démarre avec budget de près de 53 millions d’euros pour développer l’innovation, sur 5 ans!

Autant dire que l’initiative paraît bien maigre face aux enjeux auxquels la belle province est confrontées et l’absence de compréhension des élus québécois face à la transformation de la société n'aide pas. Les débats portent plus sur des questions visant à défendre les corporatismes locaux et renforcer la position des principales sociétés qui trustent l’économie quebecoise. L’exemple du projet du ministre Jacques Daoust qui devrait être déposé cette semaine est un exemple. Ce projet vise à interdir Uber, considérant que tout service de transport de personnes devrait être aligné sur la réglementation des taxis.

Sur le plan des aides à l’entrepreneuriat, les dispositifs de crédit impôt recherche permettent à de nombreuses sociétés de développer leur croissance, il reste qu’une vision d’ensemble soit nécessaire, afin d’accélérer la transformation numérique du Quebec, d’augmenter l’investissement privé dans les startups mais aussi les opportunités d’affaires avec l’administration et les grands groupes.

En quelques chiffres, ce sont plus de 550 sociétés qui opèrent dans le domaine de la Tech (jeux video inclus), réunissant plus de 20 000 collaborateurs, auxquels nous pouvons ajouter près de 150 sociétés dans le domaine des telecoms (Bell, Vidéotron, Télus, Rogers, Cogeco, RNC Communications, Dery Télécom, etc.) et des médias (TVA, SRC, V Télé, Télé-Québec, Bell Media, Cogeco, RNC Media).

Les ponts entre la France et le Quebec sont nombreux, économiques, universitaire, politiques, ils sont désormais renforcés par Bleu Blanc Tech, la représentation montréalaise de la FrenchTech, pilotée notamment par les fondateurs de Savoir Faire Linux.

Pendant une dizaine de jours, FrenchWeb est allé à la rencontre de l’écosystème Québécois à l’occasion du WAQ, nous vous proposons de découvrir tout au long de la semaine, les entreprises, start-up et écoles au coeur de l’écosystème Tech de la Belle Province. J’en profite pour remercier nos amis de l’Ecole de Design de Nantes qui nous ont invité à cette occasion, ainsi que tous les acteurs québécois, qui nous ont consacré du temps pour nous présenter leurs innovations, et partager leur vision du Quebec.

N’hésitez pas à réagir à cette modeste photographie, et à la compléter par vos avis et analyses.

Vive le Québec numérique!

Richard Menneveux, Fondateur & CEO d'Decode Media Media, éditeur de FrenchWeb.fr – richard@adsvark.media

Sources : Alliance numérique, Association canadienne du logiciel de divertissement, Lien Multimédia, Montréal International, Québec International, Branchez Vous, Les Affaires, les différents blogs et sites des sociétés, associations, fondations, Ecoles et Universités cités.

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