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[DECODE] Orange : à part Djingo, tout va bien…

Orange a clôturé son exercice 2019 avec des revenus en légère hausse de 0,6%, à 42,2 milliards d’euros.

 

  • Sur ses deux plus gros marchés, la France et l’Espagne, Orange a enregistré un léger recul de ses revenus, respectivement de 0,3% et de 1,5%.
  • Sur le marché français, où sont générés 43% des revenus d’Orange, l’activité télécoms demeure cependant la vache à lait du groupe. Elle a permis à l’opérateur de générer 17,7 milliards d’euros de revenus sur un chiffre d’affaires total de 18,2 milliards d’euros dans l’Hexagone.
  • La région MEA (Middle East and Africa) a vu ses revenus augmenter de 6,2% pour atteindre 5,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018. Une performance supérieure à l’Espagne (5,3 milliards d’euros), qui est historiquement le deuxième marché du groupe français.
  • La branche B2B a enregistré une hausse de 1% de son chiffre d’affaires pour atteindre 7,8 milliards d’euros en 2019.
  • Orange vise le milliard d’euros de chiffre d’affaires dans la cybersécurité à l’horizon 2022.
  • Ces deux dernières années, Orange s’est également illustré avec deux projets relativement éloignés de son cœur d’activité, à savoir la néobanque Orange Bank et l’enceinte connectée Djingo. Avec des fortunes diverses…

 

Dans une décennie marquée par une guerre des prix sans précédent, l’arrivée de la 4G et de la fibre, et le début de l’ère des services, Orange a clôturé son exercice 2019 avec des revenus en légère hausse de 0,6%, à 42,2 milliards d’euros. Si le dernier trimestre a permis à l’opérateur télécoms de finir l’année sur une bonne note, c’est surtout le continent africain qui a porté le groupe français l’an passé. La zone comprenant l’Afrique mais aussi le Moyen-Orient est ainsi largement à l’origine du bénéfice net de 3 milliards d’euros enregistré par Orange sur l’ensemble de l’année passée, en progression de 53,8%. 

Si l’Afrique se porte bien, c’est en revanche plus délicat en Europe. Sur ses deux plus gros marchés, la France et l’Espagne, Orange a enregistré un léger recul de ses revenus, respectivement de 0,3% et de 1,5%. Cette croissance en berne n’est pas une surprise dans la mesure où les dernières années ont été marquées par une guerre des prix sans précédent qui a obligé les quatre grands opérateurs français – Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free – à multiplier les offres promotionnelles toujours plus agressives et les investissements dans les réseaux (fibre, 4G et 5G), tout en composant avec une clientèle de plus en plus volatile. «Les deux plus gros marchés du groupe sont soumis à une pression extrêmement compétitive», admet Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC Orange, contacté par nos soins. Et d’ajouter : «Le marché espagnol a connu ce que le marché français connaît : une compétition accrue sur un marché encore plus petit que le marché français.»

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4 milliards d’euros investis en France pour améliorer le réseau 

Sur le marché français, où sont générés 43% des revenus d’Orange, l’activité télécoms demeure cependant la vache à lait du groupe. Elle a permis à l’opérateur de générer 17,7 milliards d’euros de revenus sur un chiffre d’affaires total de 18,2 milliards d’euros dans l’Hexagone. Les services aux opérateurs (5,5 milliards d’euros) et les services convergents, qui combinent fixe et mobile (4,4 milliards d’euros), principales sources de revenus d’Orange sur le territoire français, sont en léger recul. Si le nombre d’abonnés ADSL est en baisse, le segment très haut débit fixe (FFTH, XDSL et 4G fixe) se porte bien. Orange a ainsi gagné 745 000 abonnés FFTH en France en 2019, avec un bond de 239 000 clients supplémentaires au quatrième trimestre. Le groupe revendique désormais 3,3 millions de clients FFTH et 16,3 millions de foyers raccordables à la fibre optique dans l’Hexagone. 

Cette évolution positive sur le très haut débit fixe est la conséquence des investissements colossaux d’Orange ces dernières années dans l’amélioration de ses infrastructures télécoms. 2019 n’a pas dérogé à la règle. Sur les 7,3 milliards d’euros investis par l’opérateur français pour améliorer son réseau, plus de la moitié, 4 milliards, ont été dépensés en France. Un montant en hausse de 11% l’an passé. Cette enveloppe vise à financer l’expansion du réseau d’accès à la fibre optique, l’amélioration de la couverture 4G et la préparation du déploiement de la 5G. Orange ne va pas réduire la voilure cette année puisque le groupe annonce des investissements en hausse de 200 millions d’euros pour renforcer son réseau. Un impératif pour le groupe afin de rester une référence en matière de qualité de services fournie à ses clients.

La cybersécurité porte l’activité B2B 

Outre l’activité télécoms B2C, Orange progresse également sur le segment B2B. Regroupant notamment les divisions Orange Business Services et Orange Cyberdefense, cette branche a enregistré une hausse de 1% de son chiffre d’affaires pour atteindre 7,8 milliards d’euros en 2019. Rien que dans le domaine de la cybersécurité, en plein essor, le groupe français a récolté 580 millions d’euros de revenus l’an passé.

L’opérateur vise le milliard d’euros de chiffre d’affaires dans ce secteur à l’horizon 2022. Dans ce sens, l’année 2019 constitue une étape majeure avec l’acquisition en janvier du fournisseur britannique de services de cybersécurité SecureData pour un montant resté confidentiel et le rachat du spécialiste néerlandais de la cybersécurité SecureLink pour 515 millions d’euros. «Dans la cybersécurité, nous avons une croissance qui est supérieure au marché», note Sébastien Crozier dans des propos qui rejoignent ceux de Stéphane Richard, estimant que les acquisitions de SecureData et SecureLink ont permis de faire d’Orange «un leader européen» dans ce secteur.

Les résultats d’Orange sur le segment B2B au quatrième trimestre 2019. Crédit : Orange.

L’Afrique compense les difficultés sur le marché européen 

A l’international, la région MEA (Middle East and Africa) a vu ses revenus augmenter de 6,2% pour atteindre 5,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018. Une performance supérieure à l’Espagne (5,3 milliards d’euros), qui est historiquement le deuxième marché du groupe français. Preuve de la bonne vitalité des activités d’Orange en Afrique et au Moyen-Orient, ces dernières permettant de faire revenir la région sur les talons de l’Europe (5,8 milliards d’euros). «Je tiens à souligner que cette année encore, l’Afrique et le Moyen-Orient sont l’un des principaux moteurs de croissance du groupe», n’a d’ailleurs pas manqué de relever Stéphane Richard, le patron du groupe, à l’occasion de la présentation des résultats financiers d’Orange. 

En Afrique, l’opérateur télécoms a tiré profit de la bonne forme d’Orange Money, son service de transfert d’argent et de paiement mobile lancé en 2008. Sur un continent africain où des millions de personnes s’affranchissent des banques pour effectuer leurs dépenses quotidiennes, c’est le numérique, porté le fort taux de pénétration du mobile, qui a pris le dessus pour fournir des services financiers à la population locale. 

Dans ce contexte, l’e-banking est en plein essor en Afrique, et Orange Money a pu profiter de cette mutation pour gagner du terrain et doper les revenus de l’opérateur télécoms dans la région. Orange Money revendique désormais 18,2 millions de clients actifs, avec un bond spectaculaire de 20,1% en 2019. Dans la lignée des bonnes performances d’Orange Money, le groupe français récolte aussi les fruits de l’adoption massive du mobile en Afrique, où il compte maintenant 122 millions de clients sur ce segment. 

La stratégie multi-services d’Orange va-t-elle porter ses fruits ?

Outre ces résultats, il y a une autre donnée essentielle à prendre en compte pour avoir une meilleure visibilité sur les prochaines performances financières d’Orange. En effet, le groupe s’est attelé à mettre en place une stratégie multi-services pour assurer sa transformation et ainsi devenir un acteur qui va bien au-delà des télécoms pour répondre aux nouveaux besoins des consommateurs en matière de communication, mais pas seulement. L’offensive dans le segment B2B, et notamment la cybersécurité, en est d’ailleurs l’illustration. 

Ces deux dernières années, Orange s’est également illustré avec deux projets relativement éloignés de son cœur d’activité, à savoir la néobanque Orange Bank et l’enceinte connectée Djingo. Lancée en 2017 avec plusieurs mois de retard, en raison de bugs de l’application mobile, la banque en ligne Orange Bank a conquis un peu plus de 500 000 clients en deux ans, alors qu’elle en attendait 400 000 dès sa première année d’exploitation. Au niveau financier, l’addition est salée avec environ 400 millions de pertes cumulées. 

«Orange Bank est un actif immatériel»

Cependant, aux yeux de Sébastien Crozier (CFE-CGC Orange), il ne faut pas limiter la grille de lecture de projets comme Orange Bank aux résultats économiques. «Il ne faut pas voir Orange Bank comme un produit isolé, mais en tant que produit qui génère des externalités positives», explique-t-il. Avant de détailler ces externalités : «C’est un projet qui fédère l’ensemble des collaborateurs du groupe, crée du trafic en magasin pour permettre de faire des rebonds commerciaux et maintenir un bon réseau de distribution, et cela nourrit l’image d’une entreprise qui fait d’autres choses que les télécoms. Mais tout ça, cela n’apparaît pas dans les chiffres économiques.» Et d’enfoncer le clou : «Demain, personne ne sera surpris si l’on vend d’autres services. Dans ce contexte, Orange Bank est un actif immatériel pour créer un univers de marque qui s’étend.»

Face à des acteurs comme N26 et Revolut, qui ont des ambitions à l’échelle mondiale, Orange Bank est attendu au tournant. Cependant, l’exemple d’Orange Money incite Sébastien Crozier à l’optimisme. «Il a fallu 10 ans pour qu’Orange Money représente 8% du chiffre d’affaires en Afrique et 1% des revenus du groupe aujourd’hui. Pour Orange Bank, regardons ce que ça donne dans huit ans…», tempère-t-il. 

Stéphane Richard, le PDG d’Orange. Crédit : Orange.

Djingo, le caillou dans la chaussure d’Orange 

En ce qui concerne l’enceinte connectée Djingo, l’équation apparaît plus complexe. Lancée le 13 novembre dernier, après de longs mois de flottement, elle n’a pour l’instant pas rencontré le succès escompté en magasin. «Les chiffres de vente sont modestes, mais nous n’avons eu aucune action de vente, pas de campagne de communication, cela va commencer maintenant, le lancement commercial réel va se faire en 2020, nous allons y mettre les moyens», avait déclaré en janvier Stéphane Richard, venu jouer les pompiers de service devant la presse.

Orange avait pris du retard dans le développement de son assistant vocal, en raison des problèmes dans l’interconnexion des fonctionnalités smart home, mais aussi dans la mise en oeuvre du système de reconnaissance vocale multilingue. Des difficultés qu’Orange imputait à une période d’apprentissage longue et complexe. Dans ce cadre, pourquoi Orange s’entête-t-il avec un produit trop complexe à concevoir et à commercialiser ? Seul Stéphane Richard le sait.

Toujours est-il qu’Orange est en pleine mutation et multiplie les projets pour se diversifier… comme les GAFA. «Ce que nous a montré l’émergence des GAFA, et en particulier Amazon, c’est qu’en réalité ils ont reconstruit des conglomérats multi-activités. On ne sait plus très bien dans leur écosystème quel est leur élément clé», note Sébastien Crozier. Et de conclure : «Ce qu’est en train de faire Orange, c’est de passer du statut d’opérateur télécoms à celui d’opérateur numérique.» Orange n’est peut-être pas le GAFA européen tant attendu depuis plusieurs années, mais sa stratégie de diversification est un pari sur l’avenir. Reste à savoir s’il sera payant. 

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