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François Hollande à San Francisco: « je voudrais le voir donner l’accolade à Jean-Baptiste Rudelle comme Obama le fait avec Zuckerberg »

Qu’attendent les french-entrepreneurs de la visite de François Hollande à San Francisco ? Interview de Jonathan Benassaya du site media center Stream Nation, et de Guillaume Decugis, co-fondateur de la plateforme de curation Scoop.it.

JonathanBenassaya

C’est 100 fois plus dur ici, dans la Silicon Valley

FW: Quelle doit être la vision de l’innovation d’un Président ?

Laisser les entreprises se développer et faire en sorte que les entrepreneurs soient reconnus pour leur création d’emploi et de valeur. Il ne doit surtout pas entrer dans la marche des affaires et doit être fier quand un géant mondial fait les yeux doux a une de nos sociétés. Le monde de l’internet est sans frontière et le protectionnisme entraîne tout sauf l’effet escompté…

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FW: Comment réconcilier les entrepreneurs français avec leur pays ?

Il faut changer la culture française sur la réussite. Encourager les entrepreneurs à réussir au lieu de les saigner en permanence et les jeter en pâture pour tous les maux de la société. Ils sont le poumon de notre société et si vous les tuez, ils partiront car, au contraire des salariés, ils donneraient tout pour que leurs affaires réussissent. Ils sont passionnés.

FW: Que dire de l’exil des Français ..?

Rien si ce n’est une conséquence normale vu les évolutions de ce pays.

FW: Si tu avais un lieu à montrer à François Hollande, ce serait lequel ?

La 101 ( Nldr : l’autoroute 101), le matin de 8h à 10h où les gens mettent des heures pour aller au boulot tellement l’économie est florissante ici…

FW: Si tu avais un mythe à faire tomber sur la Silicon Valley, ce serait quoi ?

Qu’on peut tout faire ici. C’est faux, c’est 100 fois plus dur.

FW: Un message personnel ?

Vu les récents développements en France, je me pose de sévères questions quant à mon changement de nationalité ! Venant d’une famille s’étant battue pour la France que ce soit au moment de la Shoah, au moment de la reconstruction, ou tout simplement dans leur activité professionnelle d’enseignant. Je suis dégoûté par ce que je lis et j’entends…

Guillaume Decugis

Donner de l’amour aux entrepreneurs

FW: Quelle doit être la vision de l’innovation d’un Président ?

Tout simplement commencer par embrasser l’innovation. En France aujourd’hui, je ne crois pas que ce débat soit tranché: beaucoup d’hommes politiques – quelque soit leur camp – semblent avoir peur de l’innovation parce qu’ils ne la comprennent pas. Il faudrait qu’ils s’y intéressent beaucoup plus quitte à même devenir « early-adopters ». Par exemple, 2014 sera l’année des objets connectés: verra-t-on des hommes politiques porter le bracelet connecté de Withings, un des leaders du marché et une boîte française? A cause de ce désintérêt et de cette incompréhension, on parle beaucoup plus de principe de précaution et des dangers de l’innovation qu’on ne parle des bénéfices de l’innovation. Il faudrait changer le modèle et affirmer clairement que l’innovation est primordiale pour la croissance économique et pour réduire le chômage.

FW: Comment réconcilier les entrepreneurs français avec leur pays ?

Quand j’étais gamin au début des années 80, mon père qui travaillait dans l’informatique me racontait les débuts d’Apple et de Microsoft. Du coup, dans ma chambre, j’avais un portrait de Steve Jobs alors que mes copains avaient plutôt Platini ou Noah. Avoir des modèles positifs est important pour changer une culture et créer des vocations: c’est peut-être parce que Scoop.it est une plateforme de communication, mais je crois à la force des messages. Et donc si il y a une choses que les hommes politiques peuvent faire et qui ne coûterait rien au budget de la France, c’est donner de l’amour aux entrepreneurs. On encense Noah et Zidane – à juste titre – mais célébrons également l’IPO de Criteo dans la classe politique: je voudrais voir François Hollande donner l’accolade à Jean-Baptiste Rudelle comme Obama le fait avec Zuckerberg.

FW: Que dire de l’exil des Français ..?

D’abord je n’ai pas d’avis sur le fait qu’il s’accélère ou non. Personnellement, je ne me considère pas comme exilé: je suis parti dans la Silicon Valley il y a 20 ans pour y finir mes études, je suis revenu en France ensuite où j’y ai monté une première boîte, Musiwave, qui a très bien marché et créé durablement 200 emplois en France. Je suis revenu à San Francisco il y a 3 ans car le marché de Scoop.it était aux US (55% de nos clients sont américains). Mais 2/3 de nos employés sont à Toulouse et je reviendrai un jour en France . On ne peut pas vouloir être moderne, innovant et dans la mondialisation, et refuser que les Français s’expatrient: c’est au contraire une chance de moderniser le pays car ils reviendront avec un point de vue différent – ce qui manque d’ailleurs aux hommes politiques professionnels qui ne font que très rarement une partie de leur carrière à l’étranger.

FW: Si tu avais un lieu à montrer à François Hollande, ce serait lequel ?

Le campus de Stanford. L’éducation reste la clé pour faire avancer les mentalités et en France, elle dépend en plus de l’Etat. C’est à Stanford que j’ai réalisé que je pourrai être entrepreneur un jour et que j’en avais envie. Auparavant, en sortant pourtant d’une grande école française, je croyais que ça me serait impossible.

FW: Si tu avais un mythe à faire tomber sur la Silicon Valley, ce serait quoi ?

Penser que c’est plus facile qu’en France. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, c’est sans doute plus difficile au contraire: oui, il y a plus de d’investisseurs et un environnement génial, mais il y a bien plus de concurrence et les gens ici ne nous ont pas attendus. D’ailleurs, avec la plupart de mes amis entrepreneurs, nous faisons le même constat: nous ne sommes pas venus ici parce que c’était plus facile mais parce que c’était plus difficile. Comme jouer la coupe du monde plutôt qu’être en division nationale. Mais c’est justement ce qui est intéressant et qui fait qu’on est constamment stimulé: en se confrontant aux meilleurs, on est obligé d’essayer de se dépasser.

FW: Un message personnel ?

J’espère qu’à travers les médias, la visite du Président sera l’occasion de célébrer l’innovation et l’entrepreneuriat et pas de se lamenter sur une hypothétique fatalité française en faisant croire qu’il n’y a que la Silicon Valley qui marche. Donnons envie et ne sombrons pas dans la sinistrose: la France est un super pays pour y monter sa startup en y bénéficiant d’aides, de coûts salariaux faibles avec des ingénieurs ultra compétents. Yes, we can!

Amar_ClavierLire les interviews de Michael Amar (Ifeelgoods) et Jeff Clavier (SoftTechVC)

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5 commentaires

  1. frenchweb pas sur qu’il sache même qui il est… Start-up c’est encore un mot nouveau en France.

  2. frenchweb bibicheri en 35 ans jbrudelle ne m’a jamais fait de hug donc vous pouvez toujours rêver ;-)

  3. frenchweb à quoi bon donner l’accolade mnt à jbrudelle? il fallait le faire au début, dans les moments de doute et de galère

  4. Pas besoin d’être aux US pour se lamenter des maux français: nous, entrepreneurs en France, y faisons fassent tous les jours. Un éclairage sur certaines spécificités de la silicon valley que nous ne connaissons pas (s’il y en a encore) aurait été plus intéressant.
    Par ailleurs, vous dites (M.Benassaya) que votre famille s’est battue pour la France, pourquoi ne pas s’en inspirer, plutôt que d’envisager de changer de nationalité?
    Enfin, oui le monde est global et le marché mondial, à part de brillants énarques en politique, toute les nouvelles générations l’ont bien compris.

  5. @neomaniacs Start-up n’est peut être pas un mot français à  l’origine mais « entrepreneur » oui…cf cockerel revival video http://vimeo.com/84684363

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