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Fleur Pellerin : « Nous voulons faire de la France un paradis du financement participatif »

La ministre était présente ce matin au siège de PriceMinister-Rakuten pour un petit déjeuner avec la presse

« Nous voulons faire de la France un paradis du financement participatif ». C’est en ces termes ambitieux que Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique, a évoqué ce matin au siège de PriceMinister-Rakuten, lors d’un petit déjeuner avec la presse, les futurs projets du gouvernement en matière de crowdfunding et, plus largement, d’économie collaborative. Car c’est ici qu’est l’enjeu du e-commerce dans l’hexagone pour les années à venir.

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fleur-pellerin-priceminister

L’emballement des Français pour le e-commerce entre particuliers se confirme. 80% des acheteurs et des vendeurs sur internet le font au moins deux fois par an en 2013, contre 65% en 2006. C’est un des principaux faits qui ressort du Baromètre du « CtoC PriceMinister-Rakuten & La Poste » réalisé par OpinionWay**. Sans surprise, les livres et les vêtements arrivent en tête des produits les plus échangés entre consommateurs sur internet.

Si les internautes arguent la fin du gaspillage, la réduction des coûts ou le gain de place réalisé chez soi comme principaux facteurs de motivation pour vendre leurs biens, la crainte d’une escroquerie ou le plus faible niveau de garanties restent les principales entraves au développement du commerce C to C (consommateur à consommateur, ndlr), sans pour autant le freiner. Celui-ci est d’ailleurs pratiqué par 72% des internautes.

Un vecteur de lien social

Cet enthousiasme devrait se poursuivre avec l’avènement de l’économie collaborative, c’est à dire la location ou l’échange de biens ou services entre particuliers sous formes de transactions financières ou de trocs, au coeur des discussions ce matin chez PriceMinister-Rakuten. Le secteur est propulsé par de nombreux acteurs à forte notoriété comme la plateforme de location de logements de pair à pair Airbnb ou celle de crédits, Prêt d’Union, qui a récemment levé 10 millions d’euros auprès Schibsted, la société norvégienne éditrice du site Le Bon Coin [en savoir plus avec notre entretien : Schibsted (Le Bon Coin) investit 10 millions d’euros dans Prêt d’Union].

Avec le covoiturage, le soutien scolaire et l’entretien de la maison en peloton des services les plus recourus, le baromètre révèle qu’au delà de l’aspect pratique, l’économie du partage est surtout considérée par les utilisateurs comme un « vecteur de lien social » et un « moyen de remettre l’humain au coeur de l’économie ».

« Airbnb est déjà le huitième hôtelier du monde »

Le manque de visibilité sur la qualité des produits ou services échangés et sur les recours possibles en cas de problème restent cependant des freins importants. Pour ce faire « il est indispensable que les plateformes, jouant le rôle de tiers de confiance, offrent toutes les garanties nécessaires de sécurité et de professionnalisme » précise Charles Egly, Président de Prêt d’Union. Véritable engouement, huit Français sur dix estiment que ce système est amené à se développer. Et le phénomène ne fait que commencer.

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« Airbnb représentait en 2012 l’équivalent du huitième hôtelier mondial en nombre de chambres. Or, de janvier 2011 à juin 2012, il a connu une croissance de 400% là où l’industrie de l’hôtellerie croît généralement de 5% par an » précise Frédéric Fréry, professeur de stratégie à l’ESCP Europe. Constatant l’émergence de ces nouvelles plateformes qui cannibalisent une partie de leurs ventes, les acteurs traditionnels activent leurs réseaux pour se protéger légalement. Avec un certain succès. La mairie de New-York impose par exemple depuis 2011 aux utilisateurs d’Airbnb de déclarer leur activité comme « hôtelière » s’ils souhaitent louer des chambres pour une durée inférieure à 29 jours. « Les groupes hôteliers vont essayer de les bloquer, en jouant sur les normes de sécurité par exemple ». La ville de Paris, place majeure du tourisme mondial, et le gouvernement français se sont saisis du dossier et devraient bientôt légiférer. En n’étant pas soumis aux mêmes réglementations fiscales, normes ou contraintes de sécurité, beaucoup les accusent de tirer les créations de richesses vers le bas et de pratiquer ainsi une « concurrence déloyale ».

Fleur Pellerin réagit en précisant que le gouvernement est attentif aux inquiétudes mais rappelle que l’économie collaborative « ne s’explique pas seulement par la crise, mais qu’il s’agit d’une tendance réelle ». Difficile de trouver un juste équilibre entre acteurs traditionnels et nouveaux protagonistes de l’échange en ligne. Si elle propose d’adapter la législation en vigueur pour répondre aux attentes, elle promet en contrepartie que la Bpi dédiera un fonds aux innovations non technologiques pour favoriser l’essor de ces nouveaux usages.

Créer des produits inexistants auparavant

« Pourquoi acheter une perceuse lorsque l’on sait qu’elle est utilisée en moyenne douze minutes dans une vie (selon une étude). Cela n’a économiquement aucun sens pour de nombreux particuliers qui préfèrent dès lors la louer. Il en est de même avec les voitures qui restent garées, et donc inutilisées, 93% de leurs temps de vie en moyenne » précise M. Fréry.

quirky-electronics

A contrario de solutions purement alternatives aux commerces historiques, l’économie collaborative suscite également la création de nouveaux produits qui n’existeraient pas sans elle. Quirky propose ainsi à ses utilisateurs de soumettre une idée que la communauté va pouvoir affiner par la suite. Une fois validée, la société fabrique le bien et le commercialise. Dernier en date, une fiche multi-prise articulée. Ne souhaitant pas louper le coche, Auchan s’est saisit de l’opportunité en signant un accord de distribution avec la startup la semaine passée.

La Poste aussi ne compte pas rester en marge du phénomène qui devrait décupler le nombre d’envois postaux. Pour y faire face, elle a reconnu ce matin tester dans les Yvelines un dispositif où les particuliers affranchiront leurs colis en ligne et les expédieront en les déposant dans leurs propres boîtes aux lettre. Preuve qu’économie collaborative et acteurs traditionnels peuvent cohabiter. Parfois du moins.

 

**Le Baromètre du CtoC PriceMinister/La Poste/OpinionWay est une étude quantitative réalisée auprès d’un échantillon de 1000 personnes, représentatives de la population des internautes français âgés de 15 à 69 ans (dont 895 individus âgés de 18 à 65 ans), selon les critères de sexe, d’âge, de CSP de la personne interrogée, de région et de taille d’habitat.
Crédits photos : Olivier Harmant, Frenchweb
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24 commentaires

  1. « financement participatif  » ça va dans la ligne « impôts et taxes » non ?

  2. ben dis donc! YOUOUOU Ombline le Lasseur et Vincent Ricordeau

  3. j’ai un peu l’impression que c’est la seule personne du gouvernement à faire son travail !!! qu’en dites-vous ?

  4. Les particuliers pourront désormais prêter avec intérêt jusqu’à 250€ par an et par projet à des personnes physiques ou morales, avec un minimum de 20 internautes et un montant maximum de 300 000€ par projet, ce qui porte à 1 200 le nombre de contributeurs pouvant se réunir sur un seul et même projet. Au-delà, un agrément bancaire devra être obtenu ainsi qu’un contrôle de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR).
    http://lecercle.lesechos.fr/entrepreneur/compta-finances/221184141/quel-choc-reglementation-finance-participative

  5. idem. Si ça marche c’est carrément une révolution!

  6. C’est une super initiative (de s’intéresser au financement des startups) mais comme d’hab les lobby sont passés par là. J’ai un ami qui a levé plus d’un million de dollars sur ces plateformes alors qu’il en cherchait avec humilité seulement 60 000.
    300 K€ par projet ? C’est bien mais trop peu, pourquoi limiter ? Si on fait ça pour le développement économique pourquoi brider les montants ?
    Décidément je ne comprend rien à ce gouvernement. Ils n’arrêtent pas de dire qu’ils se battent pour l’emploi et les entreprises mais dans les faits ils mettent plus des bâtons dans les roues à tout le monde qu’autre chose.

  7. Depuis toujours le socialisme (même à la française) prétend vouloir aider les gens, mais à condition de les contrôler, et que les gens adhèrent. Donc pour les bâtons, c’est normal !

  8. Pour ouvrir, non (encore que), mais pour survivre ou prendre son essor (sans business angels), alors oui, hélas

  9. @LBF  Le passé (et tout à fait présent encore) du crowdfunding s’appelle la Tontine, dans les pays du Sud par exemple.
    Il s’agit de cotiser à plusieurs, et quand une somme prévue est atteinte, on tire au hasard qui va l’utiliser. Puis on recommence. C’est un bon moyen pour racheter tous les cafés (puis magasins) de l’avenue de la République à Marseille, par exemple, dans les années 80-90.

    L’avenir du crowdfunding en pourcentage, on s’en fiche.
    C’est savoir où il peut être utilisé qui importe, pas d’où il vient –sauf que ce crowdfunding peut donner droit à des parts (comme les shares virtuelles de la bulle internet d’il y a 10 ans) qui leur permettront des gains substantiels (ou pas.)

    Ce qu’il faudrait pour que ça marche en France, c’est permettre aux investisseurs Français d’en avoir de meilleurs avantages que la loi Duflot, par exemple, qui crée des logements vides ou des locataires contraints par des propriétaires non-habitants.
    Le logement moral n’est pas un investissement pour faire payer par quelqu’un d’autre son habitat, mais pour y habiter soi-même –ou nos enfants.

    Alors quand la participation à l’essor économique sera déduite des revenus au même titre, on en reparlera !

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