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Les Fintech: très «fin», mais peu «tech»

Dans le milieu des start-ups, les Fintech sont à la mode. Elles lèvent des capitaux, font des promesses sur la révolution financière annoncée. Mais in fine, l’originalité des start-ups visant le grand public demeure faible. Une intermédiation technologique, sur de la gestion financière très classique.

Petit tour d’horizon.

En crédit, Prêt d’Union, qui a prêté plus de 350 millions d’euros, change de nom pour devenir Younited Credit. Intéressé par le marché italien, l’équipe a souhaité internationaliser son nom pour faciliter la reconnaissance et accentuer ses chances de devenir le leader européen du crowdfunding. Le principe de la société est simple : accorder des crédits aux particuliers. La demande de crédit se monte, depuis la création, à plus de 6 milliards d’euros ! Pour ce faire, Younited réunit des investisseurs institutionnels et privés pour investir dans des fonds qui prêtent ensuite aux particuliers sélectionnés. Le rendement net effectif s’échelonne entre 2,8% annualisé et 4,11% selon le profil de risque choisi. Les particuliers empruntent à des taux compris entre 3,5% et 6% en fonction du profil de la personne et du risque de son projet. Son fonds principal se monte à près de 90 millions d’euros, et approche donc la barrière symbolique des 100 millions d’euros qui devrait faciliter l’arrivée de nouvelles souscriptions. Par comparaison, l’un de ses principaux concurrents, Lendix / October, qui vise plutôt les PME, n’a prêté pour le moment que 19 millions d’euros. Ces deux sociétés sont encore loin de Lending Club, le leader de la catégorie, qui, outre-Atlantique, a prêté plus de 16 milliards de dollars depuis sa création (2006).

Du côté de la gestion de portefeuille, Anatec change de nom également et opte pour WeSave. Sa plateforme, lancée le 19 avril, propose des contrats individuels d’assurance-vie déposés chez Suravenir. L’innovation réside dans la médiation financière par Internet. Malheureusement, les frais ne sont pas négligeables : 0,7% pour la plate-forme, 0,6% pour SurAvenir, et entre 0,1 et 0,3% de commissions de gestion sur les fonds indiciels (permettant de reproduire la performance d’indices de tout type, actions, obligations ou matières premières) pour les unités de compte. Total au minimum de 1,3%, ce qui reste assez cher lorsque le rendement d’une assurance vie en euros plafonne à 2,5% net en moyenne en 2015 ! Rendement qui devrait continuer de baisser dans les années à venir. L’obsession de WeSave ? Rassurer le client par une présence constante d’un conseiller en gestion patrimoniale. Proche et présent par téléphone, chat ou mail.

Cette adaptation à la culture patrimoniale financière apparait bienvenue dans le contexte français assez frileux en matière d’innovation financière. Par exemple, l’entretien avec un conseiller est fortement recommandé à l’ouverture du compte pour valider le profil de risque et de performance du portefeuille. L’aspect quantitatif est développé via différents indicateurs calculés sur les marchés financiers mais n’est qu’une aide à la décision des allocataires de portefeuille. Pas d’intelligence artificielle de prise de décision automatique, pas de gestion quantitative automatique. Même chose pour les concurrents, Advize, spécialiste de l’assurance vie en ligne, pour 1,45% par an ou Yomoni, qui, pour 1,6% par an, prend en main la gestion d’actifs des particuliers directement sur leur compte-titres. Ces derniers viennent d’ailleurs de débaucher un professionnel de la gestion, un ancien de la Financière de l’Echiquier, pour consolider leur démarche.

Blockchain et bitcoin: il est trop tôt pour savoir

Ces start-up destinées au grand public restent sur le domaine connu de la gestion de portefeuille et de crédit par Internet. Ce qui existait déjà sous des formes légèrement différentes, via les brokers en ligne ou les spécialistes de crédit à la consommation. Bref, pour trouver de l’innovation financière, il faut se tourner soit vers des secteurs spécialisés des fonds d’investissement (hedge funds, fonds quantitatifs) développant des algorithmes pour professionnels, soit vers des propositions de rupture dont il est difficile de prévoir les perspectives. On peut penser à Nickel (compte bancaire sans banque) ou, dans une toute autre mesure, au Bitcoin.

Cette dernière est une monnaie privée dont l’émission décentralisée est contrôlée par des algorithmes et fonction de la puissance de calcul mise en oeuvre par les participants. C’est le principe de la technologie Blockchain. Elle intéresse beaucoup de monde outre-Atlantique, parmi les grands noms de la finance (JP Morgan, Citibank, etc) sans que l’on comprenne bien (pour le moment) les débouchés potentiels, à la fois professionnels ou grands publics. On parle de nouvelles monnaies (encore peu utilisées), de nouveaux procédés assurantiels, de nouvelles places de marchés, de baisses des coûts de transaction. Le secteur est en pleine ébullition, rendant la lecture difficile. Plusieurs types de blockchain (fonctionnant à la preuve de travail ou preuve de participation), plusieurs monnaies privées se concurrencent, et plusieurs établissements tentent de prendre le leadership de cette catégorie. Bref, il est trop tôt pour savoir ce que cette innovation devrait apporter concrètement au secteur financier.

Le secteur fintech est en train de se structurer, avec une présence en ligne de plus en plus forte, mais il se plie à la culture financière française, davantage axée sur la sécurité que sur l’innovation. Celle-ci, comme les bitcoin, reste donc peu accessible. Gageons que les choses devraient évoluer dans les mois et années qui viennent !

 

jb-duchalardFinancier, spécialisé sur le marché obligataire. Observateur attentif des nouvelles formes de gestion financière, notamment dans la fintech.

 

 

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3 commentaires

  1. « Malheureusement, les frais ne sont pas négligeables : 0,7% pour la plate-forme, 0,6% pour SurAvenir, et entre 0,1 et 0,3% de commissions de gestion sur les fonds indiciels (permettant de reproduire la performance d’indices de tout type, actions, obligations ou matières premières) pour les unités de compte. Total au minimum de 1,3%, ce qui reste assez cher lorsque le rendement d’une assurance vie en euros plafonne à 2,5% net en moyenne en 2015 ! »

  2. @disqus_SJh4t1nizM:disqus Je parle là des fonds euros (majoritaires en France), dont la performance est plus lisible et prévisible que les unités de compte, vu que ceux-ci sont investis pour tout ou partie en valeurs mobilières (actions, immobilier, autre). Or l’évolution des marchés actions est nettement plus compliquée et moins prévisible que celle des marchés obligataires. Par exemple, le Cac 40 est à -1,7% sur 2016 à aujourd’hui, le risque de baisse n’est donc pas nul en UC. Je reprends les termes classiques de comparaison dans l’industrie. Et il y a des frais aussi pour les UC…

    Sur l’innovation, c’est tout à fait vrai, je me pose juste la question de son accès plus large, vu qu’elle existe dans les fonds professionnels, notamment.

  3. Tout à fait d’accord avec Raphael sur la partie UX Robo_Advisor … et il y a de la tech (demo dispo ;) !
    Par ailleurs les offres comme celles d’Advize permettent justement aux épargnants « non-initiés » d’accéder aux unités de compte avec un réel service de conseil, de suivi et d’exécution. Grâce à notre plateforme, nous avons industrialisé les process utilisés par les institutionnels et rendu l’accompagnement et le conseil accessibles aux particuliers quel que soit leur niveau de patrimoine. Enfin pour les frais … c’est faux ! Attention aux additions hâtives. Les frais du contrat Ma Sentinelle Vie sont de 0,60% sur la part en fonds euro et de 0,85% sur les UC …

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