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Les GAFA et mes données personnelles: la belle démagogie réactionnaire

Un dimanche matin de rentrée. A la radio, un écrivain respecté. Son credo du moment? Les Google, Apple, Facebook, Amazon et autres Netflix sont de potentiels monstres totalitaires en puissance, pillant nos données sans nous demander notre avis, et pouvant nous faire perdre à court terme notre humanité.

Notez que je suis d’accord sur un point. Il est sans doute du rôle des personnes médiatiques de porter à la connaissance des masses les risques que peut représenter l’hégémonie des géants américains sur nos données.

Mais! Informer, oui. Jouer sur les peurs, non. S’il est important de rester lucide sur les dangers d’une mauvaise utilisation de nos données, ce genre d’argumentation occasionne plus de dégâts qu’elle n’en prévient.

Il est parfois trop facile de parler de technologies que peu de gens connaissent vraiment (les «big data») en remuant leurs peurs orwelliennes les plus enfouies, à coup de succession de phrases choc démagos (votre assurance va vous coûter plus cher si elle vous surveille sur Facebook), d’arguments de science fiction quelque peu fantasmés (bientôt Amazon écrira des livres tout seul) ou autres citations venant «d’un haut responsable du renseignement français» (sic) qui lui a dit que «le monde courait à la catastrophe» (sic bis).

Peut-on pour une fois envisager une innovation sous son angle positif, plutôt que de rester accroché à des systèmes de pensée issus du siècle dernier?

Car ces nouvelles technologies sont une chance. Ces nouvelles technologies sont un progrès. Pour la première fois dans l’histoire humaine, nos comportements peuvent effectivement être suivis par des outils informatiques, utilisant les traces que l’on laisse en vivant (les fameuses données).

J’ai l’honneur d’avoir créé, avec d’autres, une société qui peut (avec votre accord) utiliser l’ensemble de vos données pour vous permettre de mieux vivre. De mieux gérer votre diabète, d’éviter des accidents cardio-vasculaires, de mieux supporter votre cancer, de mieux vivre votre grossesse ou tout simplement de rester en bonne santé. Que n’entendons-nous pas au quotidien sur les données!

Oui Madame, Monsieur, nous utilisons vos données, et nous pourrons grâce à cela peut-être vous sauver la vie. Non Madame, Monsieur, ces données ne sont transmises à personne, car elles ne concernent que vous. Personne d’autre que vous ne peut y avoir accès. Car ce n’est pas notre conception de la santé digitale, et qu’en plus la loi l’interdit.

Arrêtons de stigmatiser le débat autour des données personnelles. Il existe en France, dans le monde, des sociétés, des personnes de confiance qui considèrent vos données comme une chance pour vous. Et qui créent des services pour vous permettre d’en profiter, tout en vous respectant, vous et vos données. En toute honnêteté, en toute transparence.

Cela ne vous suffit pas? Aucune de ces sociétés (ni même les GAFA) ne vous enlèvera votre libre arbitre: si vous ne faites pas confiance à Google, n’utilisez pas Google. Et Google n’aura pas accès à vos données. Mais ne transformez pas une paranoïa dans l’ère du temps en un mode de vie réfractaire par principe à toute utilisation intelligente de vos données. Et surtout, pas de prosélytisme facile.

Non, un algorithme n’est pas un gros mot. Non, l’Intelligence Artificielle ne va pas vous commander demain (car elle en est tout bonnement incapable). Non, toute société ou produit digital vous demandant vos données ne vous veut pas forcément du mal.

Oui, il faut faire attention à ce que chacun reste protégé dans sa vie privée. Oui, il faut informer sur les possibles dérives de ces systèmes.

Mais ne faisons pas le match avant qu’il soit joué, et surtout, ne laissons pas une démagogie primaire user le potentiel d’une bonne utilisation de nos données avant même ! que l’on ait pu mesurer concrètement le progrès qui en sera issu.

Paul-Louis--BELLETANTEPaul-Louis Belletante est le fondateur de la start up Betterise Health Tech (11 collaborateurs) fondée en 2014, qui propose des services digitaux d’accompagnement santé intelligents et personnalisés. 

Leur principal produit: Betterise.me.

Crédit photo: Fotolia, banque d'images, vecteurs et videos libres de droits
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5 commentaires

  1. On est d’accord, la data bien utilisée va « globalement » nous aider à mieux vivre. On est d’accord aussi, il faut arrêter de flipper quand on vous installe un compteur électrique connecté, ou que votre téléphone est équipé d’un GPS.

    Maintenant, il ne faut pas non plus être naïf : Amazon, , Apple, FB et Google sont bel et bien en train de mettre en place des systèmes pour en savoir plus sur nous, avec un objectif unique : nous vendre tout un tas de trucs dont nous avons plus moins besoin, vendre de la pub ciblée aux marchands de lessive, nous rendre dépendants de leurs services, etc.

    Le problème est multiple :
    1) leurs modèles de « dématérialisation » ou de services sont fait pour rendre l’utilisateur dépendant d’un unique fournisseur… que ce soit l’Apple Store, le Kindle, Netflix ou d’autres, ces services, s’ils ont des côtés positifs (partage de playlists, recommandations, etc) sont aussi un piège dans la mesure ou changer veut dire repartir de zéro… par ailleurs ils sont aussi un moyen fantastique de pousser à la consommation.
    2) soyons honnêtes, ça marche très mal. Il suffit de s’acheter une fois une paire de chaussures en ligne et de voir ensuite où qu’on aille sur le Web ou sur son mobile des pubs pour des chaussures (celles qu’on a achetées, en fait), pour constater que le monde merveilleux de la pub personnalisée est une arnaque pour annonceur naïf et pour internaute qui n’y connait rien. On peut aussi aller voir ce que les annonceurs croient savoir sur nous via des interfaces d’un autre âge pour découvrir qu’on aime des trucs improbables genre la pêche à la ligne ou le kite surf – sans doute parce qu’on a fait l’erreur de regarder quelques videos sur Youtube. On aime aussi la mention risible, quand on souhaite renoncer au « ciblage », qui nous menace de ne plus voir de publicité « adaptées à notre profil »…. Bref on est très loin du compte, et c’est vite très pénible – le succès d’AdBlock Plus n’est pas un hasard.
    3) Ce modèle publicitaire ne marche pas lui non plus – personne n’y trouve son compte : ni les annonceurs qui ont de plus en plus de mal à lancer des campagnes media efficaces, ni les supports (sites d’information) qui sont tous déficitaires voire en faillite…. seuls les marchand de data et les agences média gagnent des milliards – mais cette situation peu saine ne peut pas durer très longtemps….

    4) La loi est loin d’être la même partout. Il est assez clair qu’aux US, les dérives sont déjà en route : un test d’ADN vous permet de payer votre assurance moins cher – ou pas. Là encore il ne faut pas faire d’angélisme : il y a tout un tas de gens intéressés par les données de leurs prospects, et tous ne sont pas honnêtes on n’ont pas des intentions philantropiques…..

    5) La sécurité du Web est faible, c’est un fait…. les identifiants Dropbox qui trainent dans la nature, les numéros de carte bleue volés sur des serveurs, les usurpations d’identité, c’est du réel. Utiliser le Web implique d’être prudent.

    Bref tout ça est surement formidable.. personnellement j’utilise internet, et j’achète en ligne – et je serais ravi d’avoir un jour un compteur intelligent chez moi, mais par contre je fais très attention – et je fuis comme la peste certains marchands comme Apple. Je n’ai pas de compte Google, je surfe le plus souvent en mode anonyme, j’utilise AdBlock Plus et je nettoie mon ordi une fois par semaine….

  2. Naïveté ? Inexpérience ? Mercantilisme ? Une combinaison du tout pour vendre votre salade, probablement. Nous injecter votre petite musique, ai confiance, ai confiance. Nous sommes tout petits mais nous sommes plus sécurisés que les GAFA, ai confiance… Pitoyable

  3. Si Google et les autres ne prétendaient pas vouloir « rendre le monde meilleur » (un claim corporate, marketing et motivationel à la mode US) tout en capturant massivement (et à leur insu) les données personelles des utilisateurs, les citoyens et les pouvoirs publics (élus…) ne s’emouveraient pas autant.

    Il ne s’agit pas de freiner le progrès mais de s’assurer que l’intéret général est préservé et que les libertés individuelles sont respectées dans les démocraties, quitte à utiliser des images « orweliennes » aussi populistes que les arguments de ces firmes, histoire de rétablir un peu d’équilibre et stimuler l’esprit critique de chacun.

    Larry Page n’a pas recu les suffrages du monde pour rendre le monde meilleur, il reçoit le plébiscite de 3 miliards d’utilisateurs d’internet, une ressource collective et mondiale faite de la contribution de chacun, sur un algorithme de recherche efficace et financé par des annonceurs (gratuit donc). Ce n’est pas exactement un mandat légitime pour faire n’importe quoi.
    Je pense personellement que tout un marché va se développer autour de la protection individuelle (pour garantir l’opt in et l’opt out, pour bénéficier d’internet tout en gardant le controle) et que ce marché sera developpé par la mouvance ‘libre » de l’internet (Tor, mozzila,…).

    raymondesaintgilles@hotmail.com

  4. Bonjour,
    Et bien ça fait bien longtemps que je n’ai pas lu un propos comme celui-ci, mêlant béatitude intéressée et naïveté controllée, sous couvert de soi-disante démocratisation à 2 sous hahahaha !
    Allez, pour essayer d’aller au but, reprenons quelques bribes (perles ?) du propos :

    « si vous ne faites pas confiance à Google, n’utilisez pas Google. Et Google n’aura pas accès à vos données. »

    Je pense que c’est le meilleur passage… Sincèrement, on se demande même si vous n’y croyez pas vraiment vous-même tellement c’est beau ;) Jouons tout de même le jeu : vous croyez que si vous n’utilisez pas Google, ce dernier n’aura pas vos données ? sérieux :-) ? Mais mon cher monsieur, non seulement c’est l’inverse total de la réalité, mais en plus ça ne fait vraiment pas crédible 2 secondes. Je vous propose d’installer un logiciel de votre choix pour monitorer vos connections sortantes et vous réveiller un peu. ça fait vraiment longtemps qu’il n’y a plus besoin de faire de l’opt-in pour que Google vous ait dans sa BDD, il a déjà soudoyé 95% des webmasters de la terre entière avec ses adsense, analytics & co (au pire il sniffera avec ses fonts), sans compter les IP, referers, cookies divers et variés, les pixels, les images etc… On peut éviter FB un peu plus facilement, Google faut vraiment être très attentif.
    Si vous ne comprenez rien – ce dont je doute – installez simplement Ghostery et faites vos stats perso, ça vous donnera une piste, plutôt que de jouer les pauvres naïfs hébétés en 2016…

    « Non Madame, Monsieur, ces données ne sont transmises à personne, car elles ne concernent que vous »

    Excellent… Et ben super alors… Puisqu’elle ne concernent que moi, elles ne sont pas transmises… Je me disais bien que le terme retargeting était galvaudé, que l’alibi de ciblage publicitaire ne rimait à rien, que la data client était un fantasme… Personne n’en veut… D’ailleurs Criteo ne prospère pas… En plus, « la loi l’interdit », c’est donc garanti ;) (non mais sans blague, c’te foutage de gueule à ciel ouvert, hallucinant).

    Alors non, je ne crois pas que votre pseudo-théorie « si vous n’êtes pas pro-developpement et ,high tech de l’avenir, vous êtes un rétrograde recroquevillé sur vous-même » arrive à convaincre à large échelle, mais bien tenté quand même.

    3 pelés,5 naïfs et 2 habitant des grotte vous suivront, cependant plus on travaille dans les NTIC, plus on sait que vous racontez n’importe quoi, donc si vous vous sentez l’âme d’évangéliser un marché dont on a bien compris qu’il est fondé sur de la big data pour de la prévision, des leads et de la qualification pour prospérer, qu’on ne demande à personne si ils veulent bien transmettre ces données spontanément puisque les scripts s’en chargeront, à vous de voir.
    En attendant, opposer lucidité et modernisme est non seulement enfantin mais surtout stérile, car bien au contraire, il convient de boien maîtriser les mécanismes pour pouvoir en jouer.
    On peut donc envisager toute innovation sous son angle positif, mais sans pour autant mettre son cerveau dans le formol pour l’occasion, on a mieux à faire ;) …

    1. Cher Monsieur,

      J’allais moi-même commenter ce flot d’inepties mais je ne peux qu’être d’accord avec vous tant sur le fond que sur la forme, je m’absiendrai donc en vous laissant l’honneur de la formulation !

      « Non Madame, Monsieur, ces données ne sont transmises à personne, car elles ne concernent que vous. » Hahaha ! Et pourtant je soutiens avec véhémence le progrès technologique induit par la collecte et l’utilisation massive de nos données personnelles.

      S’il est vrai que celles-ci pourront nous aider à « éviter des accidents cardio-vasculaires », la réalité contemporaine du débat commence plutôt par cet adage des années 1970 : « Si c’est gratuit, c’est vous le produit » !

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