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Paiement: face aux géants américains et asiatiques, 16 banques européennes s’unissent

AFP

Seize banques européennes ont annoncé jeudi le lancement d’ici 2022 d’une nouvelle solution de paiement paneuropéenne unifiée, basée sur la technologie des transactions instantanées, en vue notamment d’offrir une alternative aux géants du secteur tels que Visa et Mastercard. « Aujourd’hui, un groupe de 16 grandes banques européennes de cinq pays (Allemagne, Belgique, Espagne, France et Pays-Bas) a ouvert la voie au futur lancement d’EPI, l’initiative européenne des paiements », écrivent ces établissements, parmi lesquels figurent les six principales banques françaises.

Leur objectif? « Créer une solution de paiement paneuropéenne unifiée s’appuyant sur les paiements instantanés (…), proposant une carte bancaire aux consommateurs et commerçants à travers l’Europe, un portefeuille numérique et des solutions » de paiement entre particuliers (P2P) utilisables partout en Europe, détaillent les acteurs de ce projet. Ce faisant, « la solution vise à devenir un nouveau standard de paiement pour les consommateurs et les commerçants européens pour tous les types de transactions, y compris en magasin, en ligne, pour les retraits d’espèces et le P2P en plus des solutions des schémas de paiement internationaux », est-il expliqué. « La grande innovation ce sera de permettre de régler quelqu’un partout en Europe, sept jours sur sept, de manière instantanée avec par exemple le numéro de téléphone portable du bénéficiaire », explique à l’AFP Thierry Laborde, directeur général adjoint du groupe BNP Paribas.

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Des « solutions fragmentées »

Avec un coût estimé à plusieurs milliards d’euros, ce nouveau dispositif vise gros: au moins 60% des paiements électroniques en Europe à terme. Dans le détail, la phase de mise en oeuvre débutera au cours des prochaines semaines via la création d’une société intérimaire à Bruxelles, chargée de lancer les travaux de mise en oeuvre « pour parvenir à la meilleure expérience utilisateur possible », en vue d’une entrée en phase opérationnelle en 2022.

Ce nouveau dispositif « sera un soutien pour les institutions publiques européennes et les autorités nationales. Les solutions de paiement numérique existantes en Europe sont fragmentées et les citoyens européens ne sont pas encore en mesure de payer digitalement partout », font valoir les 16 banques, invitant d’autres prestataires de services de paiement à rejoindre l’initiative. « Par ailleurs, la crise du Covid-19 a souligné la nécessité d’une solution européenne unifiée de paiement numérique. Aussi, EPI vise à faire converger l’écosystème européen des paiements des banques, des commerçants et des acquéreurs/prestataires de services de paiement, contribuant ainsi au renforcement du marché unique et de la stratégie numérique européenne », mettent-elles aussi en avant.

Voilà des mois que ces banques planchaient en coulisse sur ce projet – initialement baptisé « PEPSI » pour Pan European Payment System Initiative – devenu hautement stratégique avec la montée des tensions commerciales au niveau mondial. Autrefois cantonné aux discussions cryptiques entre spécialistes de la tuyauterie financière, le sujet du paiement est désormais jugé crucial par des décideurs européens soucieux de préserver l’indépendance du Vieux continent face aux géants américains et chinois. « C’est un très bon projet, ça correspond à une attente des autorités politiques », confie à l’AFP une source à Bercy.

La Banque centrale européenne ne faisait pas non plus mystère de sa sympathie pour cette initiative, au moment où de plus en plus d’observateurs européens s’inquiètent de la mainmise des géants américains Visa et Mastercard sur les services de paiement en Europe. Et c’est sans compter l’influence grandissante des réseaux chinois Alipay, UnionPay et WeChat Pay, ou encore des solutions de paiement mobile américaine Apple Pay et sud-coréenne Samsung Pay, qui voient dans l’Europe un jardin verdoyant pour prendre racine à l’international.

Le Covid, accélérateur du paiement en ligne

Actuellement « la majorité des paiements électronique passent en Europe par des plateformes technologiques et des systèmes de cartes internationaux. Les évolutions actuelles des comportements et la progression rapide de la numérisation contribueront à amplifier ce phénomène à l’avenir, ce qui posera de multiples défis à l’ensemble des sociétés européennes ainsi qu’aux régulateurs et aux autorités », pointent dans une tribune publiée jeudi Burkhard Balz, membre du directoire de la Bundesbank, et Sylvie Goulard, sous-gouverneure de Banque de France. « À mesure que les acteurs mondiaux de la technologie (les bigtechs) accroissent leurs parts de marché et renforcent leur position dominante, en offrant un éventail complet de services à une clientèle devenue mondiale, les consommateurs voient leurs possibilités de choix se réduire voire courent le risque de devenir captifs de ce type d’entreprises », ajoutent les deux signataires.

Le projet EPI s’inscrit en outre dans une époque où les consommateurs se détournent désormais massivement des pièces et billets, utilisant davantage leurs cartes de paiement, mais aussi leurs téléphones. Cette tendance s’est d’ailleurs très fortement renforcée avec la crise du Covid-19, son lot de confinements et ses magasins fermés, lesquels ont poussé les consommateurs dans les bras du commerce en ligne, faisant logiquement exploser les paiements électroniques. Ce phénomène « renforce tous les acteurs dans le développement des moyens de paiement numériques », souligne dans un communiqué la « Kreditwirtschaft », le lobby qui regroupe les piliers du secteur bancaire allemand. À terme, EPI pourrait même être tenté de dépasser les frontières de l’Europe : « si ce schéma est très compétitif, pourquoi ne pas essayer de sortir d’Europe, mais ça c’est plutôt une phase ultérieure », affirme Thierry Laborde

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