3 questions à Charles Nouyrit au sujet du projet Idenum de Nathalie Kosciusko-Morizet
rMen: Bonjour Charles Nouyrit, la secrétaire d’état au développement de l’économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté Idenum, un projet d’identité numérique, de quoi s’agit il?
Charles Nouyrit: Effectivement, hier matin Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé le lancement de IDéNum, l’identité numérique multi-services« Le label IDéNum favorisera le développement des usages Internet. Il permettra d’accéder à de nouveaux services comme la souscription de contrats en ligne ou la demande d’allocations familiales ou sociales. IDéNum présente trois garanties essentielles pour linternaute : la liberté d’usage et de choix du fournisseur, la simplicité dutilisation et la confiance que procure un système hautement sécurisés » à souligné la secrétaire détat en charge de la prospective et du développement de léconomie numérique.
Le but de ce projet est de fournir aux internautes un système d’authentification forte indépendant du couple login/password qui devrait fonctionner avec un code alpha numérique associé à un support physique tel qu’une clef USB à module cryptographique comme présentée lors de la démo ou un téléphone portable ou une carte à puce associé à un lecteur. entre parenthèse, la démo faite reposait sur une clef USB avec mémoire flash
Ceci leur permettra douvrir un compte bancaire, de signer numériquement des documents tels que des contrats dassurances, des demandes de prêts, de s’inscrire sur des liste électorales, de demander des allocations CAF ou sociale, des pensions de retraite, des allocations chômage mais aussi de prouver son identité sur tous sites supportant la techno.
rMen: Quels sont les inconvénients d’idenum?
Charles Nouyrit: Il s’agît dune démarche volontaire de l’utilisateurs et ne sera pas associé à la carte didentité numérique, les terminaux gérant IDéNum n’inclurons que le prénom et le nom de l’utilisateur quid de la gestion des homonymes.
Personnellement, je suis très circonspect quant à ce qui nous a été présenté ce matin. Non pas que je ne crois pas en ce projet, nous travaillons et évangélisons dessus depuis 3 ans dans le cadre de mon entreprise MyID.is Certified et avons certifié l’identité de nos utilisateurs dans 37 pays à ce jour.
Tout d’abord il sagît là d’une démarche Franco-française et par conséquent il ny a aucune inter-opérabilité avec des sites étrangers, je vois mal comment des sites internationaux arriveront à gérer plusieurs techno si dautres pays suivent la même voie.
Nathalie Kosciusko-Morizet nous annonce que dautres pays ont déjà implémenté ce type de service et nous cite l’Autriche, la Norvège, la Finlande, l’Estonie, lItalie et la Turquie comme exemples. A une grosse différence près que la majorité de ces pays ont déjà implémentés la carte d’identité numérique ou plus communément appelée eID.
rMen: Vous auriez préféré passer directement à l’eID?
Charles Nouyrit: Il faut rappeler que le leader mondial de la eID est français puisquil s’agît de Gemalto, encore une fois ce sont les cordonniers les plus mal chaussés, et lorsque lon suggère à Nathalie Kosciusko-Morizet qu’il y a peut-être redondance, la secrétaire d’état nous explique que non puisqu’il faudra au moins 10 ans avant que la eID soit généralisé en France. Je vous rappelle que la France sétait engagée avec une dizaine de pays européens (qui eux lont fait) à déployer la eID en France dici 2010 maintenant on nous parle de 2020
Pourtant la eID qui sera payante comme une carte didentité normale, probablement un peu plus chère puisquelle devrait être fournie avec un lecteur USB (enfin si les choses sont faites correctement), intègre toutes les informations nécessaires à prouver votre identité en ligne et de manière hautement sécurisée puisque que cryptée dans la puce. Je ne vois donc pas l’intérêt de déployer une autre solution effectuant la même chose Nathalie Kosciusko-Morizet prétend que ladoption d’IDéNum se fera plus rapidement j’en doute fort principalement car cela se fera sur le volontariat de l’internaute et qu’il devra de toutes les façons acheter le matériel et se rendre dans un point de certification en face-à-face pour l’obtenir.
Certes il est indéniable que l’Identité Numérique sera indispensable dans un futur très proche, ce qui me pose un souci dans IDéNum cest le comment ce label veut être déployé par le gouvernement. Le projet est bon, par contre la mise en oeuvre me semble encore extrêmement embryonaire, l’identité numérique ne se résume pas à l’association dun prénom/nom avec un device et un code PIN.
rMen: Merci Charles Nouyrit.
Charles Nouyrit est le fondateur et dirigeant de MyID.is Certified une société française spécialisée dans la certification d’identité sur Internet.
Photo: Rodrigo Sepulveda
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IDéNum ne fonctionnera jamais, pour une raison simple, décrite ci-dessous :
http://iiscn.wordpress.com/2011/06/29/idenum-une-mauvaise-idee/
C’est à dire que le concept évite d’adresser la seule chose urgente à mettre en place, la notion de tiers de confiance (aucun besoin d’unicité), ayant la responsabilité de maintenir des bibliothèques individuelles de « licenses contrats », et de ne faire que ça, avec l’interdiction de regarder dedans et bien évidemment d’en publier ou vendre le contenu.
Le fait d’éviter d’adresser la seule chose essentielle, fait que ces listes de licenses contrats vont se retrouver sur les comptes/profils facebook, google, mozilla, ou autre.
D’autre part le nom laissant entendre une identité unique utilisée pour tous les services (même si ça n’est pas le cas de la proposition), est exactement le contraire de ce qu’il faut faire, et suggérer.
Rimbaud écrit dans la saison : « la terreur n’est pas française. » Devant la niaiserie crasse actuelle, on est bien obligé d’admettre que ça n’est plus le cas.