
VivaTech 2025 : l’État muscle sa stratégie industrielle pour les startups françaises avec un milliard d’euros fléchés
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À l’occasion de VivaTech 2025, le gouvernement a réaffirmé son engagement en faveur d’un écosystème tech souverain, en franchissant un cap symbolique avec plus d’un milliard d’euros d’achats réalisés par de grands groupes français auprès de startups, dans le cadre du programme « Je choisis la French Tech ». Un signal fort adressé à l’écosystème à un moment où l’adoption commerciale devient de plus en plus critique pour les jeunes pousses françaises dont le financement s’est tari.
Une stratégie d’adoption industrielle assumée
Présent sur le stand de la French Tech, François Bayrou a défendu la doctrine proposée par Clara Chappaz : « Il n’y a de stratégie de conquête pour l’IA, le numérique, les startups, que si les grands aident les petits. » Cet appel à la solidarité entre grands groupes et startups fait écho au pivot stratégique de la Mission French Tech, qui fait désormais de la commande publique et privée un levier structurant d’innovation.
Initié à VivaTech en 2023, le programme « Je choisis la French Tech » a été conçu pour répondre à deux impasses, tout d’abord la difficulté des startups à accéder à des contrats commerciaux, et désormais que le sujet de souveraineté est à nouveau au goût du jour gouvernemental, la dépendance persistante des entreprises françaises aux technologies étrangères. En deux ans, 10 groupes français majeurs, dont EDF, Orange, CMA CGM, BPCE, Capgemini, Sopra Steria ou encore la SNCF, se sont engagés à acheter des solutions issues de la French Tech, pour un total cumulé dépassant 1 milliard d’euros sur la période 2024 / 2026.
Une dynamique qui commence à produire des effets tangibles
Le programme revendique plus de 12 000 mises en relation entre startups et acheteurs publics ou privés, et 600 entreprises engagées, dont 100 grands groupes. En parallèle, 1 500 startups ont été formées à la commande publique via la French Tech Académie, un module gratuit développé avec OpenClassrooms pour répondre aux spécificités juridiques et opérationnelles du secteur public.
Des collaborations concrètes commencent à émerger :
- Mistral AI accompagne CMA CGM dans un partenariat stratégique de 100 millions d’euros sur 5 ans autour de l’intégration de l’IA dans la logistique.
- Sweep travaille avec Orange sur le reporting environnemental.
- Gojob collabore avec Geodis (SNCF) pour améliorer le recrutement intérimaire.
- Mistertemp s’associe à La Poste sur des projets RH à grande échelle.
Les ministères se mobilisent à leur tour
Au Pavillon du numérique, le ministre de la Fonction publique Laurent Marcangeli a annoncé un partenariat avec Mistral AI pour équiper 10 000 agents de son assistant conversationnel Le Chat, avec un objectif à terme d’en faire bénéficier l’ensemble des 5,7 millions de fonctionnaires.
Autour de François Bayrou, Clara Chappaz (ministre déléguée à l’IA et au numérique), Éric Lombard (Économie), Philippe Baptiste (Recherche) et Laurent Marcangeli ont défendu une politique publique tournée vers la structuration d’un marché intérieur pour l’innovation, condition sine qua non à l’émergence de champions industriels.
Une diplomatie de l’adoption, plus qu’un plan de soutien
Au-delà du montant affiché, le programme se courbe à la réalité des marchés, il ne s’agit plus de financer, mais d’acheter, de contractualiser, et d’intégrer. En transformant les directions achats en vecteurs d’innovation, via notamment le programme DAPI mené avec Bpifrance , l’exécutif entend faire émerger un réflexe French Tech dans les chaînes de décision des grands groupes.
Pour l’heure, le programme reste concentré sur une dizaine d’acteurs. Mais son extension progressive à d’autres grandes entreprises, à l’administration centrale et aux collectivités locales pourrait dessiner les contours d’une véritable politique industrielle de la tech, où la commande devient un outil d’amorçage à part entière, pour peu que les verrous décisionnels se libèrent.