HARD RESETIN THE LOOP

L’affranchissement des Big Five est un enjeu de souveraineté prioritaire

Hard Reset : pour en finir avec les mythes de la tech

Les Big Five ne vendent pas que des méthodes, mais importent une manière de voir le monde et pas n’importe laquelle. Ainsi leurs recommandations traduisent un logiciel façonné d’Harvard à Stanford, avec l’obsession de la taille critique, le goût pour l’externalisation, ou encore la foi dans les solutions technologiques « éprouvées ». Quand l’un conseille une réorganisation énergétique ou l’autre un plan de digitalisation hospitalière, l’orientation implicite va toujours dans le même sens, celui de globaliser, standardiser, rationaliser, mais rarement dans le renforcement de la résilience locale. Le biais culturel est presque invisible, et finit souvent par se traduire en choix industriels irréversibles.

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Ainsi, un rapport stratégique n’est jamais anodin, derrière un benchmark ou une cartographie des risques se dissimule souvent la radiographie complète d’une infrastructure, ou le schéma détaillé d’un flux de données. Ces analyses, qui paraissent purement techniques, orientent en réalité des décisions industrielles majeures. Or, dans la quasi totalité des cas, le cadrage méthodologique et les références utilisées, flèchent le choix des technologies vers des solutions, présentées comme les seules validées, ce qui renforçe mécaniquement notre dépendance.

Vous l’aurez compris, la souveraineté ne se joue pas sur les chaînes de production ou dans les câbles sous-marins, c’est bien avant qu’elle disparait, dès les premieres réunions, où l’on délègue la décision à ces big fives. Lorsqu’un ministre ou un PDG affirme que « McKinsey recommande », il reconnaît qu’il n’assume plus la responsabilité de son choix. Et cette dépendance est psychologique autant que méthodologique,  elle installe un réflexe qui consiste à attendre la slide validée par un consultant étranger plutôt que de construire sa propre grille d’analyse.

En 20 ans, cette influence est devenue structurelle, au point de façonner les élites françaises, dont beaucoup y ont fait leurs classes. Ainsi beaucoup de dirigeants du CAC40, Next40 et SBF 120 et leurs entourages sont passés par ces cabinets, y ont appris à penser, souvent à décider, et cela dans un cadre qui n’est pas celui de l’intérêt national.

L’ironie du sort veut qu’en plus nous payions pour que d’autres pensent à notre place et nous tirent le tapis sous les pieds.

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