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Connaissez-vous les Saildrones ? Les drones marins qui redessinent la surveillance des océans

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Après les airs et la terre, c’est désormais l’espace maritime qui bascule dans l’ère des véhicules sans équipage. Au centre de ce mouvement, Saildrone, une entreprise américaine qui déploie des drones marins capables de rester en mer pendant des mois. Nés de la recherche scientifique, ils sont en passe de devenir un outil clé de sécurité et de défense, avec l’adoption récente par le Department of Homeland Security (DHS) et le US Coast Guard (USCG).

De la science aux opérations de sécurité

Fondée en Californie, Saildrone s’est d’abord illustrée dans la collecte de données climatiques et océanographiques. Ses drones, propulsés par le vent et alimentés en énergie par le solaire, permettent de cartographier les fonds marins, de suivre les cyclones et de mesurer l’évolution du climat. Trois modèles composent aujourd’hui sa flotte : l’Explorer (7 mètres), le Voyager (10 mètres) et le Surveyor (22 mètres), conçus pour différentes missions. Tous partagent une caractéristique centrale : une autonomie de plusieurs mois, capable de couvrir des milliers de kilomètres sans retour à quai.

Les appareils embarquent radars et caméras haute puissance et peuvent fonctionner dans des environnements où le GPS est brouillé. Cette endurance et cette résilience les distinguent des navires traditionnels, offrant une solution à la fois plus souple et moins coûteuse pour maintenir une présence en mer.

Des usages multiples

Les premiers déploiements ont concerné la science et l’environnement comme l’observation du changement climatique, le suivi des mammifères marins, la surveillance de la pêche illégale. Mais la versatilité de la plateforme a rapidement attiré l’attention des agences de sécurité et des armées et les Saildrone sont désormais intégrés dans :

  • Operation Southern Spear, lutte antidrogue dans le golfe du Mexique.
  • Task Force 59 de l’US Navy, dédiée à l’expérimentation des systèmes autonomes au Moyen-Orient.
  • Exercices OTAN, notamment en mer Baltique.
  • Coopérations européennes, avec des déploiements réalisés aux côtés du ministère danois de la Défense.

Leur rôle est celui d’éclaireurs maritimes, à savoir quadriller de vastes zones, détecter et signaler, avant que des moyens habités prennent le relais pour l’interdiction ou l’intervention.

Un tournant institutionnel avec le US Coast Guard

Cet été le DHS et le USCG ont signé un contrat-cadre de 37 millions de dollars pour équiper la garde-côtière américaine. l’objectif est de moderniser la flotte dans le cadre du programme Force Design 2028, qui prévoit l’intégration massive de technologies autonomes. Le Coast Guard a créé pour l’occasion son premier bureau dédié aux Robotics & Autonomous Systems (RAS).

Les priorités sont de sécuriser les côtes américaines, lutter contre l’immigration illégale et le narcotrafic, protéger les infrastructures sous-marines critiques, renforcer la préparation militaire et surveiller la pêche illégale. Les Saildrone seront également utilisés pour des missions de recherche et sauvetage, de navigation sécurisée ou encore d’opérations en milieu polaire.

Vers une flotte hybride

Cette adoption traduit une transformation profonde qui transforme l’avenir de la surveillance maritime. Cette derniere ne repose plus uniquement sur des navires habités et Les drones marins permettent de démultiplier la couverture à un coût réduit et d’assurer une présence constante sur des zones trop vastes pour être patrouillées en continu.

Ils deviennent les “yeux” de la flotte, libérant les moyens traditionnels pour les missions à forte valeur ajoutée. Le modèle est proche de ce qui s’est déjà produit dans l’aérien avec les drones militaires, utilisés pour la reconnaissance et l’appui, tandis que les avions habités se concentrent sur l’action.

Un enjeu géopolitique

Au-delà des États-Unis, la course à l’autonomie maritime s’accélère. La Chine investit massivement dans des drones de surface capables d’opérer en essaim. Israël développe également des plateformes destinées à la surveillance et à la protection côtière. L’Europe, plus fragmentée, explore des coopérations via l’OTAN.

Saildrone se positionne comme un pionnier déjà opérationnel, avec un double atout, un ancrage civil dans la recherche scientifique, qui élargit ses usages et facilite l’acceptabilité politique, et une intégration progressive dans les doctrines militaires alliées.

La mer quadrillée par des drones

Avec ce contrat, le DHS envoie comme signal que la surveillance des océans va s’appuyer de plus en plus sur des flottes autonomes. Pour Saildrone, c’est l’opportunité de devenir un fournisseur incontournable de la sécurité maritime, à la croisée de la recherche, de l’environnement et de la défense.

Reste une interrogation : à mesure que les océans se remplissent de drones, comment seront gérées la cybersécurité, les risques de piratage ou les usages détournés ?

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