Quels résultats pour Amazon après une semaine triomphale pour les GAFA?
AFP
La Silicon Valley a rendu une copie truffée d’excellents résultats financiers pour le premier trimestre, et jeudi Amazon ne devrait pas décevoir les investisseurs non plus, après une année de pandémie qui a propulsé les appareils et services numériques au rang de produits essentiels pour les consommateurs. Le leader mondial du commerce en ligne et du cloud a plus que triplé son bénéfice net, à 8,1 milliards de dollars pour la période de janvier à mars. Il a aussi largement dépassé ses propres attentes et celles du marché avec un chiffre d’affaires de 108,5 milliards de dollars, en hausse de 44% sur un an, alors qu’il avait déjà enregistré une forte croissance au premier trimestre 2020.
« C’est une accélération par rapport à la croissance de toute l’année dernière, et une autre indication que l’élan 2020 ne faiblit pas », a commenté Nicole Perrin, analyste du cabinet eMarketer. Les performances du groupe de Seattle sont portées par les ventes sur sa plateforme de e-commerce, notamment en Amérique du Nord, mais aussi par les services aux entreprises qui utilisent sa place de marché (24 milliards de dollars, +64%) et par les recettes publicitaires (7 milliards de dollars, +77%). AWS, sa division de cloud (informatique à distance), n’est pas en reste, avec un chiffre d’affaires de 13,5 milliards au premier trimestre, en hausse de 32% sur un an.
Amazon compte plus de 200 millions d’abonnés dans le monde à son service Prime, qui donne accès à des livraisons gratuites et rapides et à des plateformes de streaming. La formule coûte une douzaine de dollars par mois et a été adoptée par quelques 50 millions de personnes pendant l’année de la crise sanitaire, signe de la transition accélérée vers les achats sur Internet. « Les grandes entreprises de la Tech sont au bon endroit au bon moment. Le Covid-19 a accéléré la transformation numérique dans l’éducation, la santé, le télétravail et le e-commerce, et amélioré la rentabilité de ces firmes », note Darrell West, un chercheur du centre pour l’innovation technologique à la Brookings Institution.
Toujours plus dominants
Qu’ils capitalisent sur le temps passé en ligne par les internautes, sur leurs transactions ou leurs achats d’appareils électroniques, les géants de la tech ont réalisé des profits exubérants début 2021, tandis que l’économie traditionnelle souffrait des restrictions de déplacement et d’activités liées à la pandémie. Alphabet, maison-mère de Google, a réalisé 55,31 milliards de chiffre d’affaires de janvier à mars, soit 34% de plus qu’il y a un an. Dès le printemps dernier, le moteur de recherche et son voisin Facebook ont investi à foison dans les outils et plateformes pour faciliter les transactions en ligne, et inciter les ménages et les commerçants à utiliser leurs services, déjà très populaires pour le divertissement ou la recherche d’informations. Ils ont ainsi conforté leur emprise sur le marché mondial de la publicité numérique.
Selon le cabinet d’études eMarketer, Facebook est bien parti pour dépasser les 100 milliards de dollars de revenus publicitaires nets pour la première fois en 2021, et ainsi conserver la deuxième position en termes de parts de marché mondiales (23,7%), derrière Google (28,6%). « Lors des deux derniers trimestres, nos activités ont réalisé de meilleures performances que nous n’avions prévu », a reconnu mercredi Mark Zuckerberg, le patron du réseau social, lors d’une conférence aux analystes. Sur la période de janvier à mars, Facebook et Apple ont vu leurs bénéfices nets doubler, à 9,5 milliards de dollars pour le réseau social, et 23,6 milliards pour la marque à la pomme. La société de Cupertino a explosé ses ventes d’iPhone (+66%), de tablettes iPad (+79%) et d’ordinateurs Mac (+70%).
« Ce n’est que le début »
« Nous pensons que ce trimestre écoulé sera au final la première étape sur le chemin d’Apple vers une capitalisation boursière de 3 000 milliards de dollars l’année prochaine », a commenté l’analyste Dan Ives de Wedbush. Car les habitudes prises pendant la pandémie auront sans doute la vie dure. Ni les sociétés ni les experts ne semblent plus craindre de retour massif aux modes de consommation d’avant le Covid. « Après plus d’un an de pandémie, les courbes de l’adoption du numérique ne ralentissent pas. Elles accélèrent et ce n’est que le début », a prévenu mardi Satya Nadella le patron de Microsoft. La firme informatique a aussi battu les prévisions du marché, avec des revenus de 41,7 milliards de dollars pour le premier trimestre, grâce au cloud mais aussi aux jeux vidéo (consoles Xbox et services liés) et aux plateformes numériques qui ont décollé avec le télétravail (LinkedIn, Teams, Windows).
Les velléités de régulation de la part de l’Europe et aussi de Washington, avec le gouvernement démocrate de Joe Biden, apparaissent comme les seuls éventuels nuages à l’horizon de la côte ouest des Etats-Unis, où se trouvent les sièges des Gafam. Malgré le caractère désormais indispensable de leurs services, « le retour du bâton menace le secteur parce que les gens s’inquiètent pour la confidentialité des données et la sécurité », souligne Darrell West. Facebook et Google font déjà face à des poursuites de la part des autorités américaines sur le front du droit de la concurrence, et Apple et Amazon sont visés par des enquêtes similaires.
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