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WHEERE, pourquoi viser l’indoor là où tout le monde regarde l’espace ?

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Alors que les géants de la tech concentrent leurs efforts sur les constellations orbitales et la couverture planétaire, une startup française trace un chemin inverse. Fondée à Montpellier en 2020, Wheere s’attaque à un angle mort de la géolocalisation moderne, l’intérieur des bâtiments, les zones cloisonnées, les tunnels, les entrepôts, les centrales. Un ensemble d’espaces qui échappent encore au GPS. Pour en parler nous recevons dans FW BUSINESS Pierre-Arnaud Coquelin, cofondateur et CEO de Wheere au micro de Richard Menneveux.

« Le GPS fonctionne très bien dehors, à 2 ou 3 mètres près, voire 1 cm avec du RTK. Mais dès qu’on passe une porte, tout s’arrête. Et il n’existait jusqu’ici aucune solution fiable pour localiser ce qui se passe à l’intérieur d’un site industriel, encore moins d’une ville ou du globe », explique Pierre-Arnaud Coquelin, cofondateur et CEO de Wheere.

La géolocalisation là où le GPS échoue

La technologie développée par Wheere permet de localiser objets et personnes avec une précision inférieure à un mètre, sans réseau, sans satellite, simplement avec quatre antennes extérieures par kilomètre carré. Elle repose sur des ondes basses fréquences (VHF) capables de traverser le béton et les murs, combinées à des algorithmes de calcul de position brevetés.

« Là où les autres doivent installer des milliers de balises — jusqu’à 1 000 pour un hôpital — nous, on en place quatre, à l’extérieur. Et on couvre tout le bâtiment. Aucune autre technologie ne fait ça. »

Protégée par deux brevets internationaux, la solution ne nécessite ni connexion réseau, ni infrastructure dense. C’est ce qui en fait, selon Coquelin, une technologie de rupture.

Des cas d’usage critiques, une traction industrielle forte

Wheere a identifié trois marchés prioritaires : la sécurité civile et militaire, l’industrie 4.0, et les sites critiques.

  • Dans les interventions d’urgence, elle permet de suivre les pompiers en temps réel à l’intérieur d’un bâtiment en feu.
  • Dans l’industrie, elle sert à tracer des pièces détachées, plateformes mobiles ou machines partagées sur des sites vastes et complexes.
  • Dans les centrales, plateformes offshore ou infrastructures sensibles, elle assure le suivi de robots, de personnel ou d’objets de grande valeur.

« Quand on interroge un grand groupe industriel sur ses besoins en géolocalisation indoor, la réponse est toujours oui. Mais chacun a un cas d’usage très spécifique. Suivre une poche de métal en fusion chez ArcelorMittal, ou une clé à molette à 200 000 € chez un autre. »

Une stratégie spatiale complémentaire, pas concurrente

Si Wheere commence par le sol, elle n’en reste pas là. L’entreprise prévoit de lancer cinq satellites en 2026, puis une constellation de 300 satellites d’ici 2030, pour étendre son service à l’échelle mondiale, sans infrastructure locale.

« Notre objectif, c’est qu’à terme, la géolocalisation fonctionne comme le GPS : on allume son téléphone, on se localise dedans et dehors, sans rien installer. C’est ce qu’on vise avec notre constellation LEO-PNT. »

Mais à la différence de Starlink ou des projets souverains portés par l’ESA ou la NASA, Wheere ne cherche pas à redonder le GPS : elle veut ajouter la brique indoor à la géolocalisation globale.

« Les projets actuels en orbite basse ajoutent de la précision ou de la redondance. Aucun ne permet de localiser à l’intérieur d’un bâtiment. C’est ce qu’on apporte. »

Une deeptech française aux ambitions globales

Après une levée de 13 millions d’euros en 2023, Wheere prépare une série A de 40 millions, première étape d’un plan de financement de 200 millions d’euros jusqu’en 2030. L’entreprise reste ancrée à Montpellier pour sa R&D, mais a ouvert un premier bureau à Palo Alto, en vue d’un déploiement américain — 50 % du marché du tracking indoor s’y concentre.

Son ambition est de figurer, d’ici cinq ans, aux côtés des grandes constellations GNSS, dans les modules de géolocalisation embarqués des smartphones et objets connectés.

« À partir de 2030, il y aura le GPS américain, Galileo, Beidou, et Wheere. On cohabitera avec eux. Et on permettra de localiser partout, tout le temps. »

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