
Palabra AI lève 8,4 millions d’euros pour défier Google et Microsoft sur la traduction vocale temps réel
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La traduction vocale temps réel s’impose comme l’un des prochains terrains de confrontation entre startups et géants de la tech. En moins de deux ans, les solutions capables de restituer une conversation sans délai perceptible se multiplient. Google Meet a intégré en 2024 une fonction de traduction simultanée via Gemini AI, tandis que Microsoft prépare pour Teams un interprète automatique avec voix clonée, prévu début 2025. Dans ce contexte, plusieurs jeunes pousses misent sur leur agilité technologique pour s’imposer face aux plateformes dominantes.
Parmi elles, la britannique Palabra AI affirme avoir franchi un cap technologique avec son moteur vocal qui commence à traduire en cours de phrase, anticipant la fin des propos grâce à un système de prédiction contextuelle. Résultat : une latence inférieure à 800 millisecondes, suffisante pour maintenir la fluidité d’une discussion. L’entreprise a également développé une couche propriétaire de clonage vocal qui restitue timbre, cadence et intonation.
La différenciation se joue aussi sur le respect de la vie privée, car contrairement aux géants du secteur, Palabra met en avant une approche « privacy by design ». Aucun audio n’est stocké, le traitement se fait en flux continu. Un argument clé alors que les régulations européennes et américaines encadrent de plus en plus strictement l’usage des données vocales. Alexis Ohanian, fondateur du fonds Seven Seven Six (776) qui a mené l’investissement, estime que « Palabra est la seule solution du marché qui tient la promesse de la traduction en temps réel. La latence est assez faible pour permettre une conversation naturelle, et le clonage vocal est si précis que l’on reconnaît immédiatement qui parle ».
En France, Gladia s’est imposée comme l’un des acteurs de la transcription audio en temps réel, avec un focus fort sur l’intégration dans les workflows professionnels et la scalabilité de son API. La société a déjà conquis plusieurs clients dans la visioconférence et l’éducation, et se positionne sur une logique d’infrastructure audio universelle. Palabra évolue sur un terrain voisin, mais avec un accent marqué sur la fidélité vocale et la reproduction de l’identité du locuteur. Ces deux approches traduisent une dynamique européenne où la voix devient une nouvelle interface stratégique pour les entreprises.
Face à elles, d’autres concurrents spécialisés comme KUDO, ou Interprefy proposent déjà de la traduction vocale instantanée pour l’événementiel et la visioconférence. Mais ces solutions s’appuient souvent sur une combinaison entre IA et interprétation humaine, et peinent à atteindre le niveau de fluidité que revendique Palabra. Aux États-Unis, des startups comme EzDubs ou Camb.AI avancent également, mais sans offrir la même combinaison de faible latence et de clonage vocal avancé.
Le marché est encore naissant, mais l’évolution des modèles neuronaux, l’optimisation pour des usages mobiles et la demande croissante dans l’éducation, le streaming ou la collaboration d’entreprise créent les conditions d’une adoption massive. Pour l’Europe, où la diversité linguistique reste un défi structurel, les solutions comme celles de Palabra ou Gladia ouvrent la voie à une nouvelle génération d’outils de communication instantanée.
Palabra AI a annoncé avoir levé 8,4 millions d’euros en financement Pre-Seed, mené par le fonds américain Seven Seven Six (776), avec la participation de Creator Ventures et de plusieurs business angels dont Max Mullen, Anne Lee Skates, Mehdi Ghissassi et Namat Bahram. La société, fondée à Londres par Artem Kukharenko, prévoit d’utiliser ces fonds pour renforcer ses équipes techniques et commerciales en Europe et en Amérique du Nord et accélérer le développement de son API publique déjà utilisée dans des conférences et diffusions internationales.