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MOLLIE rachète GOCARDLESS pour créer un champion européen du paiement sous contrôle de fonds américains

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L’acquisition de GoCardless par la fintech Mollie marque une étape structurante dans la consolidation du marché européen des paiements. L’opération révèle une dynamique désormais centrale dans la tech européenne avec la constitution d’acteurs paneuropéens capables d’opérer à grande échelle, mais dont la trajectoire reste largement façonnée par des capitaux américains.

GoCardless a levé 529 millions de dollars depuis sa création et atteint une valorisation de 1,8 milliard d’euros lors de son dernier tour de table en 2022. Son acquisition sur une base de 1,1 milliard d’euros traduit un ajustement net, en ligne avec la normalisation du secteur depuis le retournement du cycle fintech. Cette décote illustre les limites du modèle des acteurs spécialisés, confrontés à une pression accrue sur les marges et à une demande croissante pour des plateformes de paiement intégrées.

Pour autant, Hiroki Takeuchi, CEO et cofondateur de GoCardless, récuse l’idée d’un exit classique. Il présente l’opération dans un échange avec James Wise de Balderton, comme une combinaison industrielle qu’il faut voir dans le long terme. L’objectif est de construire une plateforme européenne de paiements et de services financiers B2B, capable de couvrir un spectre fonctionnel plus large que celui des solutions historiques.

Le rapprochement repose sur une complémentarité des deux acteurs, GoCardless s’est développé autour des paiements bancaires, en particulier pour les modèles à revenus récurrents, avec une forte présence au Royaume-Uni. Mollie a, de son côté, construit une offre plus large sur les paiements par carte, l’e-commerce et les méthodes de paiement locales, avec une couverture européenne. Leur fusion vise à dépasser le modèle du prestataire spécialisé pour proposer une suite unifiée, pensée pour les PME, les grandes entreprises et les plateformes SaaS.

Côté Mollie, l’opération s’inscrit dans une stratégie de consolidation offensive. La société qui a levé près de 800 millions d’euros depuis sa création et compte comme principaux actionnaires, les fonds d’investissement américains, Blackstone, TCV et General Atlantic. Ce soutien capitalistique explique sa capacité à mener une acquisition de cette ampleur et à viser un positionnement de plateforme paneuropéenne.

Cette tension n’est pas éludée par les dirigeants, mais replacée dans un récit plus large sur la maturation du fintech européen. Hiroki Takeuchi souligne la rareté de telles opérations entre acteurs européens de premier plan et la volonté affichée de bâtir un champion paneuropéen, plutôt que de suivre les trajectoires classiques de rachat par un groupe américain.

L’Europe est d’ailleurs présentée comme une base d’exécution, car l’ambition affichée est d’étendre progressivement ce modèle vers l’Amérique du Nord et l’Asie-Pacifique.

Les modalités précises d’intégration entre Mollie et GoCardless, comme la structure financière détaillée de l’opération, n’ont pas été précisées.

Au-delà du cas Mollie + GoCardless, l’opération illustre une tendance de fond, si m’Europe parvient à faire émerger des acteurs capables de rivaliser technologiquement et commercialement avec les leaders mondiaux, elle continue de s’appuyer sur le capital américain pour financer leur passage à l’échelle. Le marché gagne un acteur plus robuste et plus intégré. La question de la souveraineté capitalistique, elle, reste ouverte.

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