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Je ne sais pas pitcher : tant mieux !

Mehdi Cornilliet, Fondateur Up2School

“Présente-moi ton projet en 30 secondes !”

S’il y a bien une question qui me fait peur, c’est bien celle-ci. En effet, je dois être l’un des plus mauvais pitcheurs de tout l’écosystème entrepreneurial des écoles de commerce. Je n’ai jamais travaillé cette compétence. Grave erreur ?

Les concours d’entrepreneuriat… all talk no action

Les écoles de commerce et leurs réseaux organisent très souvent des concours de projets étudiants afin qu’un jury, à la légitimité souvent contestable, désigne les meilleurs projets entrepreneuriaux. S’il y a bien un moment où l’art du pitch est nécessaire, c’est lors de ces concours.

Alors je m’y suis frotté en fin 2016, lorsque deux années de travail sur un side project qui n’était pas censé être un business débouchent sur la nécessité de créer une entreprise.

J’ai donc envoyé une candidature expliquant en deux pages ce qu’est Up2School, une entreprise qui vise à démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur à travers la diffusion de contenu gratuit sous forme de média pour aider tous les étudiants à préparer les concours et s’orienter dans les Grandes Écoles. Pas de disruption, d’ubérisation, de growth hacking ou autres termes de la novlangue startup. Même si nous avions plusieurs dizaines de milliers d’utilisateurs mensuels à l’époque, nous n’avions pas été retenu parmi les projets finalistes.

Sans être mauvais joueur (ou alors peut-être un peu), je me suis donc attelé à regarder ce que les autres projets avaient de plus que le mien. Je suis un compétiteur dans l’âme et s’il y a bien une chose que je déteste : c’est perdre.

Le bullshit startup is everywhere

J’ai donc regardé ces projets qui ont été jugés meilleurs que le mien. Ah, on parle de big data, d’Artificial Intelligence. Oh, une petite graine d’ubérisation(on l’a toujours) par-ci, et de Airbnb du [insérez un service]. Ces termes font briller les yeux de ceux qui devaient juger les projets. Amazing!

Dans ma présentation, j’aurais pu écrire big data, j’ai écrit collecte et traitement des données.
Dans ma présentation, j’aurais pu écrire Artificial Intelligence, j’ai écrit optimisation algorithmique.
Dans ma présentation, j’aurais pu écrire lean startup, j’ai écrit forte adaptabilité.
Dans ma présentation, j’aurais pu écrire growth hacking, j’ai écrit forte croissance.
Dans ma présentation, j’aurais pu écrire disruption, j’ai écrit utilisation des nouvelles technologies.
Bref, dans ma présentation, j’aurais pu écrire startup, j’ai tout simplement écrit entreprise.

Un an plus tard, force est de constater que hormis le projet arrivé en tête, aucun ne réalise de chiffre d’affaires, encore moins de résultat net. Ce dernier devrait approcher les six chiffres pour 2017 (nos comptables nous envoient nos comptes finaux dans les prochains jours, je les partagerai avec vous).

Derrière l’écosystème startup, on oublie bien souvent que ce qui importe à la fin, c’est de créer une entreprise. Et une entreprise, ce n’est pas s’attirer tous les projecteurs dans un concours de pitchs, passer du temps à perfectionner son business plan ou encore fréquenter tous les événements entrepreneuriat de l’environnement tech. C’est aussi et surtout travailler, beaucoup travailler afin de produire un produit ou un service capable de satisfaire ses utilisateurs (qui sont toujours plus nombreux sur nos supports) et délivrer la meilleure performance pour ses clients car in fine, ce sont eux qui financent touteentreprise (et nous permettent de réaliser notre vision).

Alors non, je ne pitcherai pas

Avec Dimitri nous avons clairement décidé que notre modèle se basait avant tout sur la transpiration plus que sur l’inspiration. Nous travaillons toujours plus pour assurer le succès d’Up2School et s’imposer dans un milieu concurrentiel très dense. Au fur et à mesure de notre développement, nous avons multiplié nos supports sur le web et sur papier (où la version online de notre magazine a été lu près de 750 fois plus que notre concurrent), nous avons créé un pôle de production vidéos, un autre événementiel et enfin un dernier de conseil en stratégie digitale. Le tout en n’étant que deux à temps plein.

Nous faisons tout pour satisfaire nos clients actuels et ne pas perdre de temps à en démarcher de nouveaux. Nous savons que nous sommes le support le plus rentable pour eux (sur certaines actions, notre coût par interaction est 70 fois inférieur à ceux de nos concurrents) et en échange, ils nous permettent de financer notre modèle, qui aurait sinon nécessité une levée de fonds.

Grâce à nos bons résultats financiers, nous disposons des moyens pour disrupter le marché de la préparation aux concours et de l’orientation en l’ubérisant grâce à de la Big Data, de l’IA à laquelle on applique la méthodologie lean startup ainsi que des techniques de growth hacking en se basant sur un business model révolutionnaire.

Plus sérieusement, nous créons une prépa gratuite en ligne pour tous avec pour objectif de démocratiser l’accès aux Grandes Écoles, et de le rendre plus méritocratique.

Petite capture d’écran lambda de ce sur quoi nous travaillons actuellement !

Sortie de la bêta prévue d’ici la fin du mois !


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Le contributeur :

Fondateur de Up2School, le groupe média leader des classes préparatoires et des grandes écoles. L’entreprise compte 4 pôles majeurs : l’édition de sites internet, l’édition d’un magazine, la vidéo, l’événementiel.

Fondateur du magazine Le Major, la  référence pour l’ensemble des étudiants en prépa commerciale.

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2 commentaires

  1. Super article, j’aime beaucoup le ton et le fond de ce que tu dénonces : le startup bullshit.
    Mais je ne suis pas d’accord avec toi pour autant :
    Quand tu fais de la compétition dans n’importe quel sport, tu joues avec les règles qu’on t’impose. Et parfois, certains compétiteurs gagnent plus en manipulant habilement les règles qu’en étant juste bon. Et là, c’est pareil. Si tu joues, tu dois jouer avec les mêmes règles que tout le monde. Si tu n’es pas content, alors ne joue pas. Ca, c’est pour la partie « je ne suis pas bon dans les concours de pitch ».
    Perso, je pense que bien savoir expliquer son business, c’est vraiment un plus, vraiment une qualité. Et si tu n’es pas bon à ça, tu devrais t’entraîner.
    Cependant, tu as complètement raison sur une chose : le but d’une boite, ce n’est pas la représentation, c’est de faire de l’argent, satisfaire ses utilisateurs, être pérenne, etc. Et visiblement, avec Up2School, tu t’en sort plutôt très bien.
    Alors à quoi bon venir faire des pitch à la con alors que toi, ta boite, elle fonctionne?
    No prise de tête, fais ton taf du mieux que tu peux et à la fin, c’est toi savourera les cocktails sous les palmiers, pas les mecs qui ont gagné 50 startup weekend ;)

  2. J’ai eu plusieurs Start Ups quand je vivais encore en Californie (30 ans) et je comprend votre réaction très française. En effet il y a de plus en plus de Start Ups qui n’ont aucun avenir (c’est le business qui veut ça) mais cela ne veut pas dire que vous ne devriez pas travailler sur votre pitch car c’est important pour vous addresser à des investisseurs. (elevator pitch in 2 mns first, then 5 et 15 mns pitch)…
    Vous avez ce que l’on appelait aux US le syndrome français qui part du principe que le produit se vend et que le reste est « all BS marketing ». Oui le pitch n’est pas ce qui fera la qualité de votre produit mais c’est l’hameçon qui est nécessaire dans le métier pour attraper des investisseurs qui eux sont confrontés à une marée d’idées tous les jours par des Start Upers qui pensent ou veulent faire croire qu’ils ont le dernier produit disruptif! Un investisseur se base autant sur le produit ou l’idée que sur la (les) personnes formant l’équipe et tout ce que vous allez démontrer est que vous n’avez pas la détermination d’au moins faire un effort de présentation ou que vous ne connaissez pas assez votre sujet pour être confortable dans sa présentation.
    Enfin mon expérience est qu’en travaillant votre pitch vous apprenez souvent quelque chose sur votre produit, sur vous même et celà vous force de vous mettre dans la peau de votre interlocuteur pour être efficace et donc apporte un peu d’humilité et de sincérité qu’un investisseur appréciera.
    Donc mon conseil….travaillez votre pitch en mettant votre personnalité en avant plus qu’en cherchant à copier les autres!

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