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La Fed pointe des valorisations « très exagérées » : faut-il craindre une nouvelle bulle Internet ?

[article publié le 18 juillet 2014]

Sans les citer nommément, la Fed, la banque centrale américaine, a estimé mardi, dans un rapport sur la politique monétaire que « la mesure de la valorisation boursière dans certains secteurs semble fortement exagérée, en particulier pour de petites entreprises dans les réseaux sociaux et l’industrie des biotechnologies, malgré un retournement du prix des actions de ces entreprises ces dernières années ». Une tendance qui s’inscrit à contre courant de celle observée dans les autres secteurs : « la mesure de la valorisation est, pour l’ensemble du marché, à des niveaux peu éloignés de leur moyenne historique, suggérant que les investisseurs ne sont pas exagérément optimistes ».

Faut-il voir dans le rapport de la Fed un clin d’oeil à Twitter ? En novembre 2013, le réseau social s’était introduit en bourse avec un prix par action à 26 dollars, levant 1,8 milliard de dollars. Dans son dossier déposé à la SEC, l’autorité américaine des marchés, il affirmait qu’il ne serait pas rentable avant 2015. Au premier trimestre de cette année, il publiait une perte de 132 millions de dollars, huit ans après sa création.

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« La Fed veut certainement alerter pour éviter tout phénomène de bulle. Il faut noter qu’elle n’a cité que les petites entreprises, ce qui est important. Notons aussi que le marché européen ne vit pas du tout le même engouement. Il est peut-être même plus mature, en terme d’aversion, qu’aux Etats-Unis » souligne Philippe Kubisa, associé chez PwC, spécialiste des marchés de capitaux.

Plusieurs avertissements

Philippe Kubisa, associé chez PwC, spécialiste des marchés de capitaux
Philippe Kubisa, associé chez PwC, spécialiste des marchés de capitaux

« En phénomène généralisé, les entreprises survalorisées sont celles dont le cours de l’action est très élevé par rapport aux fondamentaux : soit le chiffre d’affaires est faible, soit le modèle économique n’a pas encore fait ses preuves. Et chez les réseaux sociaux, très peu de sociétés disposent, à l’heure actuelle, d’un modèle économique viable sur le long terme, à l’inverse de Facebook qui a réussi à se diversifier et générer des revenus substantiels, notamment avec le retargeting publicitaire » explique Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank.

« Les marchés ont été surpris par les propos de Janet Yellen (la présidente de la Réserve Fédérale, ndlr). Pourtant, d’autres organisations les avaient prévenus. C’est le cas notamment de la Banque des règlements internationaux qui a mis en garde les marchés contre des bulles spéculatives qui s’orientent vers les réseaux sociaux et les biotechs. Ils n’avaient alors pas réagi. Ce qui surprend, c’est que, désormais, la Fed en parle. Les marchés auraient dû anticiper. Ils ont fortement réagi hier, mais l’effet d’annonce s’estompe dès aujourd’hui. Ce mouvement de survalorisation s’explique par la politique monétaire accommodante des Etats-Unis » poursuit-il.

Coup d’arrêt dès 2015 ?

En janvier 2013, la Fed avait lancé un programme de rachat d’actifs de 85 milliards de dollars par mois afin de soutenir l’économie du pays de l’Oncle Sam. Mais le FOMC (Federal Open Market Committee, ndlr) a progressivement réduit la cadence jusqu’à atteindre un rythme de 35 milliards de dollars aujourd’hui. Désormais, il est question d’arrêter ce programme d’injection de liquidités dès la fin du mois octobre si l’on en croit ce qui est ressortit des minutes de la Fed publiées le 10 juillet dernier. Après quoi « elle commencera à relever ses taux en 2015 avant un réel durcissement en 2016. Il faudra donc être vigilant à ce moment-là sur les valeurs Internet» prédit M. Dembik.

« Depuis le mois de janvier, les IPO sur le Nasdaq montrent que nous sommes sur une forte valorisation et de la spéculation. À court terme, les entreprises et les actionnaires en bénéficient, car les cours montent, surtout que dans le secteur Internet, la durée de vie des entreprises est assez courte. Mais à long terme, le risque est celui de rejouer le scénario du Nasdaq à la fin des années 1990. Cependant, une bulle spéculative, tant qu’elle n’a pas éclaté, peut se contracter de manière contrôlée : c’est ce qu’essaie de faire Janet Yellen, qui a beaucoup travaillé sur ce phénomène avant de prendre la tête de la Federal Reserve » selon M. Dembik.

Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank
Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank

« Sur le marché américain, nous assistons à des valorisations importantes certes. Mais n’oublions pas que Facebook, par exemple, a été beaucoup critiqué lors de son IPO, beaucoup estimant que son cours était trop élevé par rapport aux fondamentaux de l’époque. Aujourd’hui, les marchés réalisent que l’entreprise tient la route et que le prix d’introduction de l’époque reflétait un potentiel réel du réseau social » explique M. Kubisa. Au premier trimestre, le champion des réseaux sociaux a triplé son profit à 642 millions de dollars.

La Big Data : facteur de « survalorisation » ?

Et pour les autres : « si certaines entreprises sont fortement valorisées alors qu’elles ne génèrent encore que peu ou pas de revenus, c’est sans doute du à l’anticipation de la monétisation du Big Data : elle cristallise la faculté à monétiser les données de leurs utilisateurs à l’avenir. Dans les années 2000, certaines entreprises n’avaient rien à faire en bourse. Les investisseurs, bien que disposant de beaucoup de liquidité, sont devenus bien plus sélectifs et n’investissent plus dans des business models hypothétiques, même s’ils ne sont pas à l’abri d’une erreur ».

Même son de cloche pour M. Dembik : « Il est incontestable que le secteur Internet est beaucoup plus mature qu’à la fin des années 90. Nous ne sommes pas sur des phénomènes d’exubérance irrationnelle de la part des investisseurs qui soient comparables. L’effet de mode est passé. Les investisseurs sont plus au fait des caractéristiques du secteur, parviennent mieux à l’appréhender et font preuve de plus de sagesse dans leurs décisions d’investissement. Ceci permet, au final, d’être assez optimiste pour le secteur. Il n’y aura pas d’effondrement brutal et de la même ampleur que lors de l’éclatement de la bulle des années 2000 ».

« Le risque le plus fort, c’est celui des aléas technologiques qui pèsent sur les entreprises Tech ou Internet. Si le virage technologique n’est pas pris, les conséquences peuvent être très rapides, et le marché réagit très vite » conclut M. Kubisa. « BlackBerry et Nokia sont de bons exemples ».

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