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L’Irak, le pari perdu à 385 millions d’euros d’Orange

Poussé dehors par le régulateur des télécoms national, Orange va devoir quitter l’Irak après y avoir investi près de 385 millions d’euros. Retour sur une déroute qui porte un coup sévère à la stratégie d’internationalisation de son PDG Stéphane Richard au Moyen-Orient et en Afrique.

L’Irak: un pari risqué pour Orange compte tenu de l’influence britannique dans la région

Après le renversement de Saddam Hussein par la coalition américaine et britannique en 2003, nombre d’investisseurs étrangers voient l’Irak comme une cible stratégique, bien qu’instable. Et parmi eux, des télécoms européens comme le Français Orange ou le Britannique Vodafone, soucieux de profiter de nouveaux relais de croissance à l’international pour compenser la maturation de leurs marchés domestiques.

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En joint-venture avec l’entreprise koweïtienne de logistique Agility Public Warehousing, Orange acquiert en 2011, pour 810 millions de dollars, 44% des parts de Korek (20% pour Orange), troisième opérateur de télécommunicatons en Irak derrière Zain et AsiaCell. Au total, Orange investira 385 millions d’euros en Irak. Un pari risqué, compte tenu de l’influence britannique dans la région. En 2012, Vodafone signe par exemple un accord avec Zain, le premier opérateur de télécommunicatons irakien, qui lui permet d’accéder à ses réseaux au Moyen-Orient. L’alliance couvre plusieurs pays comme l’Arabie saoudite et Bahreïn, mais aussi l’Irak.

Le contrat déclaré invalide par le gendarme des télécoms irakiens

Fin 2013, Orange revendique une forte croissance de sa clientèle et de ses revenus en Irak. La pénétration mobile y est alors d’environ 78%, sur une population de 33 millions de personnes, dont seulement 2% dispose d’un accès au haut débit.

Mais en 2014, la Commission irakienne des communications et des médias met fin aux ambitions de Stéphane Richard en invalidant le contrat signé entre Orange, Agility Public Warehousing et Korek. Le gendarme des télécoms irakien justifie cette décision par le fait qu’Orange n’aurait pas tenu ses engagements en termes d’investissements dans les infrastructures et le réseau de Korek. L’entreprise française conteste cette décision, affirmant avoir respecté les clauses du contrat. Cette contestation déclenche alors un enchaînement de contentieux juridiques. Dans les faits, Orange est victime de deux facteurs majeurs: la géopolitique instable de la région et l’influence des Britanniques en Irak.

En mars 2018, l’alliance Orange-Agility porte notamment plainte contre trois directeurs de Korek, alors que les autorités donnent raison à l’opérateur irakien. Elle les accuse de mauvaise gestion de leur entreprise et de détournement de millions de dollars. Des accusations rejetées par la direction de Korek. Celle-ci accuse la joint-venture de vouloir « détruire la valorisation » de Korek.

Le directeur général de Korek en détient désormais 75% des parts

Aujourd’hui, la Commission irakienne des communications et des médias décide de retirer à Orange les parts qu’il détenait dans Korek, selon Bloomberg. Elles sont transférées à trois investisseurs, dont Sirwan Barzani, directeur général de l’entreprise, commandant militaire et entrepreneur irakien majeur. Ce dernier détient désormais 75% des parts de Korek. Les deux autres investisseurs se partagent les parts restantes.

« L’actionnariat détenu par Orange et Agility a été exproprié illégalement », a indiqué un porte-parole d’Orange à Bloomberg, ajoutant que l’entreprise française entreprendra toutes les démarches nécessaires pour obtenir une réparation complète. De son côté, Agility a affirmé avoir également lancé « plusieurs procédures judiciaires » à Dubaï, à New York et auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements de la Banque mondiale.

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