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[Dossier] Collaboratif, libre, humanitaire… Les défis du web solidaire

« Vers où la révolution du numérique se dirige-t-elle ? » Voilà la problématique autour de laquelle s’est déroulée la conférence inaugurale de la 1ère édition de la Social Good Week, mise en place sous l’impulsion d’Ismaël Le Mouël, fondateur de MailforGood.

Etudiants, professeurs, professionnels du web et de l’humanitaire…. Au total plus de 500 personnes ont suivi les débats autour du web solidaire, qui consiste à fusionner le numérique à l’action sociale. Des échanges constructifs animés par des figures clefs des deux communautés. Parmi elles, Florence Devouard, ex-présidente de la Fondation Wikimedia, Benjamin des Gachons, Directeur des campagnes France de Change.org ou encore Stephane Roussel, Président Directeur Général de SFR, et Benoît Charpentier, directeur général adjoint du groupe 20 minutes chargé du digital, pour n’en citer que quelques uns.

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Pétitions online, logiciels en open source, serious game au profit de la lutte contre la faim…. La conférence est revenue, dans un premier temps, sur la multiplication des initiatives dans le domaine avant d’aborder les sujets épineux auxquels doit faire face le web solidaire pour poursuivre son évolution. Trois défis ont pu clairement être identifiés.

La création d’un pont entre deux communautés distinctes

C’est l’un des enjeux clefs du web solidaire. Selon Nicolas Hazard, fondateur et président du Comptoir de l’innovation, il existe deux communautés très précieuses mais bien distinctes : d’un côté les développeurs et les professionnels du numérique, de l’autre les professionnels de l’humanitaire qui oeuvrent sur le terrain. L’idée, est de mettre en place une collaboration effective entre ces familles, qui à l’origine ne se connaissent pas. « Car sans action sur le terrain, la web solidarité se retrouvera rapidement confrontée à ses limites ».

Frédéric Théret, directeur de la communication pour Action Contre La Faim, identifie, pour sa part, un autre problème lié à cette problématique. « Aujourd’hui la part du digital dans la générosité ne représente que 10% de nos dons ». Ce faible score s’explique notamment par l’expérience vécue par les donateurs qui se retrouve chamboulée sur le web. L’idée serait donc de mettre en place une nouvelle génération de bénévoles 2.0 « On parlerait alors de e-bénévolat ». Leur rôle serait donc de sensibiliser le public directement depuis la toile, à l’image de ce que font les professionnels sur le terrain.

La mise en place d’un business model viable

Autre défi de taille, trouver au web solidaire un business model pérenne, sans lequel « le social good » se transformera en simple mouvement de mode. Pour l’heure, une grande majorité des projets de social good repose sur les donations des internautes. C’est le cas, notamment, de la fondation Wikimedia qui se refuse à toute sorte de publicité sur son site. Dans cette optique, la fondation organise chaque année, en automne, une collecte en ligne. L’an dernier Wikimedia France tablait sur une levée de 800 000 €.

D’autres projets de Social Good n’ont eux, pas hésité à développer leur activité en s’appuyant sur la publicité en ligne. La start-up MailforGood d’Ismaël Le Mouel en fait partie. Depuis février dernier, la jeune pousse offre la possibilité aux internautes de soutenir les associations en visionnant simplement une vidéo publicitaire. Ainsi, pour chaque visionnage, 5 centimes d’euros sont reversés à l’association choisie. 70% des revenus publicitaires sont donc attribués aux associations. Et, afin d’assurer la pérennité de son service, Mailforgood prélève pour sa part 30% des recettes publicitaires et propose aux internautes de laisser un pourboire de quelques euros lors de leurs dons.

Dans le même esprit, le serious game Freerice soutenu par le World Food Programme repose également sur la publicité. Les joueurs répondent à des questions et pour chaque bonne réponse, ils remportent 10 grains de riz, entièrement financés par la publicité sur le site. Ces grains sont ensuite distribués aux populations nécessiteuses. Pierre Guillaume Wielezynski, responsable du numérique met en avant un cercle vertueux : « Aujourd’hui, nous avons de plus en plus de contenus, donc d’avantage de trafic et de publicité et de riz distribués. »

Au-delà de la simple publicité traditionnelle, le World Food Programme s’est également lancé dans une expérience plus sociale lors du tremblement de terre à Haïti en nouant un partenariat avec le spécialiste du social gaming Zynga. En jouant à Farmville sur Facebook, les internautes avaient la possibilité d’acheter des grains de riz virtuels, ce qui a permis de lever près de 1,5M $ en quelques jours. En échange de leurs participations, les joueurs ont reçu « un biscuit vitaminé virtuel » leur permettant d’avancer plus rapidement dans l’aventure.

Dernière expérience en date, la mise en place d’un partenariat avec MasterCard, permettant aux internautes ayant fait des dons à la fin de leurs achats sur les sites marchands, de bénéficier de réductions lors de leurs prochaines sessions de shopping online. Pierre Guillaume Wielezynski reconnaît que ce dispositif peut déranger, mais explique que l’idée « est d’intégrer la philanthropie du web solidaire dans le cycle du marketing online » afin d’assurer un certain business model.

Une mission d’éducation autour du web solidaire 

« Si cette conférence se déroule dans une université, ce n’est pas un hasard » reconnaît Ismaël. En effet, le 3ème enjeu majeur du web solidaire repose sur l’éducation autour de cette nouvelle notion. Une mission à laquelle s’attache notamment le site web du quotidien 20 Minutes. Benoît Charpentier, directeur général adjoint chargé du digital précise : « Nous avons quatre missions : l’information, l’explication, l’éveil et enfin l’action ». Autour de ces différents axes, 20 Minutes cherche donc à s’intéresser à ce nouveau phénomène en tant que média et au potentiel serviciel en tant qu’entreprise.

Au-delà de ces enjeux, le web solidaire doit également faire face à une batterie de difficultés annexes, comme la question de la confiance en ligne, la banalisation des images ou encore la gadgetisation de la solidarité, décriée notamment par le quotidien britanique The Guardian, qui pointait du doigt en 2010 un phénomène de « clictivisme ».

Si certains, comme  Stephane Roussel, estiment que l’avenir et même le présent de la solidarité se jouent désormais dans le numérique, d’autres restent plus modérés. Ainsi, pour Nicolas Hazard, le numérique n’est qu’une composante de la solidarité : « C’est un outil qui, s’il est bien utilisé peut être très efficace. » En somme, le web ne peut constituer un mode de solidarité en soit mais peut se révéler comme un véritable multiplicateur de générosité.

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