HUMMINK : comment une technologie née au sein du CNRS et de l’ENS, est en train de s’imposer dans les fabs asiatiques
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Alors que chaque micron défaillant peut détruire des millions d’euros de valeur, la fabrication avancée vit une phase de bascule. L’essor de l’intelligence artificielle et du calcul intensif impose aux industriels de réduire les défauts microscopiques qui altèrent le rendement des puces et des écrans. Une partie de la réponse pourrait venir d’une technologie née dans un laboratoire parisien. Hummink, spin-off du CNRS et de l’École normale supérieure, s’est imposée en quelques années comme l’une des rares deeptech capables de corriger en temps réel les défauts sub-microniques directement sur les lignes de production.
La société a développé un procédé de micro-impression, le High-Precision Capillary Printing (HPCaP), qui fonctionne comme un stylo-plume à l’échelle micronique. Le système dépose des métaux ou matériaux fonctionnels avec une précision sub-5 microns pour réparer des circuits, ajuster des connexions ou corriger les défauts invisibles qui entraînent la mise au rebut de composants entiers. Ce positionnement répond à un besoin immédiat : les technologies de lithographie, même les plus avancées, génèrent des imperfections qui ne peuvent être traitées qu’après fabrication.
Les premières intégrations industrielles se jouent en Asie, où les lignes de production d’écrans OLED restent confrontées à des taux de rebut proches de 30 %. L’impact est massif avec près de 16 milliards d’euros de pertes annuelles et des volumes de matériaux gaspillés équivalents à plusieurs milliers de terrains de football. Les tests menés avec les fabricants asiatiques indiquent que la technologie de Hummink pourrait augmenter le rendement d’environ 10 %, un gain considérable dans une industrie sous tension. Les équipes locales installées à Taïwan, au Japon et en Corée du Sud concentrent leurs efforts sur ces phases de qualification, essentielles avant toute adoption à grande échelle.
Hummink a commencé par positionner sa machine NAZCA dans les laboratoires et centres de R&D pour familiariser les industriels avec son procédé. Ce premier produit sert de point d’entrée, permet d’adapter les paramètres d’impression et prépare l’arrivée du module industriel destiné à être intégré directement dans les lignes de fabrication. Cette stratégie graduelle répond aux exigences des fabs asiatiques à de nombreux niveaux, qu’il s’agisse de fiabilité, répétabilité et compatibilité avec les cadences imposées par les fabricants d’écrans et de semi-conducteurs.
La société mise également sur ses encres propriétaires, développées en interne pour garantir une stabilité et une répétabilité qui conditionnent la réussite du procédé. Ces formulations constituent une source de revenus récurrents et renforcent la dépendance des industriels à la technologie, un élément stratégique pour s’inscrire durablement dans la chaîne de valeur.
Pour les fondateurs expliquent que leur mission est “d’apporter de la précision là où elle n’avait jamais été possible”, explique Amin M’Barki, CEO et cofondateur. Pascal Boncenne, COO, ajoute “La microélectronique est au cœur de la révolution de l’IA, et chaque micron compte. Avec notre technologie HPCaP, nous offrons aux industriels une manière concrète d’améliorer leurs rendements, de réduire leurs pertes et de rendre les technologies avancées plus durables.”
Le déploiement international est particulièrement rapide, les systèmes NAZCA sont déjà présents en Europe, aux États-Unis et en Asie, notamment à l’Université Duke, où la technologie a permis de produire les premiers dispositifs électroniques recyclables imprimés à l’échelle sub-micronique, publiés dans Nature Electronics. Ce type de validation scientifique renforce la crédibilité de la startup dans un secteur où la maîtrise physique des procédés est déterminante.
Hummink annonce avoir levé 15 millions d’euros pour accélérer l’industrialisation de sa technologie HPCaP. Fondée en 2020 par Amin M’Barki et Pascal Boncenne, la société est soutenue par Elaia Partners, Sensinnovat, Beeyond, Cap Horn, KBC Focus Fund, French Tech Seed (Bpifrance) ainsi que la Banque européenne d’investissement. Ce financement doit accompagner le déploiement international, renforcer les équipes locales et préparer l’intégration complète de son module industriel dans les fabs d’écrans et de semi-conducteurs.
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