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TEADS dévisse de 40% en Bourse, le modèle Outbrain-Taboola était-il condamné ?

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La chute de 40% du titre Teads en une séance concentre l’inquiétude déjà installée depuis plusieurs mois., l’entreprise issue de la fusion inversée entre Outbrain et Teads ayant perdu 90% de sa valeur depuis janvier. La nouvelle entité est victime d’un trimestre marqué par le recul des revenus et un cash-flow opérationnel à nouveau négatif. Toutefois pour les investisseurs, cette correction n’est pas liée à un accident isolé mais à un modèle économique devenu trop exposé aux transformations structurelles du marché publicitaire.

Né pour accompagner la navigation sur le web ouvert, le dispositif de recommandation de contenus sponsorisés a longtemps prospéré grâce à son intégration massive sur les sites médias. Le principe reposait sur un volume élevé d’impressions, un ciblage par données comportementales et une mécanique de CPC adaptée à l’économie des contenus de la décennie 2010. L’essor du RGPD, la montée des plateformes fermées et la transformation des usages ont, peu à peu, déplacé les lignes au point de fragiliser la proposition de valeur.

Trois évolutions ont accéléré ce déclin, à commencer par le basculement de la consommation d’actualités vers les environnements propriétaires, dont les flux éditoriaux remplacent progressivement les pages d’accueil traditionnelles. La seconde tient au privacy-by-design qui a restreint le ciblage comportemental, renchéri le coût d’acquisition et réduit les performances publicitaires. La troisième, plus récente, provient de la montée des assistants conversationnels qui captent une partie des recherches initialement effectuées sur les sites d’actualité ou via les modules de recommandation.

Dans ce contexte, les rapprochements envisagés depuis plusieurs années dans l’adtech ont cherché à créer une échelle suffisante pour compenser la pression sur les marges. La fusion inversée entre Outbrain et Teads répondait à cette logique, mais n’a pas permis d’amorcer la dynamique attendue. L’intégration technologique reste coûteuse, les synergies commerciales n’ont pas encore produit d’effet perceptible et les investissements nécessaires pour repositionner la plateforme dans un écosystème dominé par la vidéo premium et l’IA dépassent les capacités actuelles du groupe.

La situation financière de la société renforce ces difficultés, ainsi avec 628 millions de dollars de dette portant un taux d’intérêt de 10%, une trésorerie limitée et une capacité réduite à lever du capital tant que l’action se maintient sous un dollar, Teads se trouve sous pression. D’autant que le marché anticipe un effet ciseau prolongé entre un revenu en baisse et une charge de dette dont le poids excède désormais les marges du secteur.

Ces fragilités ramènent la question de la gouvernance au premier plan. Depuis sept ans, David Kostman dirige Outbrain puis Teads tout en présidant le conseil d’administration de Nice. La fusion, puis l’intégration opérationnelle, se sont déroulées alors qu’il supervisait parallèlement la succession du CEO de Nice et, quelques mois plus tard, la plus importante acquisition de l’histoire du groupe. Cette accumulation de responsabilités nourrit les interrogations sur la capacité à piloter une transformation aussi complexe dans un marché publicitaire en contraction.

Outbrain, fondée en 2006 par Yaron Galai et Ori Lahav, a été introduite en Bourse en 2021 à une valorisation d’environ 1,1 milliard de dollars. L’entreprise a fusionné par absorption inverse avec Teads en février 2025, donnant naissance à un groupe d’environ 2 000 salariés dirigé par David Kostman. Le nouvel ensemble porte une dette de 628 millions de dollars à 10% et disposait de 138 millions de dollars de trésorerie lors de la dernière publication. L’action, tombée sous un dollar, a perdu 90% depuis janvier 2025.

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