Après dix ans d’existence, l’école 42 accélère son internationalisation
Par Yassine KHIRI / AFP
Dix ans après sa création à Paris à l’initiative de Xavier Niel, l’école 42 duplique son modèle à l’international pour répondre à la « pénurie » de talents dans la tech et vise les 25.000 étudiants dans le monde d’ici 2025.
Ouverture d’un campus à Luanda (Angola) en juillet, à Antananarivo (Madagascar) en septembre… Depuis 2013, 42 s’est fait un nom, avec une pédagogie fondée sur le travail en équipe et l’absence d’enseignants, pour former gratuitement des jeunes non diplômés au codage informatique.
Mis sur pied pour « réparer l’ascenseur social » dans l’industrie du numérique, l’établissement, qui est ouvert à tous les profils « sans conditions de diplôme, d’origine, de sexe ou d’âge », revendique avoir formé 37.000 étudiants, dont 22% de femmes.
De quoi exporter son modèle au-delà de ses sept sites en France, avec 50 campus dans le monde financés par des partenaires locaux, comme en Amérique (Québec, Sao Paulo), en Asie (Tokyo, Séoul, Kuala Lumpur, Abu Dhabi, Bangkok), en Europe (Rome, Berlin, Londres), au Maroc ou encore en Australie
« C’est incroyable. Au début, on pensait tellement que ça n’allait marcher qu’en France que les premières écoles à l’étranger ne s’appelaient pas 42 », confie à l’AFP Xavier Niel, également fondateur du groupe Iliad (maison mère de l’opérateur Free) et président de 42.
« On a appris le mot +piscine+ (nom du test d’entrée d’une durée d’un mois, NDLR) à des dizaines de milliers de personnes dans 29 pays », renchérit celui qui a aussi fondé le plus grand incubateur de start-up au monde à Paris en 2017, Station F.
– « Soft power » –
Parfois invité dans les délégations des visites d’Etat du président français Emmanuel Macron, comme en août dernier en Algérie, Xavier Niel était présent lors de l’annonce de l’implantation d’une école 42 à Alger. Le signe de son « soft power » grandissant ?
« C’est un élément de diplomatie important, reconnaît-il. Déjà parce que plein de personnes viennent en France pour voir l’école et, à côté de ça, on peut populariser quelque chose qu’on espère un tout petit peu français ».
« C’est un sujet positif pour les pays, quel que soit leur niveau (de richesse). On leur dit: +Écoutez, on est capable de vous aider à créer de l’emploi bien rémunéré, intelligent+. On essaie toujours de se dire que, localement, on est capable de créer quelque chose qui va aider le pays », souligne encore M. Niel.
Les formations spécialisées dans le code, gratuites ou payantes, se sont multipliées ces dernières années, alors que l’Institut Montaigne estime à 845.000 le nombre de nouvelles personnes à former en France entre 2023 et 2030 pour satisfaire le marché de l’emploi dans le secteur de la tech.
Outre 42, d’autres formations d’origine française ont essaimé à l’étranger comme le Wagon, présent dans une trentaine de pays dont la Chine et qui offre une formation courte fondée sur le développement web, ou encore Simplon, qui forme au numérique des publics en difficulté ou en décrochage dans 44 pays.
Pour quel résultat ? « On a 100% » de taux d’embauche, affirme à l’AFP Sophie Viger, directrice générale de 42, tandis que bon nombre d’étudiants sont démarchés par des chasseurs de tête avant même d’avoir achevé leur cursus, dans des secteurs en plein essor comme l’intelligence artificielle ou la cybersécurité.
Parmi les têtes d’affiche des 400 jeunes pousses créées par des anciens de 42, les dirigeants citent notamment Alexis Barreyat et Kévin Perreau, les co-fondateurs de BeReal. Un réseau social qui était début septembre dernier l’application mobile la plus téléchargée aux Etats-Unis devant Instagram, TikTok et consorts.
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