
Connaissez-vous SUNO, l’IA musicale qui transforme les auditeurs en créateurs ?
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En quelques mois, Suno s’est imposée comme l’une des applications d’IA grand public les plus surprenantes : en quelques secondes, un simple texte se transforme en chanson complète, avec voix, paroles, instruments et production quasi radio-ready. Là où les IA génératives ont d’abord bousculé le texte et l’image, Suno s’attaque à un territoire longtemps resté réservé aux studios et aux musiciens équipés, la création musicale.
Derrière cette promesse, il ne s’agit pas seulement de produire “plus de musique”, mais d’installer un nouveau geste culturel et faire des chansons devient un loisir du quotidien, au même titre que filmer une story ou monter une vidéo TikTok.
Une IA qui compose des chansons complètes à partir d’un simple prompt
Concrètement, Suno est une plateforme de génération musicale : l’utilisateur saisit un prompt (une description, une situation, parfois des paroles) et l’IA génère un morceau complet, avec mélodie, harmonies, voix et arrangement, dans le style demandé. La promesse affichée par l’entreprise est claire : “créer de la musique originale en quelques secondes, gratuitement”.
Accessible via une application web, une intégration dans Microsoft Copilot et des apps mobiles iOS et Android, Suno permet :
- de générer des chansons à partir de texte,
- d’enregistrer un mémo vocal et de le transformer en morceau,
- de découvrir et d’écouter les créations d’autres utilisateurs,
- de constituer des playlists personnelles de titres générés par l’IA.
De Discord aux apps mobiles : un produit grand public avant tout
Au départ, Suno a été lancée sous la forme d’un bot sur Discord, dans la lignée de Midjourney pour l’image. Très vite, l’équipe a compris que le marché ne se limitait pas aux communautés tech, ainsi après la mise en ligne d’une première web app minimaliste, la majorité du trafic a basculé du Discord vers le site en quelques jours.
Depuis, Suno a clairement pris le virage grand public et le coeur de la base d’utilisateurs n’est plus constitué de développeurs ou de passionnés d’IA, mais de personnes qui aiment la musique sans être musiciens avancés. Mikey Shulman, CEO et cofondateur, le reconnaît volontiers : la majorité des gens “n’aiment pas vraiment la plupart du temps qu’ils passent à faire de la musique” dans les outils traditionnels.
Avec Suno l’objectif n’est pas de remplacer un DAW professionnel, mais de rendre le processus lui-même agréable, et plus ludique. Beaucoup d’usages décrits par Mikey Shulman sont très personnels, des parents qui composent des albums sur mesure pour leurs enfants, des chansons écrites pour une blague entre amis, des morceaux éphémères créés pour un moment précis, sans ambition de carrière.
“Creative entertainment” plutôt que “music tech”
C’est probablement la clé pour comprendre Suno, il ne s’agit pas d’un “outil IA pour musiciens”, mais d’une nouvelle catégorie que l’on pourrait qualifier de “creative entertainment”.
L’utilisateur ne vient pas seulement chercher un résultat fini, il vient pour l’expérience de création :
- trouver une idée de chanson,
- expérimenter des styles,
- rire d’un texte absurde,
- s’émouvoir d’un morceau ultra-personnel généré en quelques secondes.
De ce point de vue, Suno se rapproche plus d’un jeu créatif ou d’une plateforme sociale que d’un logiciel de production musicale classique.
Une réalité business solide : avec des revenus, une forte croissance et des levées de fonds réussies.
Derrière cette dimension ludique, Suno commence à afficher des chiffres de scale-up. D’après plusieurs sources, la startup basée à Cambridge (Massachusetts) génèrerait déjà plus de 100 millions de dollars de revenus annuels récurrents, soit plus de 85 millions d’euros, avec une base d’utilisateurs qui se compte en dizaines de millions.
Côté financement, Suno a levé environ 125 millions de dollars (environ 106 millions d’euros) lors d’un tour mené par Lightspeed, Matrix Partners et plusieurs investisseurs individuels comme Nat Friedman ou Daniel Gross. La société est aujourd’hui engagée dans de nouvelles discussions pour lever plus de 100 millions de dollars supplémentaires, sur la base d’une valorisation supérieure à 2 milliards de dollars, soit autour de 1,7 milliard d’euros.
Suno a été créée en 2023 à Cambridge (Massachusetts) par Michael Shulman, Georg Kucsko, Martin Camacho et Keenan Freyberg.
Un modèle technologique sous tension : copyright et régulation
Bien entendu, comme beaucoup d’acteurs de l’IA générative appliquée à la création, Suno opère dans un environnement juridique tendu. La société fait l’objet d’une plainte portée par la Recording Industry Association of America (RIAA), qui lui reproche d’avoir utilisé des catalogues protégés par le droit d’auteur pour entraîner ses modèles, et ce sans autorisation.
Si Suno ne communique pas en détail sur les jeux de données utilisés, la startup affirme avoir mis en place des protections contre le plagiat et les copies trop proches de morceaux existants. Dans le même temps, une partie de l’industrie musicale s’inquiète de l’impact de ces outils sur la valeur des catalogues et sur la rémunération des créateurs, tandis qu’une autre partie les adopte discrètement comme outils de travail quotidiens.
Les professionnels de la musique l’utilisent déjà… souvent sans rien dire
Un autre point intéressant est la manière dont Suno est déjà intégrée aux workflows professionnels. De nombreux producteurs, compositeurs ou créateurs de contenus utilisent la plateforme :
- pour générer des maquettes rapidement,
- pour explorer des variations de mélodies,
- comme “copilote créatif” dans le processus d’écriture.
Mais la plupart ne le revendiquent pas publiquement, par crainte de la réaction des pairs ou des fans. L’IA qui génère des idées reste un outil invisible, comparable aux assistants de code dans le développement logiciel, essentielle en coulisses, mais rarement mise en avant dans la communication.
Une course technologique permanente
Sur le plan purement produit, la plateforme a déjà connu plusieurs générations de modèles (v3, v4, v4.5…), avec des améliorations sensibles sur la qualité des voix, la cohérence des paroles, la maîtrise des styles et la longueur des morceaux. La société a récemment décidé de mettre à disposition gratuitement un modèle v4.5 allégé pour les utilisateurs du tiers gratuit, améliorant nettement la qualité sans paywall.
Ce choix accentue la pression sur les concurrents et renforce son image de plateforme “grand public” plutôt que de simple outil professionnel. Il pose aussi une question classique dans le SaaS, comment continuer à monétiser quand le niveau de qualité accessible gratuitement monte à ce point ?
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