Une polytechnicienne rompue au secteur des télécoms qui vient féminiser un peu plus le CAC 40: forte de quinze ans passés chez Alcatel-Lucent, la directrice générale Europe de Schneider Electric Christel Heydemann devrait être nommée aujour’hui, à 47 ans, directrice générale d’Orange, bénéficiant du soutien de l’Élysée et de Bercy
Egalement diplômée de l’Ecole des Ponts et Chaussées, elle avait gravi tous les échelons de Schneider Electric depuis son arrivée en 2014 chez le géant français des équipements et solutions pour l’énergie, jusqu’au poste de présidente du groupe en France puis directrice pour l’Europe.
Christel Heydemann était aussi déjà membre du conseil d’administration d’Orange depuis 2017. Avec sa nomination à la tête du groupe, elle devient la deuxième femme à diriger une entreprise du CAC 40, avec la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor.
A partir du 1er juillet, les deux dirigeantes seront rejointes dans ce cercle encore très fermé par Estelle Brachlianoff, qui deviendra directrice générale de Veolia.
Après avoir débuté sa carrière en 1997 comme consultante au sein du prestigieux Boston Consulting Group, Christel Heydemann intègre deux ans plus tard Alcatel, l’ex-fleuron français des télécoms, où elle a occupé différents postes à responsabilités, notamment dans le cadre de la fusion entre Alcatel et Lucent.
Nommée directrice commerciale d’Alcatel-Lucent France en 2008, elle négocie l’année suivante une alliance stratégique avec l’équipementier informatique HP aux Etats-Unis, avant d’être promue en 2011 directrice générale des ressources humaines et membre du comité exécutif.
Christel Heydemann a rejoint ensuite Schneider Electric en 2014 comme directrice des alliances stratégiques. Après avoir occupé le poste de présidente France de Schneider Electric, elle avait pris en mai 2021 la tête des activités européennes de la multinationale française.
Décarbonation de l’économie, développement de l’industrie 4.0, révolution de l’internet des objets… la dirigeante a notamment géré le dossier de la transformation numérique du groupe, accélérée par la crise sanitaire.
C’est alors qu’elle dirigeait Schneider Electric France que l’usine du Vaudreuil, dans l’Eure, est devenue pionnière en France de la transformation numérique en utilisant la 5G (avec Orange) et la réalité augmentée, via le recueil et l’utilisation des données notamment, dans le processus industriel lui-même.
Le site, particulièrement à la pointe, avait été distingué en 2019 comme l’une des 16 « vitrines » de l’usine 4.0 dans le monde, dans une étude réalisée par le cabinet McKinsey pour le Forum économique mondial.
Présidente du Gimélec (groupement des entreprises de la filière électronumérique française), Christel Heydemann est également membre du Conseil national de l’industrie. « C’est tout sauf un dictateur: elle embarque tout le monde et a la capacité d’imaginer l’impossible », confiait l’an dernier au Figaro Ben Verwaayen, son ex-patron chez Alcatel-Lucent. « C’est une CEO (Directrice générale, ndlr) naturelle ».
Cette mère de deux enfants, rompue au dialogue social, avait également co-piloté jusqu’à juin 2021 une mission gouvernementale sur le développement du congé parental et la conciliation des temps professionnel et familial, avec le sociologue Julien Damon.
Christel Heydemann est mariée à André Loesekrug-Pietri, dirigeant de Joint European Disruptive Initiative, une agence de promotion des hautes technologies.
Préconisation phare? Que le congé parental, pris après le congé maternité ou paternité, et actuellement d’une durée d’un an, renouvelable jusqu’aux trois ans de l’enfant, soit raccourci et mieux indemnisé. Elle avait recommandé qu’il soit raccourci à six mois pour chacun des parents, soit un an au total, pendant la première année de l’enfant, tandis que la rémunération serait proportionnelle au salaire antérieur, mais plafonnée, pour qu’il soit plus attractif et mieux partagé entre hommes et femmes.
« L’ambition générale doit être non pas de continuer à empiler des réponses mais à simplifier la vie, celle des personnes, celle des entreprises », jugeait-elle avec son co-rapporteur. Une philosophie similaire à prévoir chez Orange?
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