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Pour des Etats Généraux Numériques de l’Alimentation

Les Etats Généraux de l’Alimentation approchent, et pour l’instant on ne parle que d’agriculture et d’écologie pour savoir qui des deux mangera l’autre. Mais qui parle du sujet du numérique? Qui parle des data? Des algorithmes? Personne.

J’ai l’impression que tout le monde fait comme si on était encore dans les années 80, à l’ère pré-Internet. Comme si on pouvait encore faire «comme avant». Prendre des décisions «comme avant». Sur les pesticides, le bio, la gestion des risques, le partage de la valeur, les prix, en se basant sur des données RICA qui datent d’il y a 3 ans et sur des travaux de labo dont la représentativité terrain n’a jamais été vraiment la priorité. Tout ceci est-il bien raisonnable?

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Le numérique, la data et les algorithmes devraient être au cœur des Etats Généraux de l’Alimentation. Et ceci pour au moins 3 raisons.

1- Parce que toute démarche collaborative sérieuse doit s’appuyer aujourd’hui sur des outils numériques. Les Etats Généraux veulent faire émerger un «juste prix payé au producteur»? Chiche! Profitons de la technologie pour croiser les données des producteurs, des coopératives, des industriels et de la grande distribution, mettons les algorithmes de calcul des prix en open source et créons enfin de la transparence dans cette industrie agricole où l’opacité a toujours été la norme. Les outils numériques sont l’infrastructure nécessaire à toute collaboration moderne et efficace. Il serait absurde de s’en priver.

2- Parce que les technologies numériques permettent de renouveler les modèles économiques des acteurs en place. Demander aux coopératives de réduire la vente pesticides d’un côté, c’est forcément les inviter à accroître le service aux agriculteurs de l’autre, et donc changer leur business model. Fermer les yeux en disant à chacun de se débrouiller est une hypocrisie: il faut une trajectoire de transition. Or les technologies numériques rendent possibles cette transition agro-écologique par le développement d’outils prédictifs basés sur des modèles et des algorithmes innovants. Il est temps de s’en préoccuper maintenant.

3- Parce que les technologies numériques permettent de maîtriser les risques de l’agriculture. Dans un contexte de plus en plus volatile, il est temps d’arrêter de piloter les filières agricoles au doigt mouillé. Il nous faut des outils modernes basés sur de la data et des algorithmes. Si ces technologies ne peuvent évidemment pas supprimer les risques du monde agricole, ils peuvent au moins les mesurer et les anticiper pour permettre aux acteurs des filières de prendre des décisions avisées. La maîtrise des risques, c’est la maîtrise des prix et de la production, donc une gestion plus efficace des crises agricoles.

Infrastructure collaborative, nouveaux modèles économiques et maîtrise des risques, trois bonnes raisons de placer le numérique au cœur des débats

Alors, que fait-on? On continue «comme avant»?

La bonne nouvelle, c’est que le secteur agricole n’a pas attendu les Etats Généraux de l’Alimentation pour prendre la mesure de l’importance de ses données. Depuis plusieurs mois déjà, on voit fleurir sur le territoire des plateformes de données agricolesouvertes à l’innovation, et j’en veux pour preuve 3 exemples enthousiasmants.

1- WIUZ, plate-forme de la filière céréalière, née de la mise en commun des données de 2 grosses coopératives françaises, Terrena et Axéréal. Cette jeune start-up couvre aujourd’hui plus de 50% des parcelles françaises numérisées et dispose donc d’une masse considérable de données. Elle souhaite devenir la plateforme d’open innovation de référence pour la filière céréalière.

2- DOMOPIG, plate-forme de la filière porcine lancée par Kerhis, regroupe les données de dizaines d’acteurs qui produisent des données dans les exploitations. Là aussi une masse de données disponibles considérables pour comprendre où sont les axes de performance des exploitations porcines. Dans un contexte de perte de compétitivité, ces données seront indispensables pour aider à la valorisation des produits.

3- APPLIFARM, plate-forme de la filière bovin lait, lancée en Bretagne il y a 2 semaines par Neovia et 4 autres partenaires. Elle regroupe une très large variété de données – techniques, alimentation animale, données de gestion – avec pour objectif de connecter 10.000 éleveurs d’ici quelques années et de développer un écosystème de partenaires en open innovation.

Ces 3 plateformes ambitieuses sont, j’en suis convaincu, les premières d’une longue série. Elles sont une approche moderne de la coopération dans les filières. Elles sont certainement l’avenir du pilotage des politiques agricoles. On ne peut pas les ignorer.

Plutôt donc que de faire «comme avant», profitons des Etats Généraux pour enclencher un vrai mouvement sur l’agrégation des données. Favorisons la multiplication des plateformes de données sur le territoire. Aidons à leur financement. Définissons des cadres qui sécurisent les producteurs sur la juste utilisation de leurs données. Créons une charte éthique. Incitons les régions à se prendre en main. Bref, plaçons le numérique et la data au cœur des débats. Il y a beaucoup à inventer pour faire enfin rentrer l’agriculture dans le 21ème siècle.

jeremie-wainstain

 

Jérémie Wainstain est le directeur-fondateur de TheGreenData.

 

 

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