Uber parie sur une application qui centralise tous les modes de transport, y compris publics
AFP
Uber a présenté jeudi une nouvelle application qui propose à ses utilisateurs aussi bien de réserver une voiture que d’opter pour les transports en commun, ainsi qu’une série d’améliorations de ses services, sans perspective concrète de dégager des profits dans un avenir proche. « Nous voulons être le système opérationnel de votre vie quotidienne. Chaque fois que vous voulez aller quelque part, où que vous alliez, quoi que vous vouliez, de n’importe quelle façon, Uber veut être là pour vous», a déclaré Dara Khosrowshahi, le patron d’Uber, lors d’une conférence à San Francisco, en Californie.
La nouvelle application, testée dans des centaines de villes américaines et ailleurs, permet de comparer les différents moyens de transports (voiture, vélo, trottinette, transport public, hélicoptère Uber à New York…) et trajets possibles, ainsi que les coûts de ces différentes options, en temps réel. Google Maps, Citymapper et d’autres fournissent déjà ce type de service mais Uber permet également de passer à l’action en appelant une voiture avec chauffeur, en prenant un vélo électrique ou en commandant un repas (Uber Eats), par exemple. « Les transports publics sont souvent moins chers et plus rapides que la voiture», admet David Reich, directeur de la circulation chez Uber. « Il s’agit de gagner la confiance des utilisateurs, et de montrer aux villes que nous desservons que nous sommes le meilleur partenaire», détaille-t-il à l’AFP.
«Allez-vous rester dans l’appli Uber?»
Le leader mondial des VTC, qui est entré en Bourse cette année mais subit des pertes colossales, tente ainsi de construire un écosystème dans lequel ses clients passeront potentiellement plus de temps. En termes de modèle économique, cette évolution constitue un pari sur le long-terme: retenir ses utilisateurs dans son univers de services, avec des mécanismes d’abonnements et de fidélisation, permettra à Uber de récolter encore plus de données et de multiplier les occasions de monétiser cette clientèle.
« L’idée est bonne, mais la question c’est ‘allez-vous rester dans l’appli Uber?’», remarque l’analyste Rob Enderle. « Il y a un danger, avec ce genre d’applications, que l’expérience ne se traduise pas de la façon prévue. (…) Si vous voulez manger, vous pensez à la nourriture, pas à la voiture. Pour chaque service les objectifs sont différents». « Je pense que cette appli va rendre les choses plus difficiles pour Uber parce qu’il n’y a pas de synergies apparentes entre les offres», a-t-il ajouté.
Au deuxième trimestre de cette année, le groupe a perdu 1,3 milliard de dollars et sa croissance a ralenti, tandis que ses dépenses ont doublé sur un an, à 8,65 milliards de dollars. Car la concurrence avec Lyft et d’autres services de livraisons fait rage. Uber doit dépenser beaucoup d’argent pour attirer de nouveaux clients, conserver ses parts de marché ou investir dans les technologies comme les trottinettes électriques ou la voiture autonome.
Sécurité des passagers et des conducteurs
Mais ce jeudi Uber semblait surtout avoir à coeur de montrer patte blanche auprès des pouvoirs publics et autorités politiques, avec de nombreuses mesures de renforcement de la sécurité. Les passagers pourront désormais s’assurer que le chauffeur arrivé devant chez eux est bien celui qui était prévu, grâce à un code unique à 4 chiffres envoyé sur leur téléphone, voire même automatiquement, grâce à un échange d’ultrasons avec le smartphone de la personne au volant. L’application des chauffeurs comporte une technologie de reconnaissance faciale améliorée pour vérifier régulièrement leur identité.
Pendant le trajet, les clients, qui pouvaient déjà signaler des problèmes éventuels à Uber, pourront désormais dans certaines villes contacter les services d’urgence directement dans l’application, en envoyant un texto pré-écrit avec le type de voiture, sa plaque d’immatriculation, le lieu où elle se trouve, etc. Uber est accusé par plusieurs parlementaires américains de ne pas en faire assez pour assurer la sécurité de ses utilisateurs, notamment par rapport au risque d’agression sexuelle. L’entreprise subit aussi une pression croissante de la part des autorités qui voudraient qu’elle protège mieux ses conducteurs, actuellement considérés comme des travailleurs indépendants.
La Californie vient ainsi de ratifier une loi qui pourrait, à terme, contraindre Uber à requalifier les chauffeurs en salariés. Le groupe a énuméré jeudi une série de fonctionnalités qui doivent améliorer les conditions de travail des conducteurs. Des cartes montrant les zones en forte demande et des algorithmes qui anticipent les prochaines courses susceptibles d’être commandées doivent notamment les aider à mieux organiser leurs journées, et ils peuvent se servir d’un calculateur pour estimer leurs revenus en fonction de leur lieu de travail et de leur disponibilité.
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