Une filiale d’AccorHotels victime d’une vaste fuite de données
AFP
Gekko Group, plateforme professionnelle de réservation d’hôtels appartenant au géant hôtelier Accor, a été victime d’une vaste fuite de données, dont des identifiants et coordonnées bancaires, ont indiqué mercredi l’entreprise et une agence de cybersécurité, et la Cnil a été saisie de l’incident. En raison d’un serveur mal paramétré ayant laissé un port de connexion ouvert, des données concernant 130 000 à 140 000 voyageurs étaient librement accessibles, a indiqué à l’AFP une porte-parole de Gekko, confirmant des informations du quotidien Le Parisien. « Nous avons pris connaissance de l’incident le 13 novembre» et la fuite a été colmatée « le même jour», a-t-elle ajouté, précisant que les personnes concernées ont été averties le 16 novembre.
Les données compromises, provenant « de nombreux pays, la plupart européens», étaient notamment issues de Teldar Travel, un système de réservation destiné aux agences de voyages et salariés d’entreprises, a détaillé mercredi la firme de sécurité informatique israélienne vpnMentor, qui a découvert la faille. Ces informations représentaient « plus d’un téraoctet» de données, dont des noms, adresses électroniques, identifiants, historiques de réservations, mais aussi les détails de cartes de crédit de certains clients ou agences, précise vpnMentor dans une note de blog. Les identifiants de connexion accessibles « pouvaient être utilisés par des pirates pour accéder aux comptes privés» des plateformes et « imputer des dépenses aux cartes de crédit » stockées, estime-t-il, évoquant aussi les risques de hameçonnage.
Pour autant, « il y a eu moins de 900 cartes de crédit exposées et sans leur cryptogramme visuel obligatoire pour un paiement», a assuré au Parisien Fabrice Perdoncini, PDG de Gekko. Et « nous n’avons absolument pas connaissance» d’éventuels usages frauduleux, a dit la porte-parole de l’entreprise. Gekko, racheté par Accor en octobre 2017, propose des services de réservation hôtelière pour voyagistes et entreprises, revendiquant notamment travailler avec quelque 14 000 agences de voyages dans neuf pays. Du fait de ces interactions, la base de données compromise contenait « des volumes importants d’informations venant de sources extérieures», dont la plateforme en ligne Booking.com, a signalé vpnMentor.
La Cnil alertée
La firme de cybersécurité assure avoir détecté la faille le 7 novembre et avoir aussitôt contacté AccorHotels puis Gekko, avant de recevoir finalement une réponse d’AccorHotels le 13 novembre. De son côté, la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) a indiqué à l’AFP avoir reçu de Gekko le 16 novembre « une notification de violation de données personnelles». « Nous avons agi de façon strictement conforme (…) aux délais et procédures» prévus par le Règlement général sur la protection des données (RGPD) comme par la Cnil, souligne-t-on chez Gekko.
Le pouvoir de sanction de la Cnil a été renforcé par la loi de 2016 pour la protection des données personnelles, le montant des pénalités financières possibles étant encore relevé par le RGPD, un texte européen entré en vigueur en mai 2018. Sur onze sanctions prononcées par la Cnil l’an dernier, sept concernaient des atteintes à la sécurité des données personnelles. Outre Dailymotion ou Bouygues Télécom, la plateforme de transport Uber s’était notamment vu infliger en décembre 2018 une amende record de 400 000 euros pour avoir « insuffisamment sécurisé les données des utilisateurs».
Le secteur hôtelier et ses réservations en ligne sont vulnérables aux fuites de données: Fastbooking, filiale d’AccorHotels spécialisée dans les services numériques aux hôteliers, avait ainsi été visée en juin 2018 par des cyberattaques et le vol des données de clients particuliers. Le géant mondial de l’hôtellerie Marriott avait, lui, signalé en novembre 2018 le piratage d’une base de données pouvant contenir les informations concernant jusqu’à 383 millions de clients, dont moins de 2 000 numéros de cartes de crédits directement exposés.
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