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1 mois que je suis aux États-Unis pour le business… Voilà ce qui m’a marqué!

Par David Bernard, CEO d'AssessFirst

Il y a quelques mois, chez AssessFirst (HR Tech Solution de Recrutement Prédictif) on décidait d’accélérer notre développement aux US. On a recruté des américains, fait toutes les adaptations nécessaires sur le produit. Démarré la prospection, choppé des rendez-vous, signé des clients… On a été confrontés à pas mal de sujets inattendus >> la “Question du Genre” notamment [traiter chacun sans présumer du lien entre son sexe physique et la façon ont il/elle/they s’identifient] … je sais, je sais c’est important 🙄, mais là-bas ça peut carrément devenir bloquant pour le business.

En gros, on a mis pas mal de choses en place (même s’il reste énormément de sujets sur lesquels bosser)…

Et puis un moment donné il faut y aller.

Equipe de SDR, prospection, participations à des events, conférences, on décide de partir là-bas pour un bon mois: Austin, New York, Las Vegas, San Diego, Los Angeles, San Francisco, Washington DC… Vous allez me dire « un mois c’est rien »… 30 jours, allez 40 tout au plus.

Sauf que ce mois m’a permis de me rendre compte de pas mal de trucs (rapport aux US… mais pas seulement).

Voici ce qui m’a marqué : 

#1 – Tout n’est pas (si) important (que ça)…

La distance entre 2 continents fait que forcément on ne va peut-être plus avoir son mot à dire sur chaque sujet, sur chaque prise de décision (même quand on est le CEO de sa propre boite). Après, on peut chercher à conserver ça (habituellement je suis plutôt balèze pour ça 💪)… mais ça devient vite une tannée pour soi et aussi pour les autres. 9h de décalage (allez, disons une demi-journée pour faire court) entre une question et sa réponse, ça a vite fait de tout bloquer et d’engendrer des crispations.

Si on veut (continuer à) avancer vite, il est crucial de lâcher sur certains sujets. Pas sur tout -bien évidemment certains requièrent un focus tout particulier- mais sur une bonne partie d’entre eux quand même.

La force de l’éloignement, c’est que cela « oblige » à faire la part des choses (Important / Pas important / Urgent / Ça peut attendre)… et aussi à faire confiance -à 200%- aux équipes en place sur certains sujets. #BigUpPourÇaLaTeam 👍

Cela force également à bien identifier les sujets sur lesquels sa propre contribution est véritablement significative / impactante… et aussi les points sur lesquels elle l’est moins, voire sur lesquelles elle ne l’est pas du tout. #BonneLeconDHumilite

#2 – La distance force la clairvoyance

Je sais, ça peut paraître débile / évident de dire ça… Mais avec 9 heures de décalage entre Los Angeles et Paris, forcément il n’y a pas le même degré d’interaction / d’interactivité que lorsque l’on est tous dans le même bureau…

Il faut davantage penser ce que l’on a à dire / à ce que l’on veut faire passer comme message / mieux prioriser les projets / les sujets à traiter. Même les appels à 2, 3 ou 4 finissent par être compliqués parfois, surtout lorsque l’on a de forts tempéraments autour du Téléphone/Skype/Zoom (ce qui est précisément le cas chez AssessFirst).

Le côté positif, c’est que cela force à se concentrer sur ce qui est véritablement crucial -ici et maintenant- et surtout à aller à l’essentiel! Ça force aussi à laisser à plus tard les « sujets annexes », vous savez ceux qu’on balance parfois en toute fin de réunion (qui n’ont rien à voir avec le meeting en question) mais dont on avait « envie de parler », là tout de suite… Exit ce genre de truc.

#3 – On bosse mieux quand on n’est pas interrompu(e)

L’éloignement a cela de plaisant que l’on est pas souvent interrompu (sauf au moment où on prend le petit-déjeuner… normal il est 17h ou 18h à Paris). Je ne compte plus le nombre d’Avocado Toasts ou de Green Juices que je me suis envoyés en étant pendu au téléphone ou devant mon ordi/slack…

Mais à côté de ça, être ici à L.A. m’a permis de retrouver une part de solitude. Cette part de solitude, d’habitude je l’ai le matin quand je me mets en route en prenant des cafés sur les Grands Boulevards (pendant 1h30 à 2h00), seul face à mon ordi avant d’aller retrouver la team au 20 rue du Sentier pour 9h30.

Là, c’est quasiment H24 (Ma Chérie ❤️ faisant un teacher training de Kundalini Yoga ici, on se voit au final très tôt les matins au réveil… puis les soirs / les nuits uniquement). Du coup, je passe beaucoup de temps “seul”. Et face à cette solitude, il y a 2 façons de faire:

  • Soit on l’évite en se distrayant (et pour ça, L.A. a plein plein d’options à proposer…)
  • Soit on la vit pleinement, en se (re)centrant / (re)concentrant.

Perso, c’est la seconde option que j’ai choisie cette fois-ci (je veux dire « après Vegas »… 😏).

Débarrassé des “bruits” ambiants, des renforcements positifs ou négatifs habituels, on devient plus attentif à Soi, mais aussi à certaines choses que l’on ne voulait/pouvait pas forcément voir avant… Ça pousse à plus de lucidité je crois au final (concernant qui l’on est, le business, le produit, la mission, les équipes…).

Et surtout ça a un côté « irréversible ». Un peu comme quand on assiste à un tour de magie et qu’on vous explique le « truc ». Après, on ne peut plus faire comme si on ne savait pas…

#4 – Les liens / réseaux informels sont ceux qui comptent le plus

Même si il y a des voies de communication « formelles » dans chaque boite, des points de prévus, des gens avec lesquels on « doit » parler régulièrement… le fait est qu’avec la distance l’info circule mieux quand on passe par certaines personnes plutôt que par d’autres, par certains canaux plutôt que par d’autres également (Merci WhatsApp & Instagram). Ça ne veut pas dire qu’il y a une faute/problème d’un côté ou de l’autre… Juste que les canaux naturels et vraiment efficients apparaissent avec (beaucoup) plus de relief, et qu’ils ne sont pas toujours ceux que l’on aurait cru. 🤷‍♂️

En fait, j’ai l’impression qu’un mois « un peu à l’écart » m’a suffit à prendre conscience des personnes qui sont de vrais relais (dans cette configuration un peu particulière), de celles qui ont à coeur de faire avancer les choses, l’aventure, voire qui en font une véritable obsession… au point de vous appeler quand il est 5h45 du mat de ce côté-ci de l’Atlantique ! 😜 #CoucouPetitePerruche 🐧 #Cervellito 🤗

Cela met également en relief les contributions de certaines personnes qui n’ont besoin de rien ni de personne pour continuer à avancer et à vous étonner… (Et il y en a un paquet chez AssessFirst ✨🦄✨!!)

Un autre point marquant, c’est que ce n’est pas parce qu’on a envie de devenir une boite VRAIMENT Internationale que ça va de soi. Bosser à distance avec des gens en remote (possiblement de partout dans le monde), ça n’est pas qu’une question de mettre les moyens technologiques à disposition ou de fixation d’objectifs clairs. C’est aussi et surtout une question de « Mindset ». Certains l’ont de façon quasi naturelle… d’autres moins. Ce n’est pas forcément un problème… mais c’est un fait avéré.

Ça implique de l’adaptation (on est plus tout seul sur SON fuseau horaire), de la capacité à se mettre à la place de l’autre (bah ouais TOI tu es à Paris, mais MOI je suis là bas…), une bonne dose d’organisation mais aussi et surtout beaucoup de confiance!

#5 – Ici, c’est comme repartir de zéro…

Être ici m’a également permis de me remettre dans la peau du « Débutant ». C’est marrant -en vrai, un peu « déstabilisant », surtout au début- de constater qu’en France et en Europe on jouit d’une excellente réputation… (Nous remportons plus de 85% des contrats / appels d’offres lorsque nous sommes face à des concurrents). En revanche, de ce côté c’est comme si tout ça ne comptait pour rien!

Les américains ont ça de surprenant que: « Rien de ce qui se passe en dehors de leurs frontières ne semble avoir de crédit ».

Sur les events, durant les meetings quand vous dites : « We work with 3500 clients, in more than 40 countries. Among our awesome users are Airbus, Total, Axa, Publicis… » La seule réponse à chaque fois est la suivante : « C’est bien mais… vous bossez avec qui ICI? Quel client est COMME MOI, avec les MÊMES PROBLÉMATIQUES, dans la MÊME INDUSTRIE? ».

S’agacer / s’énerver contre ça ne sert à rien. La seule chose qui compte, c’est de commencer à engranger du client local, puis à capitaliser dessus et de créer du leverage. #period

#6 – La France est un pays de « penseurs »! 

En France, on aime réfléchir, conceptualiser, penser, comprendre les fondements théoriques des approches que l’on propose. Sur quels modèles reposent vos assessments? Comment ont-ils été validés? Avez-vous obtenu des certifications d’organismes indépendants?

“Here, they just don’t give a F*** about it!”

Je me rappellerai toujours ce petit-dej à Vegas à 7h30 (ouais ouais… ils prennent des RDV à 7h30 du mat) avec un gars plutôt influent dans la HR Tech Space US qui m’a dit il y a 2 semaines: « David, on s’en branle de la Science (littéralement 😂). Les gens ici n’ont pas le temps pour ça, ils s’en foutent. Ce qui compte ce sont les résultats. Est-ce que ça marche? Si oui, chez qui, et dans quelle mesure? Combien coûte ton truc? Qu’est ce que ça rapporte? Tu veux que ça marche? Considère que je suis « retarded” et donne-moi 3 bonnes raisons de signer avec toi… pas une de plus, sinon tu vas me perdre.”

Au début je me suis dit : « Ce sont des débiles… Une phrase avec 2 propositions, des mots avec 3 syllabes et ils décrochent… » mais en fait non. Ils ont juste une autre approche… « Hyper Pragmatique » et définitivement orientée « Résultats ».

Nous souvent, on cherche la gratification intellectuelle, le débat, l’échange d’idées, la confrontation des points de vue. On est un peuple éclairé, le “Siècle des Lumières” tout ça tout ça…. Mais en fait, en dernier ressort, qu’est ce qui compte réellement? La « façon de faire » OU le « résultat concret, mesurable, observable »?

Pour conclure…

Voilà… bien évidemment il est encore un peu tôt pour savoir ce que notre aventure américaine va donner. Mais quelque chose me dit que ça va bien se passer… Pas parce que c’est facile, pas parce qu’on pense qu’on est les meilleurs. Même si objectivement après avoir fait le tour des solutions existantes, je me rends compte qu’on est carrément à la pointe! #ForReal ✨🚀✨

Mais plutôt parce que cette expérience aura au final été une aventure incroyable et un gros exercice d’humilité – à titre personnel notamment – et que l’humilité, même si ce n’est pas notre talent principal chez AssessFirst, c’est quand même hyper important quand on s’attaque à un marché totalement inédit! C’est un peu comme si on repartait « de zéro » / « from scratch », avec des tonnes de trucs que l’on sait et qui peuvent nous servir bien évidemment… mais aussi avec un p***** de paquet de trucs à désapprendre! 😅

Et ça… en vrai c’est terriblement excitant ! 😃

Voilà! 💁‍♂️

To Be Continued…

 

Le contributeur:

David Bernard est un entrepreneur spécialiste de la prédiction appliquée aux comportements humains. En 2002, il fonde AssessFirst tout juste 30 jours après avoir obtenu son grade de Master en Psychologie Quantitative. Il développe alors une application innovante d’évaluation du potentiel et des comportements en milieu professionnel. En 2008 il met au point l’algorithme de Meetic Affinity pour permettre aux couples de se former sur la base de leurs affinités psychologiques et comportementales.

Un an plus tard, il crée un service d’orientation en ligne pour Studyrama qui sera utilisé par plus de 2 000 000 d’étudiants. En 2012, il crée un algorithme prédictif qui permettra à AssessFirst d’anticiper la capacité des personnes à réussir et à s’épanouir en poste, avec 85% de fiabilité. En tout, ce sont près de 5 millions de personnes réparties dans plus de 40 pays qui ont bénéficié des prédictions issues des systèmes qu’il a développés.

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Un commentaire

  1. Le fameux pragmatisme anglo-saxon, et scandinave aussi… moi perso, j’adore :)

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