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Semi-conducteurs, les Pays Bas défient Pékin en reprenant la main sur NEXPERIA

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Le gouvernement néerlandais vient de prendre le contrôle de Nexperia, l’un des principaux fabricants européens de semi-conducteurs, pour garantir la disponibilité de ses puces sur le sol européen. Cette mesure, fondée sur la Goods Availability Act, marque une première dans l’histoire industrielle des Pays-Bas. Elle illustre la volonté de l’Europe de reprendre la main sur ses chaînes d’approvisionnement stratégiques, alors que la tension monte entre les puissances occidentales et la Chine.

Des origines néerlandaises à l’intégration dans le capital chinois

Nexperia est née en 2017 d’une scission du groupe NXP Semiconductors, lui-même héritier de Philips Semiconductors. Cédée en février 2017 au fonds chinois JAC Capital, la société devient rapidement un acteur indépendant dans la fabrication de composants discrets, MOSFET, circuits intégrés analogiques et logiques destinés à l’industrie automobile et électronique.

En décembre 2019, le groupe chinois Wingtech Technology, fabricant d’équipements informatiques et télécoms, finalise le rachat de 79,98 % du capital de Nexperia pour 3,8 milliards de dollars (soit environ 3,3 milliards d’euros). Cette opération, la plus importante acquisition chinoise jamais réalisée dans le secteur des semi-conducteurs, fait basculer la gouvernance du groupe sous contrôle chinois.

À la suite de cette acquisition, Frans Scheper, PDG néerlandais de Nexperia, quitte ses fonctions en mars 2020, cédant la direction à Xuezheng Zhang (Wing), président du directoire de Wingtech. Bien que le siège social reste établi à Nimègue, la stratégie et les décisions exécutives de l’entreprise sont désormais pilotées depuis la Chine.

Une entreprise clé pour l’industrie européenne

Aujourd’hui, Nexperia emploie plus de 12 500 collaborateurs à travers l’Europe, l’Asie et les États-Unis.
L’entreprise conçoit et fabrique des semi-conducteurs essentiels à la plupart des produits électroniques mondiaux, allant de l’automobile et l’industrie à la téléphonie mobile et l’électronique grand public.

Chaque année, Nexperia livre plus de 110 milliards de composants, reconnus pour leur efficacité en matière de processus, taille, puissance et performance. Son engagement envers l’innovation et la durabilité se traduit par un portefeuille de propriété intellectuelle en expansion et des certifications de haut niveau : IATF 16949, ISO 9001, ISO 14001 et ISO 45001.

La riposte néerlandaise : sécurité nationale et souveraineté industrielle

La décision de La Haye de prendre le contrôle administratif de Nexperia intervient dans un contexte de méfiance croissante envers la propriété chinoise d’actifs technologiques européens. Le ministère néerlandais de l’Économie évoque des « manquements graves de gouvernance » et une « menace pour la continuité des capacités technologiques critiques sur le sol européen ».

Fin septembre le ministre Vincent Karremans a donc suspendu le directeur exécutif Zhang Xuezheng, gelé toute opération d’actifs ou de propriété intellectuelle pour une durée d’un an, et confié la gestion temporaire à un administrateur indépendant.

Wingtech dénonce une ingérence géopolitique

En réponse, Wingtech a dénoncé dans un communiqué diffusé via son compte Wechat et depuis effacé mais sauvegardé par la lettre d’information Pekingnology, une  interférence excessive motivée par des biais géopolitiques et une violation des principes de marché et de libre concurrence défendus par l’Union européenne. « La décision du gouvernement néerlandais de geler les opérations mondiales de Nexperia sous couvert de sécurité nationale constitue une ingérence excessive, motivée par des biais géopolitiques plutôt que par une évaluation objective des risques.

Cette mesure contrevient gravement aux principes fondamentaux de l’Union européenne, fondés sur l’économie de marché, la concurrence loyale et les normes du commerce international.

Nous exprimons notre vive protestation contre ce traitement discriminatoire visant une entreprise financée par des capitaux chinois. »

Cette tension s’inscrit dans un climat d’escalade où Pékin a récemment restreint les exportations de terres rares, utilisées notamment dans les batteries et les éoliennes, en réponse aux sanctions américaines contre ses entreprises technologiques.

Un tournant pour la souveraineté européenne

Le cas Nexperia témoigne d’un changement de la politique industrielle européenne, longtemps fondée sur l’ouverture des marchés, et qui glisse désormais vers une économie de sécurité et de contrôle technologique de ses actifs stratégiques.

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