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Comment Jason Moyer-Lee défie Uber et Deliveroo au Royaume-Uni pour défendre les travailleurs indépendants

Interview de Jason Moyer-Lee, secrétaire général de l’IWGB, syndicat britannique des travailleurs indépendants

Quel est le point commun entre les chauffeurs de VTC et les coursiers à vélo ? Ces deux catégories de travailleurs sont confrontées à la précarité de leur métier, car dépendant de plateformes aux très fortes ambitions mais aux rémunérations trop modestes pour permettre à la plupart de ces travailleurs de vivre dans des conditions décentes.

Ces derniers pâtissent en effet de la vision des plateformes, au premier rang desquelles on retrouve Uber et Deliveroo, qui ne leur accordent pas le statut de salariés, au motif qu’ils peuvent gérer leur temps de travail comme ils le souhaitent et travailler pour plusieurs entreprises en même temps. En somme, ces poids lourds de l’économie numérique les considèrent comme des freelances pouvant réaliser des missions occasionnelles, soit des intermédiaires pour répondre à une offre et une demande. Le tout en se cachant derrière un cadre législatif qu’ils estiment obsolète…

«C’est le choix d’Uber de priver le travailleur de ses droits»

Cependant, face à la précarité engendrée par les plateformes numériques, Jason Moyer-Lee a décidé de prendre le taureau par les cornes en s’attaquant à Uber, Deliveroo est consorts au Royaume-Uni. Ce Britannique d’adoption, originaire des États-Unis, a pris en 2013 la tête de l’Independent Workers Union of Great Britain (IWGB), un syndicat britannique qui vise à défendre les travailleurs indépendants alimentant la «gig economy», soit l’économie des petits boulots actuellement en plein boum. Pour faire valoir les droits des travailleurs indépendants, «il faut avant tout un ministère qui a les ressources et le désir politique de faire respecter la loi, mais ça n’existe toujours pas» au Royaume-Uni, explique le leader de l’IWGB.

Pour obliger ces plateformes à concilier révolution numérique, droit du travail et justice sociale, Jason Moyer-Lee ne cesse d’utiliser les armes juridiques et médiatiques à sa disposition. Et cela dans un but : sortir les travailleurs indépendants de la précarité. «La technologie n’impose pas la dégradation des droits du travailleur, c’est le choix d’Uber de priver le travailleur de ses droits», juge Jason Moyer-Lee à l’occasion du sommet des Napoleons qui s’est tenu à Val d’Isère du 9 au 12 janvier. Et d’ajouter : «Uber n’est pas différent de Starbucks.»

Le secrétaire général de l’IWGB s’est distingué en 2016 où son combat avait abouti à la condamnation d’Uber, un tribunal britannique estimant que les chauffeurs de la plateforme américaine ne pouvaient être considérés comme des auto-entrepreneurs. Preuve que les syndicats peuvent encore peser dans la balance pour faire entendre la voix de cette nouvelle catégorie de travailleurs qui se conjugue au numérique.

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