DOCTRINE signe un partenariat stratégique avec l’État pour déployer l’IA juridique dans l’administration
Dans une séquence politique structurée qui a débuté à Berlin quelques jours plus tôt avec l’annonce du partenariat franco-allemand associant Mistral et SAP pour déployer une infrastructure d’IA souveraine. Le ministre délégué chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l’État, David Amiel, et Guillaume Carrère, président de Doctrine, ont officialisé un partenariat à l’occasion du Sommet Adopt AI, qui a pour objectif d’équiper des dizaines de milliers de juristes de l’administration en outils d’analyse, de recherche et de rédaction automatisée.
Le choix de Doctrine répond à un constat largement partagé entre ministères : les juristes de l’État travaillent encore avec des outils très lacunaires, alors que leurs missions (analyse réglementaire, rédaction législative, veille, préparation des contentieu) se prêtent immédiatement à l’automatisation assistée. D’autant que Doctrine, déjà déployé dans plusieurs administrations, dont le ministère de l’Intérieur, apporte une solution maîtrisée, localisée en France et conçue pour respecter les contraintes de confidentialité.
L’accord prévoit une première phase pilote, ciblée sur les besoins prioritaires. Elle concernera les juristes des administrations centrales, déconcentrées et des opérateurs de l’État (hors juridictions). Les solutions devront garantir une chaîne de traitement sécurisée, sans exposition extérieure des données, et offrir une fiabilité juridique compatible avec les exigences des procédures administratives. « Déployer des outils IA performants dans les administrations, c’est répondre aux besoins des agents », rappelle David Amiel.
La montée en compétences des agents de l’état figure au cœur du programme avec un dispositif de formation destiné à favoriser l’appropriation des outils, condition indispensable pour passer d’une expérimentation circonscrite à un usage industriel.
Pour Doctrine, cet accord représente une victoire dans un secteur très disputé où la capacité à opérer avec les standards du secteur public devient un avantage compétitif décisif. À moyen terme, l’accès à un marché composé de plusieurs dizaines de milliers d’agents pourrait repositionner Doctrine comme une brique technologique structurante de la transformation juridique de l’État.
Le caractère non exclusif du partenariat confirme la volonté du gouvernement d’éviter toute dépendance ou verrouillage technologique. Cette mention, loin d’être formelle, prépare le terrain à une future ouverture plus large des marchés publics de l’IA juridique à d’autres acteurs français et européens. Elle s’inscrit également dans le chantier plus vaste de modernisation de la commande publique, dont l’objectif est de simplifier l’accès des startups à l’administration.
Avec cet accord, le gouvernement envoie un signal positif à l’écosystème tech français avec un État qui enfin veut passer à l’échelle. La phase des expérimentations ponctuelles fait place à la structuration d’un véritable marché public de l’IA, fondé sur des acteurs européens capables de répondre à des exigences de sécurité, de souveraineté et de fiabilité.
Au détail près que la startup est aujourd’hui entre les mains d’un fonds d’investissement américain. Créée en France par Antoine Dusséaux, Nicolas Bustamante et Raphaël Champeimont, Doctrine est aujourd’hui contrôlée majoritairement par Summit Partners, qui a acquis, pour un montant estimé à plus de 100 millions d’euros, les participations des trois fondateurs, ainsi que celles d’Otium et de Xavier Niel via Kima Ventures, investisseurs historiques de la société. Cette situation remet en lumière un enjeu récurrent : faute de disposer de véhicules capables de racheter et de capitaliser sur ses propres champions technologiques, l’Europe continue de voir une part significative de la valeur qu’elle génère migrer vers des acteurs extra-européens.
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