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[PORTRAIT] Jane Sun (Trip.com), une des rares dirigeantes d’une entreprise Tech en Chine

AFP

A la tête du géant chinois des réservations de voyage Trip.com, Jane Sun a brisé le plafond de verre dans un pays où les dirigeantes d’entreprise sont rarissimes. Désormais, elle se bat pour accroître la place des femmes dans son groupe et faire des émules en Chine. A l’aune d’un monde des affaires chinois très masculin et conservateur, Mme Sun fait figure d’exception: après une inhabituelle carrière dans la Silicon Valley, elle dirige la première agence de voyage en ligne du pays, fréquente les patrons-stars de la tech locale et a l’oreille du gouvernement.

Elle a rejoint Trip.com (baptisée Ctrip jusqu’à cette année) en 2005 comme directrice financière, avant d’en prendre la tête en 2016. En une décennie, l’entreprise, qui n’était d’abord qu’un modeste site destiné aux touristes chinois, est devenu un mastodonte aux ambitions internationales, coté à New York, avec un site en 19 langues et 300 millions d’usagers enregistrés.

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Mais surtout, Jane Sun vante la forte féminisation de Trip.com: un tiers de ses dirigeants supérieurs sont aujourd’hui des femmes, et 40% des cadres intermédiaires. « Nous avons pris les devants, et cela a payé (…) Ces chiffres sont mêmes meilleurs que dans beaucoup de firmes de la Silicon Valley», souligne Mme Sun dans un entretien à l’AFP. Selon une enquête 2019 du cabinet Deloitte, les femmes ne représentent qu’un peu plus de 9% des membres des conseils d’administration des entreprises cotées en Chine.

Jane Sun a, elle, bénéficié de circonstances exceptionnelles: diplômée en droit de la prestigieuse université de Pékin, elle fait partie des premiers Chinois de l’après-maoïsme à partir étudier à l’étranger, à la fin des années 1980, à l’heure où le dirigeant Deng Xiaoping ouvrait le pays. « La génération de mon père ne savait même pas ce qu’était un passeport! Nous avons été extrêmement chanceux», observe Mme Sun.

Image de la Chine

« Au moment où je terminais l’université (aux Etats-Unis), la Silicon Valley décollait: je m’y suis installée avec mon mari, et nous y avons travaillé pendant une vingtaine d’années», poursuit-elle. Son époux, John Wu, était l’un des architectes du système de recherche de Yahoo. Le couple est rentré en Chine en 2000, après que M. Wu s’est vu proposer le poste de directeur technologique d’« une toute petite firme appelée Alibaba» -futur mastodonte chinois de l’e-commerce.

De son côté, Mme Sun rejoint Ctrip au moment où l’essor de la classe moyenne chinoise fait décoller le trafic aérien. Le groupe a encore vu son chiffre d’affaires bondir de 30% en 2018 pour atteindre 725 milliards de yuans (94 milliards d’euros). Mais au-delà des touristes chinois (qui ont réalisé 149 millions de voyages à l’étranger l’an dernier), Trip.com travaille également avec le gouvernement pour améliorer l’image de la Chine auprès des touristes étrangers, qui n’y voient souvent que « pollution et piratage».

Sur le modèle de la campagne internationale « Incredible India » menée par New Delhi, une campagne officielle pourrait être lancée par Pékin, assure Jane Sun: « Nous pourrions peut-être la baptiser ‘Friendly China’ (Chine amicale), avec un panda, quelque chose qui parlerait aux gens».

« Commencer au sommet »

Parallèlement, Mme Sun entend renforcer tous azimuts la féminisation parmi les 45 000 employés de Trip.com, via des structures « dopant la confiance » des femmes. « En fin d’année, les employés venant dans mon bureau demander hausses de salaires et promotions sont toujours des hommes. Les femmes, il faut que j’aille les trouver pour leur dire: vous faites un travail formidable et méritez aussi» d’être augmentées, regrette-t-elle.

Jane Sun, elle-même mère de famille, indique avoir mis en place des incitations comme la flexibilité des horaires, les taxis gratuits pour les femmes enceintes, une prise en compte des mère qui allaitent… ou la possibilité -payée par l’entreprise- de congeler ses ovocytes en vue d’une grossesse ultérieure.

Pour l’ONG Catalyst, les réformes économiques menées par Pékin depuis trois décennies se sont traduites par la réduction des opportunités d’emplois pour les femmes, des écarts de salaires accrus et une résurgence des stéréotypes traditionnels à leur encontre. Après avoir été longtemps encouragée par les autorités communistes, la part des femmes dans la main-d’oeuvre chinoise a ainsi reculé depuis les années 1990 -tombant à environ 43% selon la Banque mondiale.

Le plus épineux défi reste de faire atteindre des postes décisionnels à des femmes, estime Mme Sun: « Il faut toujours commencer par le sommet (…) Si l’équipe dirigeante ou le conseil d’administration ne compte aucune femme, c’est très dur pour des cadres masculins de comprendre les difficultés rencontrées par les femmes».

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