
Helsing déploie son capital dans la guerre sous-marine
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La startup munichoise Helsing, spécialisée dans l’intelligence artificielle appliquée à la défense, vient de franchir une nouvelle étape stratégique. Après avoir levé 600 millions d’euros lors d’un tour de financement de série D mené par Prima Materia, portant à environ 1,15 milliard d’euros le total de ses levées depuis sa création en 2021, l’entreprise allemande annonce le lancement du processus d’acquisition de Blue Ocean, société australienne conceptrice de drones sous-marins autonomes. Le montant de l’opération n’a pas été dévoilé.
Cette initiative marque une extension majeure du champ d’action de Helsing, qui déploie déjà ses drones aériens HF-1 et HX-2 auprès des forces armées ukrainiennes. L’entreprise se positionne désormais sur le segment maritime, dans une logique de convergence entre technologies logicielles et systèmes mécaniques appliquée à la défense autonome.
Une convergence technologique entre hardware et software
L’intégration de Blue Ocean doit permettre de combiner la maîtrise du hardware et de la production industrielle de l’acteur australien avec les capacités logicielles et algorithmiques de Helsing. Ensemble, les deux sociétés ambitionnent d’accélérer le développement de plateformes autonomes de surveillance et de protection des espaces sous-marins.
« Le besoin d’une approche intelligente, autonome et de masse est évident », a déclaré Amelia Gould, directrice générale de la division maritime de Helsing. Les futurs véhicules sous-marins autonomes (AUV) seront conçus pour des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR), en exploitant des modèles d’IA capables de fonctionner dans des environnements non-GPS où la communication est limitée.
Vers une guerre autonome multi-milieux
Cette opération s’inscrit dans une dynamique plus large de fusion des domaines d’opération, où les frontières entre air, mer et terre s’estompent au profit de systèmes interopérables. Helsing entend bâtir une architecture logicielle commune à l’ensemble de ses plateformes, aériennes, terrestres et désormais sous-marines, afin d’assurer une continuité décisionnelle et opérationnelle fondée sur l’IA.
Le concept de “multi-domain autonomy”, déjà porté par des acteurs américains comme Anduril Industries ou Shield AI, gagne ainsi du terrain en Europe. L’objectif est de rattraper le retard accumulé par les industriels du continent, encore fragmentés entre programmes nationaux et initiatives isolées.
Un enjeu industriel et géopolitique majeur
L’acquisition de Blue Ocean renforce la position de Helsing dans un contexte de réarmement technologique mondial. Les flottes autonomes sont appelées à jouer un rôle clé dans la protection des câbles de communication sous-marins, la détection de menaces hybrides et la sécurisation des routes maritimes.
En parallèle, l’opération consolide la stratégie de diversification industrielle de Helsing. Après le lancement en production du drone kamikaze HX-2 et sa coopération avec Mistral AI, la société poursuit la constitution d’un portefeuille complet de systèmes autonomes interconnectés, couvrant tous les milieux d’opération, une approche qui place l’entreprise au cœur du futur complexe militaro-industriel européen fondé sur l’IA.