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Anduril lève 2,3 milliards d’euros et veut s’imposer comme le SpaceX de la défense américaine

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Une levée record pour transformer l’industrie militaire

En moins de huit ans, Anduril est passée du statut de startup marginale à celui d’acteur structurant de la défense américaine. L’entreprise fondée par Palmer Luckey vient de lever 2,5 milliards de dollars (≈ 2,3 milliards d’euros), doublant sa valorisation à 30,5 milliards de dollars. Le tour de série G, sursouscrit plus de huit fois, a été mené par Founders Fund, qui a investi un milliard de dollars, le plus gros chèque de son histoire.

« Nous pensions qu’il était essentiel de renforcer le bilan et de nous assurer que nous avions les moyens de déployer du capital sur les enjeux industriels de production que nous traitons », a déclaré Trae Stephens, président exécutif d’Anduril, à Bloomberg Television.

TL;DR – Anduril, le SpaceX de la défense américaine change d’échelle

👥 Pour qui est-ce important ?

  • Pour les investisseurs stratégiques dans la défense, l’IA et l’industrie lourde
  • Pour les décideurs publics et militaires engagés dans la modernisation des forces
  • Pour les startups européennes deeptech positionnées sur les technologies duales
  • Pour les analystes suivant l’évolution du complexe militaro-industriel américain

💡 Pourquoi c’est stratégique ?

  • Anduril lève 2,3 milliards d’euros et atteint une valorisation de 28 milliards
  • L’entreprise remplace Microsoft sur un contrat AR/VR militaire à 22 milliards de dollars
  • Elle combine IA, drones, capteurs, logiciels tactiques et production industrielle intégrée
  • Elle incarne un nouveau modèle d’industriel né du logiciel, inspiré de SpaceX
  • Elle redéfinit la chaîne de valeur de la défense par la vitesse et l’autonomie

🔧 Ce que ça change concrètement

  • Les armées disposent désormais de systèmes livrables en quelques mois, pas en années
  • Le modèle d’acquisition des États-Unis s’ouvre aux startups industrielles verticalisées
  • Les concurrents historiques (Lockheed, Raytheon) voient émerger un rival crédible et agile
  • En Europe, Helsing, Preligens (acquis par Safran), Dedrone ou Exail doivent accélérer leur montée en gamme
  • Le lien entre capital-risque, tech civile et souveraineté militaire devient central

Une stratégie d’intégration totale, du capteur au logiciel

Créée en 2017 à Costa Mesa (Californie) par Palmer Luckey (fondateur d’Oculus), Trae Stephens (ex-Palantir), Matt Grimm, Joe Chen et Brian Schimpf, Anduril construit tous ses systèmes en interne : logiciels, capteurs, drones, plateformes de supervision, et désormais usines.

Son offre repose sur plusieurs lignes de produits, avec à la fois des drones autonomes d’interception (Anvil), de reconnaissance (Ghost), ou tactiques réutilisables (Roadrunner), des capteurs terrestres, maritimes et aériens, un logiciel de commandement tactique (Lattice OS) et des casques de réalité augmentée pour les soldats. Cette approche full-stack permet de livrer des systèmes complets en quelques mois, là où les industriels historiques exigent plusieurs années.

De la frontière mexicaine au contrat géant de l’US Army

Anduril s’est d’abord fait connaître en équipant la frontière sud des États-Unis de capteurs autonomes. Mais c’est en 2022 qu’elle change d’échelle avec la construction de l’usine Arsenal-1, à Columbus (Ohio), pour produire en masse drones et capteurs.

En 2024, l’entreprise double son chiffre d’affaires pour atteindre environ 1 milliard de dollars. En février 2025, elle récupère un contrat stratégique initialement attribué à Microsoft et pas des moindres puisqu’il s’agit d’un programme à 22 milliards de dollars pour équiper les soldats américains de casques AR/VR. Contre toute attente, Anduril a d’ailleurs officialisé une collaboration avec Meta, son ancien rival, désormais partenaire industriel.

Une réponse industrielle à un nouveau type de guerre

La guerre en Ukraine, les tensions à Taïwan et la généralisation des menaces hybrides imposent une transformation structurelle des outils militaires. Ce à quoi Anduril propose une réponse industrielle alignée sur les contraintes du combat moderne, à savoir rapidité, autonomie, modularité, et résilience.

L’entreprise propose une architecture de guerre algorithmique complète, du drone à l’interface de commandement, capable de fonctionner sans infrastructure centralisée et ne se contente pas de livrer seulement des briques technologiques.

Un paysage concurrentiel en recomposition

Cette dynamique impulsée par le fondateur d’Anduril s’inscrit dans une recomposition plus large de l’industrie de défense technologique, aux États-Unis comme en Europe. Toutefois si aucun acteur ne reproduit exactement son modèle intégré, plusieurs entreprises s’en rapprochent par segments.

Outre-Atlantique, Palantir reste un acteur central du renseignement décisionnel, mais n’opère pas dans la fabrication de matériel. Shield AI, autre startup soutenue par Andreessen Horowitz, développe des drones autonomes avec intelligence embarquée, notamment pour des missions de combat aérien. Skydio, davantage positionnée sur les drones de surveillance, a signé des contrats avec l’US Army, mais reste concentrée sur des usages tactiques limités. D’autres entreprises comme Rebellion Defense, Kratos Defense ou Valkyrie Systems Aerospace explorent des niches technologiques comme l’ IA, la guerre électronique, ou encore les systèmes sans pilote.

En Europe, le paysage est très morcelé. La startup germano-britannique Helsing, soutenue par General Catalyst et Saab, se positionne sur l’IA tactique embarquée et collabore déjà avec l’industrie de défense classique. En Allemagne, Dedrone a développé des systèmes de détection et de neutralisation de drones, déployés sur le terrain ukrainien. D’autres, comme Droniq, se concentrent sur la gestion de l’espace aérien pour drones, mais n’ont pas d’ambition militaire déclarée.

La France dispose de plusieurs champions sur des segments critiques. Preligens (acquise par Safran) fournit des algorithmes d’analyse d’imagerie pour le renseignement, utilisés par les armées françaises et l’OTAN. Unseenlabs déploie une constellation de nanosatellites pour intercepter les signaux électromagnétiques en mer. Delair conçoit des drones longue portée utilisés à des fins industrielles et militaires, ou encore Internest qui propose une technologie de navigation sans GPS utilisée par la Marine nationale, tandis que Exail (ex-iXblue) s’impose dans la robotique autonome et la guerre des fonds marins.

Mais aucun de ces acteurs, qu’ils soient américains ou européens, ne cumule à ce jour ce qu’Anduril est parvenue à assembler, à savoir l’intégration logicielle, la capacité industrielle pour faire des livraisons en série, et surtout la proximité stratégique avec les commanditaires publics.

Une trajectoire assumée d’industriel stratégique

Anduril bénéficie également d’une proximité forte avec les cercles de décision américains. Plusieurs de ses dirigeants ont conseillé les administrations Trump et Biden sur les priorités technologiques militaires. Le modèle qui se dessine n’est plus celui d’une startup, mais celui d’un nouvel industriel de défense, un modèle pensé pour le XXIe siècle.

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