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Qui est Anne Le Hénanff, nouvelle ministre de l’Intelligence artificielle et du numérique

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Nommée ministre déléguée auprès du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique, Anne Le Hénanff hérite du portefeuille occupé précédement par Clara Chappaz, puis très brievement par Naïma Moutchou dans le gouvernement Lecornut 1, et devient Ministre de l’Intelligence artificielle et du numérique. La députée du Morbihan, issue du monde de l’entreprise et du numérique territorial, devra clarifier la position française entre ambition technologique, dépendance internationale et contraintes industrielles.

Un parcours de l’agroalimentaire au numérique.

Née à Vannes, Anne Le Hénanff (57 ans) a grandi à Pluvigner, diplômée de l’EM Normandie en 1991 après une prépa HEC à Audencia, elle débute sa carrière dans l’agroalimentaire, passant par Bacardí, Produit en Bretagne et Saupiquet, où elle dirige les activités de la région grand Ouest.

En 2003, elle ouvre une galerie d’art avant d’évoluer vers le conseil en transformation numérique. Elle devient formatrice, chef de projet chez Morbihan Énergies, et enseigne à l’Université de Bretagne-Sud au sein de la chaire cybersécurité. Elle est également membre de la FNCCR et de la Conférence nationale des services publics locaux.

Une élue de terrain devenue spécialiste du numérique et de la défense

Son engagement politique débute en 1995. Militante de l’UMP, elle est repérée par François Goulard, alors maire de Vannes, qui la nomme adjointe chargée du numérique et des systèmes d’information en 2008. Elle conserve cette délégation jusqu’en 2022, devenant entre-temps première adjointe.

Proche du mouvement Horizons, elle rejoint la majorité présidentielle en 2017, tout en maintenant ses mandats locaux. Élue députée du Morbihan en 2022, puis réélue en 2024 avec 71,6 % des voix, elle siège à la Commission de la Défense nationale et des Forces armées, où elle suit les dossiers de cybersécurité, de cyberdéfense et d’intelligence artificielle.

Autonomie stratégique plutôt que souveraineté

Anne Le Hénanff a souvent pris position sur la question de la souveraineté numérique. Elle critique l’usage politique du terme et lui préfère celui d’autonomie stratégique, qu’elle juge plus adapté à la réalité industrielle et géopolitique.

« Le mot souveraineté est souvent utilisé comme un slogan. L’autonomie stratégique renvoie à notre capacité réelle à produire, protéger et décider. »

Cette position, plus pragmatique que doctrinaire, s’inscrit dans une vision européenne de la puissance technologique. Elle plaide pour des alliances continentales dans les domaines critiques,  IA, cloud, cybersécurité, tout en refusant l’idée d’une indépendance illusoire vis-à-vis des États-Unis.

Une régulation numérique sous contrainte

À l’Assemblée, elle a défendu une approche mesurée de la régulation technologique. Elle prône une « frugalité législative », estimant que l’inflation de lois dans le numérique peut freiner la compétitivité de la filière française.

« Réguler pour protéger, oui, mais pas au détriment de la capacité d’innovation. »

Ce positionnement soulève une question récurrente dans le débat public : comment concilier protection des citoyens et développement d’une industrie numérique nationale encore fragile ? Les critiques pointent le risque d’un équilibre instable entre un État régulateur attentiste et un marché dominé par les plateformes étrangères.

L’intelligence artificielle de défense comme champ d’expérimentation

Avant sa nomination, Anne Le Hénanff pilotait un rapport parlementaire sur l’intelligence artificielle de défense, dans le cadre du budget 2025.

« L’IA n’est pas un gadget. C’est un outil de supériorité opérationnelle et d’indépendance stratégique. »

Elle défend l’idée d’un continuum entre innovation civile et militaire, tout en soulignant la nécessité de réduire la dépendance aux technologies américaines.

Un équilibre à trouver entre ambition et réalisme

La nomination d’Anne Le Hénanff constitue une surprise, sa connaissance fine des territoires, sa familiarité avec les rouages institutionnels et son approche mesurée peuvent favoriser un dialogue avec un écosystème qui a toujours eu une très forte proximité avec son ministre de tutelle. Reste à savoir si elle disposera du temps politique et des moyens budgétaires nécessaires pour engager cette relation et développer une politique publique cohérente.

 

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