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La fable de la French Tech : «Tout vainqueur insolent à sa perte travaille»…

Par Carlos Diaz, cofondateur de The Refiners

Les gens qui me connaissent savent que je n’ai pas l’habitude de garder ma langue dans ma poche et je préfère prévenir les lecteurs tout de suite « ATTENTION, certains propos et métaphores dans ce post peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ainsi que des personnes non averties (voir aussi celles des personnes averties en fait…). Si vous cherchez du politiquement correct, passez votre chemin…

Je fais de la Tech depuis plus de 20 ans, des startups j’en ai monté quatre, j’en ai côtoyé des centaines et aujourd’hui j’investis dans certaines d’entre elles chez The Refiners (Seed Fund Program basé à SF). En tant qu’entrepreneur, j’ai réussi, j’ai échoué, j’ai été euphorique, dévasté, béni, trahi… mais j’ai appris une chose importante à travers toutes ces années passées en France et dans la Silicon Valley : dans la Tech, la notion de cycle est vitale.

« Timing is everything » comme disent les américains.

Un cycle économique est une succession de phases. Il en existe généralement quatre : L’Expansion, la Surchauffe, la Récession et la Reprise et chacune de ces phases impose d’avoir une stratégie adaptée. Cela fait des mois que je le dis, que je le crie, que j’essaie d’expliquer ; la France fait une mauvaise lecture du cycle dans lequel elle se trouve. Des mois que j’ai l’impression d’être une Cassandre, un oiseau de mauvais augure, un trouble-fête, un pigeon qui fait chier et qu’on renvoie d’un coup de pied dédaigneux.

La ferme le ‘ricain ! T’as pas compris ce qu’on te dit ? C’est fini la Silicon Valley ! On a maintenant tout à la maison ! Plus besoin de vos « comment-qui-faut-faire », on se débrouille tout seul maintenant. On est français, on est smart, merde !

Des mois qu’on m’explique que la French Tech « c’est de la bombe, bébé ! » , que je me trimballe avec un gilet pare-balles, que je me prends des « popopopop », que ma tête est mise à prix, qu’on m’a condamné pour acte de haute trahison parce que j’ai dit que jamais je ne porterai un “slip-faraday”, même français. Des mois que la France se fait des Big Up à elle-même. Des mois que je pense à Joey Starr… Lui aussi était persuadé d’avoir marqué l’histoire du rap mondial avant de s’apercevoir, l’âge avançant, qu’il avait en fait changé l’histoire du 93. “Putain de cycles…”

Aujourd’hui nous sommes Elaia-il-faut-que-les-vc-appliquent-eux-memes-ce-quils-conseillent-aux-entrepreneurs/ » target= »_blank » rel= »noopener »>quelques-uns à tirer la sonnette d’alarme et des premiers signes laissent penser que la soirée « ar-rosée » est en train de partir en eau de boudin. Des mois que certains d’entre nous se le disent tout bas, comme une vérité qu’on ose à peine avouer de peur de jouer les rabat-joie.

La nouvelle de Gyroptic m’a poussé à écrire ce post non pas que l’incident soit majeur, on ne parle pas de la fermeture d’Airbus mais instinctivement, je me suis dit, « Merde, et si c’était le premier d’une longue série… ». La fête est finie ? Les Saints sont serrés ? Qui va rester pour ranger les boules à facettes, les bouteilles vides et les cotillons ? La French Tech est en train de changer de cycle. Nous sommes passés de l’Expansion à la Surchauffe. Ces derniers mois, les valorisations des startups en France frôlent celles de la Valley alors que les exits sont largement inférieurs tant en valeur qu’en quantité. Avant de se poser la question de la Surchauffe il faudra bien entendu faire le bilan de l’Expansion ?

Pour ma part, j’ai toujours pensé que cette phase avait été une vraie réussite sur le plan national mais qu’en revanche, nous avions complètement foiré l’Expansion internationale… J’entends d’ici la voix des Don Quichotte et j’ai bien conscience de précipiter le télescopage difficile entre la quête d’un idéal français (la “Startup Nation”) et la réalité.

Déjà en décembre lors d’une visite à Station F, je m’étonnais de voir de jeunes startupers, champions de baby foot, s’extasier devant une conférence de Tony Fadell expliquant à une assistance a priori fascinée par les dernières avancées en matière de thermostat, que la France avait elle aussi tout pour devenir cette fameuse “Startup Nation”. Tony Fadell est un magnifique Tech-entrepreneur mais il ne connaît rien à la France… Après son discours je me suis demandé s’il était là en tant qu’entrepreneur ou en tant qu’ambassadeur de bonne volonté pour le compte de l’UNESCO… Avant lui, un cadre de la French Tech expliquait que la France allait tout « péter » au CES cette année, que plus de 300 startups feraient le déplacement et que si cela ne suffisait pas on ferait venir les producteurs de miel d’acacia de Midi Pyrénées et leurs ruches connectées parce qu’il n’y a pas de raison que ce soit toujours les mêmes qui profitent des soirées, bordel !

Sur le coup je me suis dit que c’était la fin de l’année, qu’on était tous fatigués, que tout çà n’était qu’un excès de gras et qu’après un bon Citrate tout rentrerait dans l’ordre. J’ai malheureusement très vite déchanté quand quelques semaines plus tard, cette fois à Vegas, un américain me demandait devant le panneau d’orientation de « l’Eureka Park » si l’Occitanie était un nouveau pays de l’UE… Plus loin, une startup m’expliquait qu’elle ne pouvait pas me pitcher tout de suite parce que Valérie Pécresse ne devait pas tarder à venir sur son stand. Quand une startup te parle de Valérie Pécresse, tu ne peux pas t’empêcher de penser qu’il y a « quelque chose de pourri au royaume du Danemark ». 

Ecoutons le Sage africain: « Le monde a beau changer, les chats ne pondront pas ».

Cette histoire de Valérie Pécresse m’a fait prendre conscience d’un problème. Je pense malheureusement qu’en France, les startups ne sont pas un enjeu technologique. Je ne sais même pas si elles ont jamais été un enjeu économique. Non le vrai enjeu des startups en France est politique. Dans une société moderne qui se doit d’être tournée vers l’avenir, ne pas parler “startup” c’est avouer que l’on ne comprend rien au monde. Le politique a besoin de montrer coûte que coûte qu’il contrôle.

« Jusqu’ici tout va bien.. L’important n’est pas la chute. L’important c’est l’atterrissage ».

Il y a de cela quelques jours je rencontrais à SF un député (charmant) chargé de réfléchir légitimement aux mesures protectionnistes à mettre en oeuvre en France pour se protéger des « ogres » chinois et américains boulimiques et friands de nos « pépites technologiques ». Il m’expliquait (longuement) que l’on ne pouvait pas permettre que nos meilleures sociétés soient dévorées tout cru. Je l’écoutais sans l’interrompre m’expliquer que la France était une terre fertile de talents, que le monde nous enviait notre French Tech et qu’il fallait protéger nos entreprises « stratégiques » comme le faisait d’ailleurs les américains.

Je lui demandais alors naïvement ce qu’il entendait par « stratégique ». Le doute s’installe, il me regarde et j’entends comme le son d’un Mac qui reboot… J’en profite pour lui expliquer que la French Tech n’est qu’une illusion nationale et que personne ne parle jamais ici de French Tech (ni d’ailleurs de German Tech, de Japan Tech ou de Burkina Tech…). Deuxième reboot… je lui dis que le véritable enjeu n’est pas le fait que nos startups soient Françaises ou participent en masse à des salons mais davantage qu’elles soient bonnes. Que le « Made in France » cela marche pour la maroquinerie, moins bien pour la Tech, et que seuls les géants américains (et chinois) sont capables de racheter nos startups à un prix attractif. Troisième reboot… 

Je lui explique que dans ce domaine il convient d’être vigilant en terme de communication et que l’on ne peut pas se permettre de faire de la politique interne sur des sujets à portée internationale, qu’il avait suffi de quelques coups d’épée maladroits d’un Don Quichotte en marinière bleue pour mettre la Tech française en quarantaine pendant près de quatre ans et que même si Mme Michue était inquiète, la réponse à sa question, certes légitime, était à trouver au niveau européen et non au niveau national. Hard drive not detected… Alors qu’il partait je pensais à La Fontaine et me disais qu’un coq même bariolé est souvent le dernier à se rendre compte qu’il chante les deux pieds dans la merde.

Soyons clairs. L’enjeu pour la French Tech n’est plus de faire éclore des startups comme une poule pond des oeufs… mais plutôt de s’assurer que son poulailler (cf. sa chaîne de valeur) fonctionne correctement en évitant soigneusement les querelles de basse-cour. Malheureusement la France n’a pas compris comment l’économie de la Tech fonctionne. Les startups ne peuvent pas réussir sans investisseurs (elles ne sont pas en mesure de dégager suffisamment de cash par elle-mêmes et ont besoin d’investissement à court-terme pour créer de la valeur sur le plus long-terme). Cela, même “la gent qui porte crête” l’a compris mais ce que notre société n’a pas encore compris c’est comment les investisseurs eux fonctionnent…

Pour comprendre les investisseurs, il convient de comprendre leurs Souscripteurs c’est à dire ceux qui leur confient l’argent à investir. Quand un fond se crée, il fait la promesse de retourner au bout de dix ans deux à trois fois l’argent qui lui a été confié (en France on est plus entre X1.2 et X2, aux US plus de X3 si possible). Nombreux sont ceux qui pensent que les clients des fonds sont les startups. ERREUR FATALE ! Les clients des fonds sont les Souscripteurs. Les startups ne sont que “les poules du fermier”. Bien sur, ce qui distingue un bon fermier d’un mauvais fermier, c’est le soin qu’il porte à ses poules (cf. sa Réputation) mais cela n’est pas suffisant encore doit-il faire la preuve de sa Performance, comprenez de sa capacité à retourner suffisamment d’argent à ses Souscripteurs. Sans Performance, pas de nouveau fond, sans fond pas de startups…

Nous voilà donc tous dans le même “poulailler” et même si personne n’en parle, pendant que certains font la fête dans la basse-cour, le grain s’épuise. Dans le domaine de la Tech, le taux de mortalité des startups est par essence très élevé (plus de 75%) donc pour assurer sa Performance, un fond doit ABSOLUMENT avoir dans son portefeuille quelques champions (2 ou 3 sur les 30 startups dans lesquelles il a investi) capables à eux seuls de retourner un maximum d’argent pour compenser celles qui ne retourneront rien ou trop peu. Et c’est là que ça ne colle plus… Les valorisations initiales des startups françaises sont en train d’exploser pour s’approcher de celles pratiquées aux USA (X3 en moins de 5 ans), le taux de mortalité final lui reste sensiblement le même mais les sorties sont en moyenne 5 fois inférieures…

Conclusion : CRACK ! Le modèle n’est pas viable et il ne devrait pas tarder à nous péter à la figure si nous ne changeons rien (mon pronostic dans 12 à 18 mois). Ce sera alors “Adieu veaux, vaches, cochons, couvée…”.

« OK super, merci d’avoir plombé l’ambiance avec La Fontaine, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? ».

Tout d’abord nous devons nous donner les moyens de créer des “unicorns” à intervalles réguliers et ne pas nous contenter d’un troupeau de “poneycorns” même lancé au galop. Comprenons-en bien l’enjeu. Une unicorn ce n’est pas seulement une startup valorisée plus d’un milliard, c’est un leader mondial capable de modifier en profondeur un écosystème, d’attirer des talents exceptionnels et de retourner des capitaux sur son sol. Créer un géant mondial dans la Tech c’est être capable d’investir minimum $500M or pour le moment, nous sommes incapables d’investir seuls plus de $50M dans nos startups.

Créer un géant mondial c’est être capable d’adresser un marché d’au minimum 500 millions de clients/utilisateurs parlant tous la même langue or pour le moment, nos startups se concentrent pour la majorité sur leur marché local voir pour les meilleures multi-local et à quelques rares exceptions, global. Si nous voulons devenir une “Startup Nation” il nous faut a minima comprendre comment fonctionne le bateau et arrêter de penser que le vent nous portera. Je rappelle que le Titanic n’était qu’à quelques milles des côtes de Terre Neuve quand il a sombré…

Tout d’abord les startups françaises doivent arrêter de se comparer aux startups américaines… tant qu’elles n’auront pas démontrer qu’elles sont capables de réussir à l’international leur valorisation initiale devra rester inférieure à leurs homologues américains. Les investisseurs eux doivent pousser leurs champions à se développer “from Day 1” au-delà des frontières hexagonales notamment aux US où nous ne sommes que très peu présents (je ne parle pas lors des salons…).

Le marché américain est le premier marché en terme de Tech et le plus stratégique en terme d’exit (les dépenses Tech aux US atteindront selon IDC $1.5 trillion en 2018…). Quant aux grands comptes, ils doivent eux comprendre que leur rôle est avant tout de faire l’acquisition des startups et accepter d’y mettre le prix. Investir ou créer des fonds ne règle pas le problème… Enfin les politiques doivent encourager l’esprit de conquête internationale et ne pas faire des startups un outil de leur petite politique interne. J’ai bien conscience que tout cela n’est pas quelque chose de réalisable à court voir même à moyen terme, cela prendra sans doute 20 ans mais nous devons accepter de travailler par étapes dès à présent. Cela passe par une plus grande collaboration avec les leaders mondiaux, n’en déplaise à notre orgueil gallinacé. C’est la condition sine qua none pour faire de notre pays une “Startup Nation”.

Et si en fait nous arrêtions de parler de “Startup Nation” ? Et si nous arrêtions de nous comparer à Israël ? Ce petit pays de moins de 22.000 kilomètres carrés, plus petit que la Bretagne, qui en moins de cinquante ans a su s’imposer comme la deuxième référence mondiale de l’innovation, derrière la Silicon Valley. Certes l’exemple est séduisant mais comprenons bien que depuis les années 90, Israël a tout misé sur le Digital et a fait le choix, certes contraint, de l’international.

Cette stratégie n’a pas été pour autant sans sacrifices. Comme le soulignait L’Usine Digitale Depuis 2009, les investisseurs étrangers (majoritaires dans la high-tech israélienne) sont exonérés de l’impôt sur les plus-values. Une mesure qui minimise les gains israéliens réalisés sur les exits. Une politique délibérée destinée à attirer les plus grands groupes et qui s’accompagne de réductions d’impôts. Les centres R&D de plus de 300 entreprises multinationales en Israël, avec quelque 190.000 employés ne paient que 50 millions de dollars d’impôts par an. Si on reproche aux multinationales de capter les meilleurs ingénieurs ou développeurs dans un marché du travail très tendu, leur apport en terme de formation est toutefois indéniable. Des centaines d’ex-salariés d’Intel, Google ou Facebook ont créé leur propre start-up après avoir énormément appris chez les géants de la high-tech américaine. Et les échanges permanents avec la Silicon Valley a fait d’Israël un acteur central de la high-tech mondiale.”  

Peut-on vraiment comparer la France à Israël ? La France est-elle prête aux même sacrifices ? La France est-elle capable du pari du “Think Global” ? Sommes-nous capables d’accepter que d’autres ailleurs soient meilleurs que nous ? Sommes nous prêts à accepter de perdre à court terme pour éventuellement gagner à long terme ? Sommes-nous capables d’abandonner (à défaut de transformer) des secteurs entiers comme l’automobile, l’énergie… Car qu’on se le dise, on ne devient pas une “Startup Nation” sans faire ces choix courageux ?

J’ai bien conscience des promesses qui ont été faites et du froid que je jette aujourd’hui. J’ai d’ailleurs longtemps hésité à écrire ce billet jusqu’à ce qu’un ami me rappelle cette phrase de La Rochefoucauld Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes.”

L’expert :

 

Carlos Diaz, cofondateur de The Refiners.

 

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21 commentaires

  1. En fait Carlos autant quand tu fais des « raccourcis » sur FB on finit par se friter parce que l’on a des « point of view » différents, autant quand tu prends le temps de poser tes arguments je suis d’accord avec toi même si les 2 propos que j’évoque sont un peu différents, ils traitent d’un même problème. En France tout est politique… c’est d’ailleurs pour ça que les choses n’ont pas toujours beaucoup de sens parce qu’en politique aujourd’hui le seul intérêt qui est défendu est celui du mandant et éventuellement du suivant… dès lors les dés sont pipés ;)
    Si tu cumules notre incapacité à gérer/accepter l’échec pour apprendre et faire mieux, et la politique et son obsession de la médiatisation de chiffres tous plus bidons les uns que les autres, tu obtiens le résultats de l’équation que tu décris ici brillamment… la french-tech était le premier étage d’une fusée qui désormais ère dans l’espace sans carte sans pilote : allo Houston ? Mais l’important était de montrer qu’en France on peut faire aussi bien. D’ailleurs les poltiques sont certes coupables de tomber dans la facilité mais c’est notre fierté exacerbée et notre capacité à nous croire toujours LE pays référence qua nous avons été qui nous aveugle et nous conduit à faire de la com a défaut d’autre chose. Il reste que si tout est possible en matière de timing je ne crois malheureusement pas que les mentalités changeront aussi facilement. C’est pourquoi je milite personnellement pour que ce soit au niveau européen que nous fassions naitre un ou des (rêvons un peu) « unicorns »… seul échelle viable pour s’aligner. Israël ? L’exception qui confirme la règle, car comme tu le soulignes c’est près de 30 ans d’efforts ! Aors oui l’Europe n’est pas prête, mais doit-on attendre les politiques pour un « Eurocorn » ?

  2. En Israël, l’état finance les startups (sur dossier) sans rien exiger en retour (sinon quelques pourcents pendant un temps très court). C’est évidemment une facilité qui tord un peu la comparaison.

  3. Bonsoir.
    Pour une fois, je suis bien d’accord avec vous: et dans la forme, et dans le fond. En tous les cas vu de ma fenêtre. Sur cour bien évidemment (chacun a ses références: personnellement je suis plus sensible aux robes de Grace Kelly que les tenues de La Rochefoucauld :-) .
    Je ne saurai analyser l’avenir de la « French Tech », ni de la « Tech » tout court d’ailleurs, mais ce que je crois c’est que la grandiloquence de tous ces propos oublie que TOUS LES JOURS le réchauffement climatique avance inexorablement et que pour le contrer nous en sommes encore à dire que « cela coûte trop cher » … Pas sûr que nos petits-enfants goûtent cela lorsque leur environnement leur imposera, d’une manière ou d’une autre (guerre, raréfaction des ressources, que sais je), une remise en cause non seulement de leur « way of life » mais plus simplement de leur avenir … Ils risquent de nous demander quelques explications (cf « Respire » Mickey3D) et plus particulièrement aux entreprises car elles ne sont pas nombreuses à participer au « 1% for the Planet ». Et si j’en crois Ray Anderson (CEO Interface): un jour les gens comme lui, ou à tout le moins sa mémoire (RIP), seront jugés pour cela … Et les « French Techards » n’échapperont pas à la règle …
    Idem pour l’ « occurence » nucléaire, dont la probabilité progresse là aussi tous les jours, et du résultat qu’il en sera dans « Le plus beau pays du Monde » (cf le film) le jour où il méritera « pleinement » son autre qualificatif de plus nucléarisé au Monde … Sauf que là les « Frenchies » seront seuls à leur fenêtre sur cour, d’autant que leurs voisins n’apprécieront pas que le nuage français ne soit pas, lui, arrêté à leurs frontières …
    Allez respirez, la Nature recule et la proba avance … Alors on les met où les « sous » ?! Dans la « Tech », le CO2 ou la recherche pour neutraliser des déchets à la durée de mort de plusieurs dizaines de milliers voire millions d’années ??? !!!
    https://www.facebook.com/PartageInfoNucleaire/
    Emetteur: un quinquagénaire français, un peu banquier, un peu bâtiment, mais surtout « structurateur » commercial qui se permet en plus de réfléchir à l’avenir de ses enfants …

  4. Bonsoir Carlos,
    Tout d’abord félicitations pour votre article, qui a le mérite de nous ouvrir les yeux avec la vision d’un connaisseur de l’environnement international, et particulièrement américain. Et si j’en crois certains amis de retour d’Asie, il faut sans doute aussi se méfier de ce côté-là du globe, en pleine croissance et qui démontre un dynamisme inconnu chez nous depuis les 30 glorieuses …
    Je me permets au passage de vous signaler une petite faute d’orthographe dans votre texte : « Tout d’abord les startups françaises doivent arrêter de se comparer aux startups américaines… tant qu’elles n’auront pas **** démontré (et non « er ») **** qu’elles sont capables de réussir à l’international leur valorisation initiale devra rester inférieure à leurs homologues américains.  »
    Cordialement,
    VD

  5. Carlos, je me souviens de notre rencontre il y a quelques années maintenant pour 2 de nos anciennes start-up, et je partage ton avis et plus encore je pourrais le reprendre sur la stratégie européenne/française lié a l’intelligence artificielle ou ils se gargarisent de start-up qui font de l’IA mais qui en fait ne sont que des consommatrices des vrais concepteurs d’IA que sont les GAFAs. Une grande partie de la french tech s’appuie sur les miettes technologiques américaines. Le réveil va être douloureux.
    Nous on avance tranquillement, complètement invisible et incompris par l’état et les les fonds français ce qui a un coté décalé et nous conforte dans notre disruption.

  6. Tout à fait d’accord.
    Voici mes réponses :
    – Non.
    – Non.
    – Peut-être
    – Oui ! (c’est même prouvable)
    – Peu probable…
    – Non, pas du tout…

  7. Hello Carlos, article très intéressant, en rupture et qui est peut-être est influencé par 20 ans d’expérience et donc de bulles qui retombent également (loi de la gravité)…
    En revanche, pour Joey Starr et ses velléités internationales, je suis dubitatif, c’est surement le type qui a le plus écumé les salles municipales et salles des fêtes de notre cher beau pays :) Le rap t’a inspiré en tout cas.

  8. Bonjour

    Votre analyse et votre synthèse est excellente , elle traduit la réalité du terrain , en tant qu’ israelien c’est sortir en étant bankable , on s’en fout d’avoir une boite internationale , on laisse google et FB aux ricains , la valoristion de sortie dans le cycle est l’objectf.En effet on a 80 pour cent de déchets qui permettent l’émulation dans l’éco system mais nos déchets sont recyclés et deviennent des pépites , tout est histoire de timing…après on sort part le haut Waze , mobileye etc…

    Bien à vous et shalom

    Nadav

  9. Bravo pour cet article, rafraichaisssnt de voir que tout le monde n est pas aveugle face à cette nouvelle bulle, qui me rappelle en son temps la bulle internet.
    En phase avec votre analyse, très courageux, à l heure où il faut monter sa start up.
    Je me pose souvent la question mais combien vont survivre. J espère que vous pourrez continuer à porter la bonne parole, et qu il y aura une prise de conscience pour que nos starts ups dépassent une durée de vie de 3 ans et transforment l essai.

  10. 20 ans pour digérer le changement, autant dire une éternité… mais malheureusement il est difficile de ne pas partager la sévérité du constat.
    La question a se poser dans l’intervalle est peut-être de remettre en question le graal des énormes levées de fonds comme l’unique chemin incontournable d’une réussite de startup (et oui, j’ai bien conscience de dire ça à un des cofondateurs de The Refiners…). Au bout de quelques années passées dans le milieu des startups, après avoir observé toute sorte de projet s’abimer dans les BP sans fin et les dossiers de financement au lieu de se consacrer à leur cœur de métier, je reste assez perplexe sur le bienfondé d’une grosse partie de ces projets.
    Sans parler de la course au trendy, faire de l’IA pour faire de l’IA (souvent en se reposant allègrement, comme le souligne JPG, sur les librairies gracieusement louées par les GAFAM), répéter des mots magiques comme blockchain en espérant, comme on enfourne des pièces dans une machine à sous, que le triple 7 va s’afficher… Toute cette énergie perdue dans un mimétisme creux nous distrait à mon avis de la recherche de modèles de développement alternatifs, basés sur d’autres principes que les tours de table, qui sont à mon avis les seules options à même de créer – en attendant qu’une mutation aboutisse dans le domaine des investissements – une vraie spécificité française, ou au moins européennes.
    Hélas, ça n’est pas le doux mirage d’une startup nation qui encouragera cette nécessaire reflexion…

  11. Très juste Carlos.
    J’ai publié il y a quelques jours un post sur les difficultés de financement des startups du hardware, proposant deux mesures pour commencer à changer les choses.
    https://www.linkedin.com/pulse/startups-du-hardware-en-france-pourquoi-ça-coince-stanislas-chesnais/
    Effectivement les politiques font beaucoup de bruit, mais dans les faits personne ne bouge, en dehors peut-être de la BPI qui a compris que sur la partie hardware il y avait un problème.
    3dRudder, basée en Provence, réalise 98% de son chiffre d’affaires à l’export, a signé deux contrats mondiaux avec Sony et Microsoft pour l’intégration de notre produit à la PlayStation et à la Xbox. Pourtant depuis le début de l’aventure (3 ans et demi), nous n’avons obtenu que 14.000€ de financement pour l’international !
    Le défi me parait être là aussi. Il faut accompagner financièrement les startups qui le souhaite à l’international. Mais aujourd’hui, impossible d’obtenir un financement export si on n’est pas déjà profitable, donc de facto fermé à toutes les startups. Il faut là aussi que ça change.

  12. Ah, enfin, ca fait du bien que des vérités soient dites ! Laissons tomber le ton, le style, les citations, le fonds est plus important que la forme. Je travaille pour des chefs d’entreprise depuis plus de 25 ans, je connais très bien le secteur IT (+medtech, fin tech…), et j’ai aussi bien connu la crise IT.
    Puisque je suis en finance et haut de bilan, je rajouterai un point : trop de startup pensent que leur réussite est l’argent levé. Or on réussit quand on prend des parts de marché, quand on fait du chiffre d’affaires, quand on a un vrai business model, … Je vois trop de jeunes poussent se satisfaire d’articles de presse… Je travaille à Lille. Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer Gyroptic, mais déception forcément. OVH à Roubaix est un modèle : des dirigeants axés sur le travail, la technique, la vision, et pas sur l’enrichissement personnel en pensant vendre un jour ou l’autre. Je sollicite régulièrement des fondateurs de startup pour des conseils : ca bloque. Il faut être ouvert, et être perméable aux meilleures pratiques. Je ne suis pas dieu le père, mais l’expérience et l’ouverture internationale sont essentiels. Ne pas se contenter du quotidien, voir loin.

  13. Je te rejoins Carlos. L’objectif de ces initiatives publiques de comm n’est pas assez business / exécution / Reality driven. L’ambition mondiale ne doit pas se faire au CES. Du defocus pour des startups fragiles qui confondent politiques et clients. J’en parle en reconnaissant mes erreurs du passé. Construisons la V2 avec une orientation et mindset plus sains. Je vois des bons signaux avec une ecosystem qui gagne en maturité et un rapprochement / apprentissage de nos amis ricains ou israéliens. Allez, on reboote ?

  14. Votre analyse conforte ce que je pense depuis un petit moment ; que de tapage pour rien à à la sortie !!!!
    J’ai tenté une levée de fonds en mode amorçage, J’ai cru tomber de ma chaise plusieurs quand au réflexion des pseudos business angel et pire les accompagnateurs qui me demandaient des vidéos (à 45 ans autre chose à faire) sachant que nous vendons un service au professionnel.
    Je ne désespère pas de trouver une bonne âme qui nous permettrait de commencer le développement mais plus cela va plus je me dis que je vais devoir me débrouiller par moi-même et certainement nous n’arriveront pas à sortir du local alors que nos services peut être exploité par toutes les entreprises de cette planète (oh merde je deviens french Tech, pardon …)

  15. Entrepreneur également (5ème itération après 2 réussites et 2 échecs), je partage complètement ce point de vue et le crash me semble imminent. Pour compléter ce tableau optimiste, j’ajouterais quelques ombres:
    • sans même parler des banques, les « VC » français sont sous-équipés pour juger du potentiel des start-ups et de la qualité de leur business model. La frénésie actuelle et l’engouement pour la « French Tech » les font investir dans des aventures sans lendemain (pas la moindre idée de biz-model, marché potentiel ridiculement petit, hype à gogo – il suffit de saupoudrer les slides de big data et d’AI pour lever).
    • le manque d’ambition est généralisé dans la « French Tech » tant sur les marchés à attaquer – l’Europe est considérée comme un marché international au lieu de régional ! – que sur le besoin de mettre au point des modèles capables de croitre exponentiellement (si quelqu’un sait comment dire « scalable », je suis preneur); 1 start-up sur 2 se contente de faire de la vente traditionnelle mais en ligne pour se targuer d’être digitale, et l’autre moitié oublie totalement que ne pas grandir rapidement c’est mourir plus ou moins lentement.
    • la croyance aveugle du public tant investisseur que startupeur en ce que racontent les fondateurs sur leurs cycles d’incubation est sidérante. Cf. https://www.wsj.com/articles/forever-young-tech-startups-like-hollywood-celebrities-fudge-their-age-1502461847

  16. En parlant de chiffres bidons : le Titanic a coulè à 325 miles nautiques de Terre Neuve… ce qui n’enlève rien à la pertinence du propos.

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