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Reconversion à 30 ans: est-ce une bonne idée?

Par Philippe Pinceloup, contributeur FrenchWeb

Il y a 6 mois, je racontais mon histoire professionnelle, de mon rêve de gosse à sa concrétisation : celui de devenir développeur. À ce moment-là, l’école était terminée et je m’apprêtais à mettre un pied dans le monde professionnel, en tant que stagiaire. J’étais loin de m’imaginer ce qui allait suivre. Finalement, est-ce que cette reconversion professionnelle à 30 ans était une bonne idée ?

Si vous avez eu l’occasion de lire mon précédent récit, vous savez alors qu’être développeur est mon rêve depuis mes 13 ans. Qu’après avoir exercé plusieurs années dans le service clients chez Dailymotion ou encore Cheerz, ce rêve m’a rattrapé, en me faisant prendre conscience qu’il était temps de faire ce que j’avais toujours voulu faire et pas ce que les aléas de la vie m’avaient amenés à faire.

Si vous n’avez pas lu cette histoire, je viens de vous en faire le résumé, mais si vous adorez les détails et que vous avez un peu de temps devant vous, je vous encourage à vous faire une petite session de rattrapage !

Un premier stage facilement en poche !

Des mois avant la fin de ma formation à la Wild Code School, mon stage était déjà trouvé. J’avais répondu à une offre très intéressante… de CDI ! Je connaissais l’entreprise qui communiquait énormément sur Instagram et l’idée de la rejoindre était très motivante. Ils recherchaient un développeur front confirmé, ce que je n’étais évidemment pas et je ne voulais bien entendu pas de CDI à ce moment-là. Mais après leur avoir envoyé ma demande, j’ai pu décrocher un entretien. Après avoir proposé de me faire passer un test technique, ce qui est la norme lorsque vous recherchez un poste de développeur aujourd’hui, la réponse qui m’a été donnée m’aurait fait signer le contrat dans la seconde :

On ne te fera pas passer de test technique, ce ne sont pas tes compétences actuelles qui comptent, mais celles que tu auras à l’issue de ton stage !

Mais la réponse du co-fondateur de l’entreprise ne s’est pas faite attendre, le soir-même, à 23h, je recevais un “oui” par email, accompagné d’une demande du “matériel de mon choix pour travailler dans les meilleures conditions” et d’un montant de gratification qui allait bien au-delà de mes attentes. Ils correspondaient totalement à ce que je recherchais, principalement sur le plan humain et formation. J’étais comblé, et je l’annonçais dès le lendemain à l’école, lors de notre Daily Scrum.

Trois-quatre mois après ce fameux entretien, ma formation dans les murs de l’école s’achève : il est temps pour moi de faire mon entrée dans la cour des grands. J’arrive 30 minutes avant l’heure habituelle des employés, pour prendre le temps de m’installer et parler avec les premiers lève-tôt avant la réunion hebdomadaire du lundi. Certains employés viennent saluer le nouveau développeur un brin réservé de la boîte, d’autres passent à côté sans me dire bonjour, peut-être tout aussi timide que moi… le meeting commence ! Rien de bien folichon pour cette première journée : déménagement de mon matériel dans une autre pièce, configuration de l’ordinateur… et c’est tout.

Dès le lendemain, je mettais les mains dans le code et à la fin de la semaine, je résolvais mes tous premiers bugs pushés en prod (c’est-à-dire que les modifications devenaient publiques). Pour la première fois de ma jeune carrière de développeur, j’impactais directement sur ce que voyais des milliers d’utilisateurs dans le monde. Grandiose ! Mon maître de stage partait dès ma deuxième semaine en vacances et ce pour 3 semaines. Il fallait donc que je lui pose toutes les questions nécessaires avant son départ, car après, j’allais devoir composer seul : l’équipe se constituait d’un développeur back, d’un CTO et d’un Scrum Master. Et c’est dès la semaine suivante que je me suis aperçu des premiers couaks de cette entreprise dont un primordial : le manque cruel de communication.

En effet, le Scrum Master a commencé à me parler de l’architecture du site avec des termes très techniques. Tellement techniques que j’ai dû l’arrêter et lui dire que je ne comprenais quasiment rien de ce qu’il me disait. Ayant eu vent que j’avais travaillé 4 ans chez Dailymotion, il pensait que j’y avait été développeur… avec donc 4 ans d’expérience. Non, non, je n’ai que 5 mois, sans compter mes projets personnels depuis quelques années.

Malgré tout, les jours passaient et je faisais mon maximum pour appliquer ce qui m’avait été inculqué à la Wild Code School : chercher avant de demander de l’aide. Je pouvais passer une demie-journée à une journée complète sur un problème avant de tirer le signal d’alarme. Le CTO, alors très qualifié mais sans énormément de temps pour moi venait m’aider quand j’en avais besoin. Au final, au retour de vacances de mon maître de stage, soit après 1 mois, je n’avais demandé d’aide que 4–5 fois pour un total d’une vingtaine de tâches qui m’avaient été confiées. Je ramais, comme un développeur en stage, mais je réussissais. L’équipe était contente de mon travail. Enfin ça, c’était ce que je pensais…

Le début de la fin

Car après ce premier mois, j’avais tenu à faire un point avec l’équipe pour leur faire part de mon ressenti et écouter le leur. Après leur avoir dit que j’étais content de travailler avec eux, que même si tout n’était pas facile je me familiarisais de plus en plus avec le site, c’était à leur tour. Et ça commençait mal…

On va être franc avec toi… tu es trop junior pour nous et on n’a plus de travail à te donner. Soit tu passes la seconde, soit on va devoir se séparer de toi.

Pardon ?! J’étais complètement bouche bée. J’avais pourtant proposé un test technique, qui aurait permis de voir si j’avais le niveau dont ils avaient besoin.

On n’était pas là quand tu as fait ton entretien, sinon on ne t’aurait pas pris

Les difficultés étaient là, certes, mais j’évoluais de mon côté, personne n’avait l’air de s’en plaindre et c’est à un rendez-vous demandé à mon initiative qu’on me sort ça ? Le co-fondateur qui m’avait recruté n’était pas là et mon maître de stage non plus. De toute façon, il n’avait pas pris le temps de se rencarder sur ce que j’avais fait en son absence auprès de mes “supérieurs”.

C’est donc avec un gros coup au moral que je décidais de redoubler de travail. Mes pauses étaient écourtées, je me formais en solo sur les besoins de l’entreprise… mais parmi tous les bugs à résoudre, aucun n’était à ma portée, d’autant que personne n’avait le temps pour moi. Et ce point s’est confirmé lors d’un second rendez-vous, surprise cette fois-ci, 2 semaines après le premier.

On n’a plus rien à te donner et plus le temps de te former.

Triste pour un stage duquel j’attendais énormément. Ils me proposaient alors de travailler avec le commercial de l’entreprise, bien entendu absolument pas technique et qui n’allait donc pas pouvoir me faire progresser. Voyant qu’ils peinaient à me pousser vers la sortie, j’ai décidé de les y aider.

Soit je travaille avec lui, soit je pars c’est ça ?

Répondre à cette question était plus facile pour eux que de formuler la phrase. Mon stage de fin d’étude étant extrêmement important à mes yeux, il n’était pas question que je reste ici à faire partie du décor pour être jeté à son terme, sans expérience ni nouvelles compétences. J’ai donc repris mes recherches sur Talent.io, Welcome To The Jungle… et Twitter !

En quelques semaines, j’ai décroché pas moins de 5 entretiens. Malheureusement, soit je ne convenais pas, soit j’étais pris mais l’entreprise ne me convenait pas. Et le temps jouait en ma défaveur : après l’école, c’étaient 6 mois de stage, pas plus. Ce qui signifiait que je pouvais être en stage jusqu’à fin janvier au plus tard. Et aucune entreprise ne prendrait un stagiaire développeur pour 2 mois.

Une bouteille à la mer, ouverte par Blockchain Partner

J’ai donc décidé, sans trop y croire, de lancer une bouteille à la mer sur Twitter.

À la recherche d’un #stage de #FrontEnd de maintenant à janvier inclus. #javascript #HTML #CSS #stagiaire#friday #paris

À ma grande surprise, ce tweet a reçu une réponse quelques jours plus tard :

Hello Philippe on est intéressés chez @BlockchainPartn ;-) !

Après une discussion écrite, puis un appel avec les associés et un développeur de BcP, rendez-vous était pris un mercredi matin, à 10h.

Arrivé sur les lieux, j’ai été accueilli par le cofondateur et CTO, Adrien, ainsi qu’un développeur, Fabien. Échaudé avec ma première expérience, je n’avais pas le droit à l’erreur : de tête, le rendez-vous a duré trois quarts d’heure/1h, de quoi poser toutes mes questions et obtenir les réponses désirées. Blockchain Partner n’avait alors pas de développeur front et souhaitait en recruter un.

Je vous passe les détails, mais je suis ressorti de cet entretien avec le sourire et une patate d’enfer ! J’avais été merveilleusement accueilli, le courant était très bien passé, bref, quelque chose me laissait penser que j’allais pouvoir mettre mes galères professionnelles actuelles au placard et démarrer au plus vite une nouvelle aventure qui allait être son total opposé.

Libéré, délivré !

Après quelques jours, Fabien, m’appelait.

Si tu veux toujours nous rejoindre, tu es le bienvenu !

Et comment que je l’étais ! Il ne me restait plus qu’à annoncer à l’entreprise actuelle que je partais et le tour était joué, l’avantage du stage ! À peine parti, je rejoignais donc une nouvelle entreprise. C’était un véritable reboot et il ne fallait pas que les choses se passent mal de nouveau.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. Contrairement à l’entreprise précédente où la vie n’était faite dans la pratique que de résolutions de bugs en solo, j’ai goûté chez Blockchain Partner à la création de 3 projets en équipe en l’espace… d’un mois seulement ! Sans compter tous les mini-projets parallèles qui m’ont permis de briser la “routine” du code l’espace de quelques heures, quelques jours par semaine, comme la création de cartes de visite, de brochures, de logos (ma formation de 3 ans à l’Institut d’Études Supérieures des Arts m’a permis d’ajouter de solides cordes à mon arc)…

Au-delà du travail pur et donc des tâches confiées, une donnée primordiale pour moi est la satisfaction à me rendre sur place tous les jours. Cette satisfaction passe donc irrémédiablement par les humains qui composent l’entreprise. Et ce que je peux affirmer, c’est que dans ma nouvelle boîte de stage, il fait bon vivre, au point d’avoir rendu envieuses plusieurs personnes de mon entourage !

Après donc un mois de collaboration, je voulais de nouveau faire un point avec mes nouveaux collègues. C’était moi qui ouvrait le bal. Fini le stress, l’impression de ne pas évoluer, la solitude… tout était différent et je leur faisais savoir. Et cette fois-ci, la réponse de mon employeur était celle escomptée, positive et encourageante pour la suite. Une proposition de CDI m’avait même été faite, à peine voilée.

Est-ce que tu as prévu quelque chose après ton stage ?

J’avais eu quelques propositions extérieures, mais mon cœur balançait clairement pour Blockchain Partner. Cependant, il était trop tôt pour me décider officiellement après 1 mois et ce n’était pas non plus ce que l’équipe attendait. Nous avons donc prévu de nous revoir 2 mois après, pour faire le bilan.

Après ce rendez-vous, je continuais donc à me familiariser avec mon équipe, je m’attachais aux personnes qui la constituent, créais de nouvelles choses et bien entendu, je continuais d’apprendre.

Quelques semaines après, nous avons fait un autre bilan, de fin de stage celui-ci, en compagnie Claire, la CEO de BcP, Clément, Co-fondateur et directeur ICO & contenus et Maxime, mon maître de stage et Lead Blockchain Developer . Toujours aussi positif que le premier, ce nouveau rendez-vous s’est soldé par une proposition officielle de CDI. Ma réponse a été immédiate tant elle était évidente : oui !

Toutes les conditions étaient réunies : une équipe qui dépote aussi bien sur le plan professionnel qu’humain, des conditions de travail rêvées, de la diversité dans les tâches confiées… j’étais dans mon élément et je me voyais clairement y rester !

Alors cette reconversion, elle valait le coup ?

Elle a mérité un peu de réflexion avant d’entreprendre les démarches nécessaires, elle a pris du temps (bien que pas tant que ça au final : 11 mois), a engendré quelques concession (m’éloigner de ma copine et de mon fils pour 5 mois, vivre code de 8h à 23h30 autant de temps), elle a été ponctuée d’une très mauvaise expérience, mais clairement, oui, elle valait le coup.

Il y a à peu près un an, j’étais responsable de service client, ayant démarré 5 ans plus tôt en tant que modérateur de contenu. J’avais gravi les échelons, j’aimais mon métier, mais j’avais la nette impression d’être arrivé au max de ce que pouvait m’offrir ce poste et qu’à part changer d’entreprise pour manager plus de personnes, l’avenir serait le même pour encore très longtemps.

Vivre de ce qu’on aime faire est un luxe, qu’il s’agisse de développement web ou de toute autre activité. J’ai eu le privilège de changer de route avant qu’il ne soit trop tard et j’ai tellement de motivation et d’amour pour ce que je fais que je n’ai pas l’impression de travailler.

Mon p’tit mot à ceux qui souhaitent se lancer

Lancez-vous !

Si vous êtes arrivés jusqu’ici, il y a quelques chances que vous soyez dans la situation dans laquelle j’étais : un travail qui vous plaît en poche, mais qui ne vous fait pas rêver. Dans ce cas-là, je ne peux vous conseiller qu’une seule chose : foncez !

Ça ne sera pas forcément rose tous les jours, ça demandera énormément de travail et probablement des concessions, mais le jeu en vaudra la chandelle. Que cette reconversion prenne quelques mois ou quelques années, qu’est-ce que ce temps à l’échelle d’une carrière professionnelle ? Dans mon entourage, d’autres personnes ont tenté l’aventure et la majorité si ce n’est la totalité n’est pas déçue du choix qu’elle a fait. D’autres, très talentueux dans leur domaine mais qui s’ennuient à mourir à leur poste hésitent encore. La peur de quitter une position stable, une entreprise qu’ils aiment, leur routine effrayante mais sécurisante les bloquent. Mais une fois le pas franchi, aucun regret ne viendra ternir votre décision !

Big up !

Il m’est impossible de conclure cet article qui vient ponctuer la fin de cette reconversion sans remercier les personnes qui ont compté pour moi durant cette dernière année. Famille, anciens élèves, anciens et nouveaux collègues… je sais que vous arriverez jusqu’à ces lignes (enfin j’espère !), l’occasion pour moi de vous passer un petit message.

Tout d’abord bien évidemment, Sylvie : merci de m’avoir poussé à partir de la maison pendant ces 5 mois, pour m’immerger totalement dans l’apprentissage. Sans ton approbation, ma démarche n’était pas réalisable.

Papa et Maman : merci pour votre accueil le temps de cette formation, votre écoute et vos encouragements. Sans vous, cette reconversion était tout simplement impossible !

Maxime Cornuau, merci pour l’énorme taff que tu as fait pour nous à l’école, les personnes que tu nous as fait rencontrer, ta disponibilité pendant et après la formation.

Julien et JB, merci pour vos cours plus que précieux et votre disponibilité tout au long de ces 5 mois. Blagues incompréhensibles, algos… incompréhensibles également :D !

AngéliqueJehanThierry et Manu : je suis ravi de vous avoir rencontré, d’avoir évolué avec vous, d’avoir développé plusieurs projets et d’avoir gagné des prix de hackathons avec vous ! Tout ça sans parler des fous rires très réguliers. Vous êtes des personnes pleines de talent et fort est à parier que de très beaux projets ne se feront pas sans vous. Mon seul regret : ne plus vous voir tous les jours !

Valentin et Adrien : merci de m’avoir encouragé à aller dans la voie que j’ai choisi. Merci pour vos conseils et votre aide quand j’en ai eu besoin.

Toute l’équipe de Blockchain Partner : merci à tous, à commencer par Clément pour m’avoir contacté, tous les associés pour m’avoir fait confiance, Fabien, Adrien et Maxime pour avoir toujours été disponibles sur le plan développement pur et Chloé pour tes beaux projets, ta bonne humeur et ta patate quotidienne. Bosser avec vous tous est un pur plaisir.

Billet initialement publié sur Medium.

Le contributeur :

Philippe Pinceloup est développeur front chez Blockchain Partner. Après 5 ans dans le service client en tant qu’agent puis manager, il a décidé d’effectuer une reconversion professionnelle pour faire de sa passion son métier : le développement web. Il partage régulièrement ce qu’il apprend et ses trouvailles sur son compte Twitter.

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