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Paris, future reine des Civic Tech?

Après la Halle Freyssinet, Le Cargo, deux paquebots de l'incubation prévus pour 2016-2017… et si Paris se dotait d'une nouvelle structure à start-up, dédiée au Civic Tech? C'est l'idée, inspirée du Civic Hall de New York, dont s'est saisie la maire Anne Hidalgo. Dans le JDD, la Maire de Paris prévoit l'ouverture de ce nouvel incubateur citoyen «de plus de 1 000 m2», et «au centre de Paris». Alors que ce sont donc déjà plus de 2 000 start-up qui doivent être accueillies dans les deux structures phares que soutient la Ville, le Civic Hall de Paris devra, lui, héberger les projets qui visent à réinventer la démocratie.

«Le Civic Hall parisien sera un lieu d'innovation, de débat et de diffusion très puissant, connecté à la population », détaille la Maire au JDD.

Sur le modèle de la Big Apple qui possède son Civic Hall sur la 5ème Avenue (dans le Top 5 des artères les plus chères, avec l'avenue Montaigne), Paris veut son incubateur citoyen au coeur de la capitale. A noter que contrairement à la plupart des incubateurs ouverts par la Ville de Paris (Paris Musique, Le Tremplin, D. Incubator, MacDonald, Paris Design, Paris Innovation Réunion…) qui ont été ouverts en périphérie du centre, cet espace doit, lui, être directement relié aux réseaux économiques et politiques.

Quel ROI?

Côté financement de cet espace, la Ville prévoit le modèle du partenariat public-privé, précise le journal, ouvrant la porte au soutien d'un Google, Microsoft, ou Cisco comme par le passé pour d'autres incubateurs. Un choix qui rompt avec l'actualité, quelques jours après la perquisition menée au sein du bureau France de Google, dans le cadre de l'enquête pour fraude fiscale. 

On peut faire des partenariats et continuer à rester très critique sur la faculté des ces entreprises à payer l'impôt. Cela n'empêche pas de tenir un langage de vérité avec eux. Il faut faire de Paris une ville leader, un laboratoire particulier sur le sujet», explique à Frenchweb Benoît Thieulin, l'ex-président du CNNum.

L'apport de ces groupes sera d'autant plus symbolique que les modèles économiques des Civic Tech sont loin d'avoir fait leurs preuves. Aux États-Unis, la start-up Open Gov, valorisée plus de 100 millions de dollars en 2015, reste l'exception. «Ca a du sens pour la Ville de Paris de soutenir un secteur nouveau, plutôt que d'essayer d'aller concurrencer des secteurs où il y a déjà beaucoup d'acteurs privés et de vrais business modèles», constate de son côté Clara Deletraz, cofondatrice de la French Tech au cabinet de Fleur Pellerin. «La Ville en a fait beaucoup déjà. Mais là où les Civic Tech n'ont pas vraiment de modèle, cela a donc du sens qu'ils soient soutenus par la puissance publique. Le projet va générer des externalités positives», ajoute-t-elle.

«Il faut accepter de distribuer le pouvoir»

Le secteur public comme carburant pour réinventer la démocratie, mais l'engouement sera-t-il suffisant pour réellement renouveler l'offre politique, tant au niveau local que national? Sur Paris, seuls 7% des répondants déclarent avoir participé à des concertations en ligne organisées par des administrations publiques, (à l’image du budget participatif de la ville de Paris) comme le révélait une étude du think tank Renaissance Numérique. «Parmi ceux qui considèrent que les pétitions en ligne ne sont en aucun cas prises en considération avec les élus, les jeunes (15-34 ans), les Parisiens et la catégorie sociale « inactifs » sont les plus représentés», montrait-elle également.

Or, les attentes sont fortes. Plus d'un Français sur deux (53%) attendent en priorité des pouvoirs publics qu’ils développent des services administratifs en ligne (impôts, passeports, etc.), et qu’ils soient plus transparents concernant les budgets administratifs, d'après ce même sondage. 

«Il doit y avoir une vraie volonté politique derrière. En même temps que l'ouverture d'un incubateur, il faut aussi accepter une gouvernance partagée, de distribuer son pouvoir, de décentraliser», observe Camille Vaziaga, la déléguée générale à Renaissance Numérique. «D'autres questions vont aussi immanquablement se poser, comme de savoir comment l'État construit ses propres outils numériques, à qui vont appartenir ces infrastructures créées par les start-up, et comment on s'associe avec des acteurs privés (ou public), tout en gardant la main», conclut-elle. 

 

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