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Licornes françaises: où sont les femmes?

AFP / par Tom KERKOUR

Nicolas, Cyril, Alexandre… Dans la liste des fondateurs de licornes françaises, les prénoms de femmes manquent à l’appel.

Sur ces 26 sociétés, une seule, Vestiaire Collective, a été fondée par un groupe mixte. Derrière ce bilan, se cache une forte inégalité entre hommes et femmes entrepreneurs dans l’accès aux fonds pour développer leurs projets.

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Cette absence des femmes, Agnès Pannier-Runacher la constate amèrement. « Je regrette qu’à ce jour les femmes soient très minoritaires au sein de ces nouvelles entreprises, qui constituent un pan économique structurant pour l’avenir », déplore la ministre déléguée chargée de l’Industrie auprès de l’AFP.

Pour atteindre le total du milliard de dollars de valorisation et décrocher le titre de licorne, une étape est indispensable: la levée de fonds. Et c’est là que le bât blesse, entrepreneurs et entrepreneuses n’étant pas égaux dans ce processus.

Un baromètre publié en mai 2021 par le collectif d’entrepreneuses Sista, le Conseil national du numérique et le Boston Consulting Group (BCG) dresse un tableau sombre en la matière. Tous types de montants confondus, seuls 3% des fonds levés en 2020 l’ont été par des équipes totalement féminines. Plus le montant est élevé, moins ces équipes sont présentes: les entrepreneuses ne représentent que 2% des projets entre 15 et 50 millions d’euros; au-delà de 50 millions, elles disparaissent.

Une fois le cap des 100 millions franchi, les projets mixtes sont eux aussi absents et 100% des fonds sont récupérés par des équipes totalement masculines. « L’accès au financement est pourtant indispensable quand on veut créer des leaders dans nos filières », appuie Céline Lazorthes, fondatrice de Litchee, cofondatrice de la start-up Résilience et membre fondatrice de Sista.

– « Qui va s’occuper des enfants ? » –

Derrière ces statistiques se cachent des situations souvent similaires, avec des questions sur la maternité ou le rôle d’épouse qui reviennent presque tout le temps dans la dizaine de témoignages recueillis par l’AFP.

« Un fond d’investissement m’a demandé des détails sur mes enfants, qui s’en occupait, des choses qu’on n’aurait jamais demandées à un homme », regrette Julie Boucon, cofondatrice de l’application Holy Owly. « Ils ont fini par refuser d’investir chez nous car nos maris n’avaient pas encore injecté de fonds ».

Du côté des investisseurs, si certains admettent une « triste situation », ils soulignent aussi que « les entrepreneuses ont tendance à davantage porter des projets de sociétés en B2C » (« business to consumer », c’est-à-dire tournés vers les consommateurs). Or, selon ces investisseurs, de tels projets génèrent moins de croissance que les projets « B2B », c’est-à-dire entre professionnels.

« La France n’a pas un marché national suffisamment grand pour atteindre des sociétés de taille extraordinaire » en B2C, tempère Pauline Roux de la société d’investissement Elaia Partners.

Pour lutter contre ces inégalités, une cinquantaine d’investisseurs – des fonds mais aussi Bpifrance, la banque publique d’investissement – se sont engagés en 2019 à financer 25% de start-up fondées ou cofondées par des femmes d’ici 2025. Un accord poussé entre autres par le collectif Sista et le Conseil national du numérique.

Autre mouvement engagé pour remédier à ce problème, la mise en avant de modèles féminins de réussite. « Au moment de ma prise de poste, on m’a beaucoup demandé si j’étais choisie parce que j’étais une femme », confie Clara Chappaz, grande patronne de la mission French Tech. « On espère régler des problèmes
d’autocensure avec des +role models+ comme Maya Noël à la tête de France Digitale ou Roxanne Varza à Station F ».

En plus de « l’impératif moral » d’une French Tech plus féminine, le secrétaire d’État au Numérique Cédric O appelle à une transition pour « une question de performance économique » : « Plus les équipes sont diverses et
plurielles, plus elles sont solides sur le long terme », a-t-il dit à l’AFP.

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