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Uber revient à la charge sur le covoiturage

Uber reprend position sur le terrain du covoiturage avec le lancement de Route Share, une offre ciblée sur les trajets domicile-travail, structurée autour d’itinéraires fixes et d’un modèle tarifaire à bas coût. Disponible dans un premier temps aux États-Unis, le service marque un glissement stratégique vers une logique de transport partagé plus encadrée, potentiellement transposable aux grandes métropoles européennes.

Concrètement, Route Share propose des trajets jusqu’à 50 % moins chers que ceux d’un UberX, mais avec des contraintes, comme une disponibilité restreinte aux heures de pointe en semaine, des départs toutes les 20 minutes,  et le partage du véhicule avec deux autres passagers. L’offre est actuellement testée à New York, Chicago, San Francisco, Boston ou encore Dallas.

Pour Uber, l’objectif est double, à la fois répondre à la sensibilité croissante des usagers au prix, dans un contexte d’inflation durable, et également stabiliser une base d’utilisateurs réguliers. Les trajets pendulaires représentent aujourd’hui près de 30 % de l’activité mondiale de la plateforme. À ces fins, Uber lance également un pass de verrouillage tarifaire permettant de figer les prix sur des itinéraires récurrents, avec des remises allant jusqu’à 20 % pour les usagers qui préachètent leurs trajets.

Un modèle plus proche de la navette que du covoiturage spontané

Route Share ne reproduit pas le modèle historique du covoiturage entre particuliers. Il s’agit d’un système hybride, à mi-chemin entre la course à la demande et le transport public. Les itinéraires sont prédéterminés, les horaires cadencés, la réservation encadrée. Cette approche vise une meilleure optimisation opérationnelle dans les zones à forte densité, tout en maintenant la souplesse du modèle Uber (voitures individuelles, conducteurs indépendants).

Cette logique pourrait convenir à plusieurs métropoles européennes, où la congestion, la pression environnementale et les contraintes budgétaires des usagers favorisent la montée de solutions mutualisées. Uber ne confirme pour l’instant aucun calendrier de lancement en Europe, mais la compatibilité du modèle avec les enjeux urbains du Vieux Continent est manifeste.

Une pression sur BlaBlaCar et les plateformes locales?

Le retour d’Uber sur le segment du transport partagé ne vise pas directement l’offre de covoiturage longue distance de BlaBlaCar, mais renforce la pression concurrentielle sur les acteurs de niche positionnés sur le covoiturage urbain, comme Klaxit (racheté par BlaBlaCar), Karos ou Mobicoop.

Ces plateformes, souvent adossées à des partenariats publics ou à des dispositifs d’incitation employeur, pourraient voir leur modèle fragilisé si Uber parvient à intégrer Route Share dans les dispositifs de mobilité subventionnée. C’est l’un des objectifs affichés par l’entreprise, qui cherche à faire reconnaître ce service comme éligible aux « commuter benefits » aux États-Unis.

Plus largement, la perspective annoncée par Uber d’un transfert progressif de ces trajets vers des véhicules autonomes, notamment les vans électriques ID Buzz de Volkswagen attendus à Los Angeles en 2026, installe une concurrence de fond autour de la maîtrise des flux urbains partagés à grande échelle.

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