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Les fonds d’investissement de Defense Tech en Europe

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Longtemps absents du paysage européen du capital-risque, les fonds spécialisés dans la défense et les technologies duales se multiplient comme des petits pains. En moins de cinq ans, une génération de VCs a émergé aux marges des hubs traditionnels, portée par un alignement inédit de facteurs géopolitiques, institutionnels et financiers.

En juin 2023, l’OTAN lançait son NATO Innovation Fund (NIF), doté d’un milliard d’euros, sa création fait figure de point clé dans le développement du secteur. Ce véhicule, inédit par son positionnement, vise à financer des technologies d’intérêt stratégique, tant civiles que militaires, dans les domaines de l’IA, du quantique, de la robotique, du spatial ou de la cybersécurité. Une trentaine d’investissements directs sont prévus, mais la portée réelle du NIF s’exprime surtout par son rôle de Limited Partner avec sept fonds européens en ont déjà bénéficié.

Cette dynamique a eu un effet d’entraînement rapide. En 2024 et 2025, pas moins de sept nouveaux fonds spécialisés ont vu le jour, de Tallinn à Lisbonne. Un chiffre exceptionnel dans un climat général marqué par la prudence des LPs et la rareté des first-time funds. Si certains de ces VCs assument leur positionnement « défense », d’autres préfèrent parler de « technologies critiques », « souveraines » ou « dual-use », le langage reste un marqueur, dans un domaine encore sensible.

Une géographie de la périphérie

La cartographie de ces fonds révèle un trait saillant, le centre de gravité s’éloigne des places fortes traditionnelles. Ce ne sont pas Berlin, Paris ou Stockholm qui concentrent la majorité des véhicules, mais des capitales de flanc est (Vilnius, Varsovie, Kiev), des écosystèmes émergents (Tallinn, Liège, Lisbonne) ou des hubs interstitiels comme La Haye.

L’exemple de la Lituanie est emblématique, deux fonds y sont déjà actifs : ScaleWolf, créé en 2022, et BSV Ventures, soutenu par le NIF. À Vilnius, l’expérience du voisinage russe et le développement d’une base industrielle duale (cyber, drones, satellite) ont accéléré la prise de conscience stratégique. Même phénomène à Madrid, où le fonds 201 Ventures, également lié à l’OTAN, affiche pour thèse d’accompagner les startups répondant aux besoins des armées européennes dans un cadre transfrontalier.

Une réponse à l’impasse ESG

Le retour de la défense dans les grilles d’analyse du capital-risque pose aussi la question des critères extra-financiers. Les règles ESG classiques (Environnement, Social, Gouvernance) ont longtemps exclu la défense au nom de principes hérités de la finance responsable. Un non-sens pour plusieurs acteurs publics, qui voient dans la résilience technologique et la sécurité des États un nouvel impératif éthique.

La Commission européenne et le Fonds européen d’investissement (FEI) ont commencé à infléchir leur position. En 2024, le FEI a annoncé un mandat spécifique de 175 millions d’euros pour des fonds investissant dans les technologies de défense, tout en encourageant une redéfinition des critères ESG pour inclure un pilier « D » pour Défense, une évolution encore discrète, mais structurante.

Un effet d’alignement stratégique

Cette vague de fonds spécialisés ne s’inscrit pas seulement dans une logique financière. Elle reflète une redéfinition des priorités industrielles en Europe. Après avoir longtemps externalisé ses capacités critiques, le continent s’efforce de reconstruire des chaînes de valeur dans l’armement, l’électronique, l’énergie ou le cloud souverain. Les VCs jouent ici un rôle d’amorçage, mais posent aussi la question du passage à l’échelle, qui financera les séries B et C ? Qui soutiendra l’industrialisation ? La réponse reste ouverte, mais plusieurs initiatives émergent, notamment du côté des family offices industriels et des fonds souverains. Un point qui pourrait s’avérer critique s’il n’est pas rapidement adressé.

Après avoir été largement en retrait, la Banque publique d’investissement (BPI) s’apprête à lancer le fonds Bpifrance Défense qui permettra aux particuliers d’investir dans des entreprises non cotées dont l’activité sert les enjeux liés à la souveraineté nationale en matière de défense. Ce fonds ambitionne de se doter de 450 millions d’euros

Autre initiative en ce sens, la BPI réouvre les portes du Fonds Innovation Défense avec une levée de fonds auprès d’Allianz France et MBDA, portant ainsi la taille du fonds à 275 millions d’euros.  En complément des souscripteurs privés, Bpifrance et la Caisse des Dépôts vont abonder le fonds, qui vise désormais une taille cible de 300 millions d’euros.

Fin mars 2025, le ministère de la Défense et Bercy mobilisaient l’ensemble des investisseurs français pour financer les 4500 entreprises de la défense avec pour objectif de débloquer un total de 5 milliards de financements pour le secteur.

Une Watchlist en expansion

La liste ci-dessous rassemble une série de fonds identifiés comme étant actifs, en Europe, dans le financement de la défense ou des technologies duales. (Pour compléter cette liste, n’hésitez pas à nous indiquer des fonds actifs non référencés à redaction@frenchweb.fr)

2025–2024

2023–2022

2021–2020

2019–2018

2017–2016

2015–2014

2013

 

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