
Processeur photonique, Arago lève 24 millions d’euros pour repenser le calcul IA
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Depuis plus d’une décennie, le GPU domine le paysage du calcul intensif. Des milliers de modèles d’intelligence artificielle, du plus simple classifieur jusqu’aux systèmes multimodaux génératifs, ont été entraînés sur ces architectures massivement parallèles. Pourtant, à mesure que la demande de puissance explose, les limites physiques de ces puces deviennent de plus en plus contraignantes. C’est dans ce contexte qu’émerge le calcul multiphysique, à la croisée de l’électronique et de la photonique.
Le principe est d’exploiter simultanément plusieurs supports physiques pour traiter l’information, et non plus uniquement des électrons. La lumière, transportée par des photons, devient alors un vecteur de calcul à part entière. L’objectif est de gagner en efficacité énergétique, en densité de calcul, et en capacité de scalabilité industrielle.
De la transmission au traitement
La photonique a déjà conquis le terrain des interconnexions. Les fibres optiques gèrent la transmission des données entre serveurs, racks, ou datacenters. Mais ce qui se joue aujourd’hui, c’est le passage de la lumière comme canal à la lumière comme média de traitement.
C’est là qu’intervient le paradigme du multiphysique. Plutôt que d’opposer électronique et photonique, il s’agit de les intégrer dans une architecture hybride. Cette approche permet de profiter du meilleur des deux mondes, à savoir la maturité industrielle du CMOS et l’efficacité du calcul optique.
Échapper à l’obsolescence programmée des puces IA
Les grands acteurs du numérique investissent des centaines de milliards de dollars dans des ASICs spécialisés, optimisés pour des modèles ou frameworks précis. Mais ces architectures évoluent plus vite que les cycles de développement matériel. Résultat, des puces sont obsolètes avant même leur commercialisation.
Le calcul multiphysique, en se concentrant sur le traitement générique (et universel) des matrices, ambitionne de contourner cette instabilité structurelle. Il devient ainsi possible d’exécuter des modèles variés (transformers, MoE, LLMs) avec un backend matériel stable, compatible avec les standards logiciels (PyTorch, TensorFlow) et avec les chaînes de fabrication traditionnelles.
C’est précisément ce créneau qu’explore la startup française Arago, fondée début 2024 à Paris. Sa technologie repose sur une architecture photonico-électronique, prête à être industrialisée. Après neuf mois d’existence, la startup lève 24 millions d’euros en seed pour accélérer son développement.
Arago a été fondée par Nicolas Muller (CEO), Ambroise Müller (CSO) et Eliott Sarrey (CTO). Installée à Arcueil, son équipe de douze personnes est répartie entre la France, Israël et l’Amérique du Nord.
Le tour de financement a été co-dirigé par Earlybird Venture Capital, Protagonist et Visionaries Tomorrow, avec la participation de C4 Ventures, Acequia Capital, GenerativeIQ, et des business angels stratégiques tels que Bertrand Serlet (ex-Apple), Olivier Pomel (Datadog), Thomas Wolf (Hugging Face), Christophe Frey (Arm), David Fattal, Jean-Laurent Philippe, et Pierre Boudier.