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Free et Bouygues en embuscade sur SFR, mais à quel prix ?

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La décision de la cour d’appel de Paris, rejetant le recours des syndicats contre le plan de sauvegarde accélérée d’Altice France, a levé hier le dernier obstacle juridique et Patrick Drahi peut désormais finaliser, au 1er octobre, la restructuration de la dette de SFR. Celle-ci passera de 24 à 15,5 milliards d’euros, en échange d’une entrée des créanciers américains BlackRock, Pimco et Fidelity à hauteur de 45 % du capital. Si Patrick Drahi conserve la majorité, l’opération ouvre la voie à une cession de l’opérateur très attendue par les principaux acteurs du marché.

Avec 25 millions de clients et des infrastructures clés, SFR représente une véritable aubaine de croissance pour ses concurrents. Ainsi les discussions entre Orange, Bouygues Telecom et Free seraient engagées en coulisses depuis des mois, avec en toile de fond l’hypothèse d’un retour à trois acteurs en France. Mais les contraintes de concurrence limitent la capacité d’Orange à reprendre une part significative de l’opérateur, ce sont donc Free et Bouygues qui apparaissent comme les véritables prétendants.

Toutefois ces échanges feraient l’objet de nombreuses tensions, avec au centre des convoitises, RED by SFR, la marque low cost dont SFR réclamerait 4 milliards d’euros, un montant jugé excessif par Xavier Niel, qui souhaite récupérer uniquement la base abonnée et que bouygues ne compte pas lui laisser. Autre point de blocage, le partage des 15 000 antennes exploitées en commun par Bouygues et SFR depuis 2014, Bouygues refusant d’en assumer seul les coûts. Du coté des fréquences mobiles les crispations sont également importantes, Orange tenant à conserver son avance sur ses concurrents. Enfin, la valorisation complique encore le dossier. Si l’accord de restructuration fixe la valeur de SFR à 26 milliards d’euros, J.P. Morgan l’estimait plutôt à 20 milliards en mai dernier. Free et Bouygues, intéressés mais prudents, refusent de payer au prix fort un actif dont les performances opérationnelles sont fragiles.

Conscient de la situation et des rivalités entre opérateurs, Patrick Drahi se serait personnellement impliqué dans les discussions et aurait fait le point avec chacun des protagonistes, en vue d’une médiation destinée à rapprocher des positions encore éloignées, tant les appétits et les lignes rouges divergent.

S’il conserve la main sur le calendrier et tente d’orchestrer une sortie ordonnée, le rapport de force est délicat, exiger trop risquerait de faire exploser les discussions entre Free et Bouygues, dont les relations sont historiquement difficiles, accepter moins fragiliserait ses accords avec les créanciers. Dans ce jeu d’équilibre, c’est non seulement la reconfiguration du marché télécom français qui est en jeu, mais aussi l’avenir de SFR et celui de ses 8 000 salariés.

 

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